À quand l’implantation d’Internet dans l’administration de la formation à distance?
Combien de fois n’éprouvez-vous pas de l’étonnement quand des transactions de routine, qui pourraient simplement être faites par courrier électronique, doivent encore passer par la poste ou par le fax simplement parce que «l’administration» de votre interlocuteur ne peut se passer de la signature et d’une copie papier ou que le «haut responsable» ne veut rien savoir de l’ordinateur pour son travail personnel?
Ce n’est qu’un frein, dites-vous. Mais lorsque ces irritants se transforment en aberrations, comme attendre un mois avant de recevoir une réponse simple -- à cause de conditions comme celles qui empêchent l’inscription en ligne des étudiants aux formations certifiées en raison des exigences «légales» de la certification (bulletins, résultats aux épreuves, etc.) et de la «protection» de la vie privée --, alors on devrait plutôt parler de bureaucratie inadaptée.
Dans ce dernier cas, en effet, les données sont déjà accessibles aux institutions accréditantes; un simple numéro d’autorisation leur permettrait d’opérer rapidement et efficacement...
Implanter efficacement Internet ne consiste pas seulement à répondre au courrier électronique en moins de 6 jours! Un des avantages d’Internet, c’est qu’il permet de jongler avec des choses complexes et de prendre des décisions rapidement : j’ai besoin d’une formation, je la trouve, je décide de commencer, je m’inscris, je paie et je commence... le jour même!
Si, en raison de freins administratifs ou organisationnels, nous perdons tous ces avantages -- par exemple, en imposant des délais de trois semaines entre la décision d’étudier et l’acceptation de l’inscription --, il n’y a alors aucune raison pour l’institution d’opérer par Internet. Et encore moins pour l’étudiant puisqu’il a toujours la possibilité d’aller chercher son cours ailleurs, là où on l’accepte rapidement.
Et ce n’est là qu’un type de frein administratif.
La mise en marché des cours implique que l’on tienne compte de l’usager et de ses modes d’opération. Si le client potentiel doit courir les prix, franchir un parcours à obstacles, attendre et attendre pour finalement devoir se contenter de moins, il ne viendra pas ou il ira ailleurs.
La mentalité administrative de l’ère industrielle qui s’est développée durant des décennies, où tout est contrôlé par des administrateurs et des conseils d’administration qui s’y sentent à l’aise, est parfois encore enseignée à l’université. Pourtant, cette mentalité constitue un frein réel aux véritables avantages d’Internet, particulièrement au niveau de l’administration des formations.
Attention. C’est justement par ce coté que la concurrence frappe de plus en plus durement. Et, une fois qu’une personne a investi dans une formation qu’elle a obtenue dans l’heure et qu’elle est occupée à la suivre, elle a moins de temps et d’argent pour suivre l’autre formation (celle qui lui demandait d’attendre...). Mais par dessus tout, cette personne n’est plus disponible.
La paperasserie est un piège. Aucune institution de formation à distance ne peut s’offrir le luxe de tomber dans ce piège, surtout dans le contexte actuel d’ouverture que permet Internet.
Très bientôt, tous les nouveaux diplômés, autant de niveau secondaire que de niveau post-secondaire, seront habitués à transiger via Internet. Pour eux, l’envoi d’une lettre à la poste relèvera de l’archaïsme. Et c’est là notre clientèle!
«Malgré le nombre de pays représentés (plus de 30) lors de la conférence (tenue à Washington les 14 et 15 janvier derniers) et les opinions politiques différentes, tous ont convenu qu’il sera impossible de profiter du maximum des avantages de la société de l’information, tant que le secteur public sera ralenti par la bureaucratie datant de l’ère industrielle.»
Source de la citation : The National Post, 16 janvier 1999
Denys Lamontagne
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