Rarement une civilisation a fait sien avec autant de constance l’amour des plantes. Les Arabes, puisque c’est d’eux qu’il s’agit, ont de tout temps cultivé leurs jardins avec un grand raffinement et un luxe inouï de précautions. Peuples de la géométrie et de l’abstraction, ils sont passés maîtres dans l’art d’agencer les fleurs en des arabesques d’une précieuse sophistication.
Mais ce savoir-faire est également présent dans les constructions des belles demeures et des riads, à l’origine des maisons-jardins aménagées à l’ombre des remparts. Des riads qui font actuellement la renommée des villes impériales marocaines, Fès et Marrakech notamment.
Or, ce qui ne laisse pas de surprendre est de voir comment les TIC contribuent fortement à cet engouement pour les anciennes médinas et leurs trésors architecturaux. Et comment le travail des artisans, art qui puise ses sources dans une gestuelle ancestrale, vit une nouvelle jeunesse sur la toile. Grâce à cette renaissance technologique, des habiletés millénaires attirent de plus en plus de jeunes et sont en passe d’être sauvegardées et enrichies !
Mais la vision de cette movida marocaine doit être plus globale pour que l’on en saisisse tous les enjeux. Avec la restitution d’espaces et de pratiques traditionnels c’est en réalité tout un art de vivre qui pourrait renaître. Un art de vivre qui fait la place belle à la culture et au savoir, dans le cadre de ce qu’on appelait jadis la formation de l’honnête homme.
Aujourd’hui, pour aider à cela, les projets se font précis et argumentés. Il s’agit de faire revivre des métiers en perdition, de réhabiliter des traditions culturelles oubliées ou des lieux en déshérence. L’objectif est de restaurer le lien social par le partage d’un patrimoine commun et, à bien des égards, universel !
Un exemple emblématique de cette volonté de se réapproprier l’espace culturel (ou de redéployer la culture dans son espace originel) nous est fourni par le Festival des musiques sacrées de Fès qui prend possession de Dar Al Maquina, à l’emplacement d’une fabrique d’armes italienne du XIXe siècle (tout un symbole !), au mois de juin de chaque année. La notoriété acquise en peu de temps par ce rendez-vous culturel à travers le monde tient bien sûr à la qualité des chanteurs et conférenciers qui s’y produisent mais aussi à l’esprit dans lequel il est organisé. Qui aujourd’hui mieux qu’Internet peut relayer et perpétuer cet esprit de coexistence et d’échange entre les cultures ?
A l’autre bout de la chaîne, les TIC permettent à de nombreux Marocains de faire part à travers les blogues de leurs passions et coups de coeur - bref de cultiver leurs jardins. «Je partage donc j’existe» semble être la pertinente maxime d’une planète des blogueurs ici en pleine expansion.
En définitive, à l’instar de bien d’autres régions du Monde, le Maroc espère réunir les ingrédients d’un futur, que chacun imagine différent de la guerre de civilisations larvée que nous vivons. Un futur qui s’apparenterait du coup à une belle et harmonieuse composition florale...
A bientôt.
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