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Publié le 22 septembre 2008 Mis à jour le 22 septembre 2008

Rapid learning, vous avez dit Rapid Learning ? (2008)

les outils de rapid learning focalisent l'attention du concepteur sur les technologies employées plus que sur les mécanismes d'apprentissage

Collaboration spéciale

Rapid Learning

L’expression est à la mode, on la retrouve dans la bouche de certains responsables formations et surtout de certains éditeurs. Étonnante formule.

Je clique sur le lien «formation Rapid Learning » et je lis : «Pourquoi les entreprises veulent concevoir leurs contenus ( Problématiques : temps, coûts, ressources), acteurs et méthodologie, outils catégorisés, Outils actuellement utilisés, état des besoins (en outillage ?) et perspective». A première vue, «Rapid Learning» est donc une méthode et des outils pour produire des contenus pédagogiques multimédia, promue par un « professionnel du elearning » (éditeur ?) Ce positionnement m’intrigue. Au delà des mots, qu’est ce cela peut vraiment vouloir dire ?

Apprentissage rapide ?

«Rapid learning» en traduction littérale, c’est «apprentissage rapide». Méfiance. Dans mes (certes lointaines) années d’étudiante, quand on dit «j’ai rapidement appris» ou «rapidement lu ce cours», cela n’est jamais synonyme de «je suis vraiment opérationnel sur ce sujet». Transposé dans le monde de l’entreprise, il semble étonnant économiquement d’investir dans des solutions pour « apprendre rapidement » ou survoler un sujet, si peu chères soient-elles.

Les éditeurs utilisant cette expression n’ont certainement pas voulu de ce petit côté « dilettante sur la baquette du café du coin » qui transparaît dans cette expression. Ils se qualifient eux mêmes de « professionnels » : on ne peut donc les suspecter de vouloir vendre des solutions qui permettent de survoler un sujet sans apprendre réellement. L’expression n’est donc probablement pas à prendre littéralement.

Apprentissage efficace ?

«Rapid learning» est donc sans doute une forme simplifiée pour dire « apprendre rapidement c’est à dire efficacement», apprendre bien et en peu de temps. Ce qui aurait donné en anglais : «rapid but efficient learning». Mais cela pose plusieurs problèmes :

  • les outils présentés comme étant du Rapid learning sont essentiellement des outils auteurs, c’est à dire des outils permettant une mise en forme multimédia. Comment un outil travaillant sur la forme, le support, peut il garantir l’efficacité du fond ? Je pensais (innocemment sans doute) que des outils auteurs, si bons soient-ils, ne font pas le succès d’une formation. Une formation powerpoint est-elle plus efficace car le support est plus moderne qu’une formation orale par un professionnel ? Cela dépend toujours de la façon dont on le dit.  
  • l’efficacité, ça se mesure. Donc le cours doit réellement faire apprendre et son effet doit être mesurable. Ce qui implique, au départ, la conception des objectifs pédagogiques concrets. Nous savons que ces projets sont réalisables et un certain nombre d’entre eux ont bien été réalisés, les e-formations sont des succès connus. Or, les outils proposés en rapid learning ne sont pas conçus pour mesurer quoi que ce soit. Ni pour suivre une progression. Ce qui est logique : les éditeurs pensent peut-être que, grâce à leurs outils, la formation est 100% efficace, ils garantissent 100% de réussite au bout, pas la peine de mesurer.

Ce qui explique la réticence à utiliser le mot «efficacité». Elle coule de source, sans doute. Mais je suis mauvaise langue : sans doute les vendeurs et les utilisateurs de ces outils savent-ils fort bien que les cours « rapid-produits » seront insérés dans un dispositif général.

Teaching ou Learning ?

Autre hypothèse : les français à l’origine de l’expression confondent peut-être tout simplement «learning» (apprendre, côté personne formée) et «teaching» (enseigner, méthode du formateur). L’expression signifierait donc «enseignement rapide ».

Tout de suite, l’étudiant pessimiste un rien contestataire imagine la mise en place de méthodes type «bourrage de crane», d’autres penseront à des méthodes pédagogiques basées par exemples sur des procédés mnémotechniques performants.

Plus intéressant encore, à une sorte de «méthode Assimil», applicables sur tout type de contenu, ou une méthode pour granulariser les contenus et faire du « juste assez - juste à temps ». Des sociétés proposent ces prestations : après une bonne réflexion amont, les cours sont conçus par grains selon des objectifs concrêts d’apprentissage. Effectivement, la formation est alors rapide et efficace. Mais on parle alors de méthodes et non d’outils. A moins que les outils puissent mettre en forme «automatiquement» ces méthodes pédagogiques, ce qui me semble impossible à première vue. Peut être les utilisateurs de ces outils pourraient-ils éclairer ma lanterne et m’expliquer comment ces outils facilitent la mise en place de méthodes déductives, cognitives, etc.

Rapide mise en forme ?

Mon opinion d’arpète (syn.: apprenti) de la e-formation : il s’agit ici d’une expression masque. On ne parle pas d’apprentissage mais de mise en format multimédia, mise en forme qui va être rendue rapide par l’utilisation de certains outils, vendus par les éditeurs à l’origine de l’expression «rapid learning».

Les outils de «rapid learning» permettent simplement une conversion rapide d’un format bureautique (type ppt) vers un format web/ flash. Ces supports de cours sont garantis «interactifs» c’est à dire que vous avez le droit de cliquer sur le bouton « suivant », d’avoir accès à un plan du cours, et parfois quelques liens hypertextes en sus et du son. Si on transpose en salle de classe, c’est comme si votre professeur en amphis déroulait son powerpoint. A la fin de chaque transparent, pour faire continuer l’exposé, vous devriez cliquer sur un bouton « suivant » sur votre pupitre pour faire reprendre le prof - amusant non ? Vous auriez également des QCM à remplir toutes les 15 minutes. Et comme chacun sait que le cours de fac est la méthode d’apprentissage la plus efficace, imaginez le summum que l’on atteint quand on la complète de quizz.

Sauf que ...Ré-enfonçons quelques portes ouvertes : un bon enseignant transmet un peu plus que le contenu de son transparent, un bon enseignant s’adapte au public alors qu’un produit figé ne peut pas le faire ... etc, etc. Donc la rapidité de la transformation en format multimédia ne doit pas faire oublier l’étape amont, celle de ré-écriture de ce même «cours» pour une lecture en ligne, avant «transformation ». Cette ré-écriture fait appel à des méthodes pédagogiques, à une réflexion sur les objectifs à atteindre via cette formation (le fameux : «être capable de faire quelque chose» par opposition à «avoir lu tel et tel chapitre») .

Si ce travail est fait, alors oui, les outils peuvent avoir une bonne rentabilité (coût / objectifs atteints) . Si au contraire les utilisateurs de «Rapid Transformation into elearning tools» font abstraction de cette réflexion amont, le elearning ou la eformation pourra garder longtemps l’image de « formation au rabais » qu’elle a parfois. La réflexion sur l’usage de ces outils n’est donc pas tant une rapide analyse de coûts, mais une réflexion mettant en balance le coût, l’efficacité de cours produits, l’existence de compétences internes pour assurer cette efficacité via la phase de conception.

Plus un produit de e-formation se veut expositif (support de référence) plus les outils de rapid learning sont adaptés. Mais dès que l’on veut travailler sur de l’acquisition de compétences, d’autres méthodes sont nécessaires. Dès que l’on fait appel à la réflexion, le concepteur va se trouver bloqué par ces outils.

Claire Fage, consultante chez eLearning Agency (2008).

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