Pourquoi apprend-t-on ?
Essentiellement pour en arriver à faire quelque chose, pour atteindre ou réaliser quelque chose. On peut toujours étudier pour passer le temps ou pour ne pas affronter le monde extérieur, mais celà ne mène pas très loin et de toutes façons correspond au but de «passer le temps» ou de «demeurer en sécurité».
Tant que la personne a des buts, elle reste en principe ouverte à apprendre.
Statistiquement, les travailleurs qui se forment le moins sont évidemment les moins qualifiés, ceux qui ont eu de la difficulté à l’étude et conséquemmenet ou initialement, ont le moins d’ouvertures de carrière, de possibilités de réussite, de raisons d’apprendre.
Étudier sans raison ?
Il est à peu près normal pour un jeune d’étudier sans raison ou avec seulement une idée plutôt vague et changeante.
Une étude sans but mène le plus souvent à... découvrir un but, une raison, une possibilité et de là le concept d’«apprentissage tout au long de la vie» peut prendre racine.
Les raisons et les buts ne sont pas tous de qualité égale, il y a assurément une hiéarchie des buts, du désespoir à l’enthousiasme, de la survie personnelle aux projets collectifs, de la crainte de l’ennui et de la solitude au plaisir de collaborer ou de construire.
Un but
Avez-vous déjà essayé d’enseigner quelque chose à une personne déprimée ? Si oui, vous savez alors que votre premier travail a été de la remotiver et de la remonter; autrement vous auriez perdu votre temps.
Enseigner à des personnes qui ont connu trop d’échecs est du même ordre. Leurs buts sont morts et rien ne se passera à moins de réhabiliter ceux-ci, les rendre à nouveau atteignables.
La majorité des gens sont ouverts à apprendre une langue ou une activité quelconque s’ils sont disponibles, mais la qualité de leur engagement est directement liée à la vigueur de leurs buts.
Ainsi on gagne à proposer des cours en faisant miroiter ce qu’ils permettent d’atteindre puisque cela renforce le but.
Je sais tout
Bien des travailleurs sont persuadés de la grande qualité de leur savoir et de leur expérience; ils sont parvenus au faîte de leur profession et leur assurance en témoigne.
Mais les seuls qui se maintiennent à cette position sont ceux qui demeurent ouverts, qui savent qu’ils ont toujours à apprendre. Les plus grands spécialistes demeurent humbles quant à l’étendue de leurs connaissances et demeurent à l’affut.
Pour les autres, et on parle d’une majorité, étant donné qu’ils ont fourni de gros efforts, qu’ils sont diplômés, qu’ils savent tout ce qui est nécessaire, que leur progression est plafonnée ou qu’ils sont parvenus, pour eux le but est atteint ou les possibilités de progrès sont nulles, alors leur ouverture à l’apprentissage devient minime. Il n’y a rien de plus à apprendre qui ne leur apparaisse nécessaire.
Pour ceux-ci, les efforts de promotion de la formation tourneront accessoirement vers les nouveautés et les changements qui s’annoncent. À défaut de proposer de nouveaux buts ou de réhabiliter ceux qu’ils avaient... «J’aurais voulu être un artiste...!».
Il n’y a pas que le travail !
La réalité professionnelle fait en sorte que toute pyramide a son sommet, ses élites et ses règles. L’intérêt du jeu peut s’user. Les buts et objectifs peuvent se transformer et la joie de les atteindre passer prioritairement dans la sphère non-professionnelle.
Apprendre une langue pour voyager ou un sport, un passe-temps, une fonction sociale bénévole, un rôle dans un projet personnel, familial ou de groupe sont des objectifs qu’il est possible de proposer à n’importe qui.
Ainsi le principe de promotion de base pour des cours demeure : Sous une forme ou une autre, on propose un but et ENSUITE une formation.
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