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Publié le 17 mars 2010 Mis à jour le 17 mars 2010

Un espace partagé de travail et de créativité, grâce à un site de réseau social

Mme Saïda AZZOUZ, enseignante de français en Tunisie, nous expose son expérience d’utilisation des réseaux sociaux dans les apprentissages, et les enseignements qu’elle a pu en tirer.

Quelle a été d'abord votre expérience personnelle d’utilisation des réseaux sociaux?

Au départ il y eut comme il se doit Facebook avec la recherche des amis perdus de vue, l'adhésion à des groupes, l'accès à des infos inédites, les échanges et  la diffusion de supports multimédias avec une facilité déconcertante pour moi qui ai vécu toutes les lenteurs de l'hébergement sur notre site institutionnel et les restrictions liées aux problèmes de sécurité informatique.

C'était une période de fascination à la suite de laquelle mon enthousiasme s'est émoussé : je me suis rendue compte que j'avais du mal à retrouver les anciennes informations, à cause du flot ininterrompu de nouvelles publications. Ensuite, j'ai été gênée par le côté "public" qu'avait pris ma vie :  tout le monde peut savoir qui je « fréquente », ce que je fais, etc. Ceci dit je suis toujours adepte de Facebook mais j'utilise par ailleurs le réseau social Ning qui me semble plus approprié notamment pour un usage professionnel.

Comment en êtes-vous venue à exploiter les réseaux sociaux pour les travaux de classe ?

Tous mes élèves ou presque ont un compte sur Facebook où ils passent une grande partie de leur temps à échanger loin du regard des adultes. J’ai pensé alors à exploiter ce réseau social pour mieux encadrer à distance mes élèves et les motiver afin qu’ils travaillent davantage leur français sans réellement sentir les pressions de la classe ni l’ennui. Je voulais  maintenir  le contact entre nous et instaurer un enseignement à distance pour la révision, la culture générale et la publication de projets multimédia.

Je leur ai proposé de créer un « Facebook tout neuf » avec moi seule comme amie commune de tous. A travers mon mur, ils peuvent avoir accès à tous les contenus publiés par leurs camarades. Leurs contacts ne sont que ceux qui figurent dans ma liste d’amis. Ainsi, il n’y a pas d’intrus.

Quelles sont les activités qui vous ont semblé les plus appropriées ?

Le contenu est surtout axé sur des sites en rapport avec les thèmes et les objectifs des modules d'apprentissage. Les élèves sont censés faire des exercices interactifs et se documenter sur cet espace. En outre, ils sont tenus d'y déposer leurs travaux multimédias. Certains élèves qui n’ont pas accès régulièrement à Internet ont le droit de me donner leurs projets en présentiel sur CD. J’ai, par ailleurs, essayé de faire participer mes anciens élèves qui passent cette année leur bac.

A noter par ailleurs l’implication d’autres collègues qui ont participé à faire de ce projet un outil efficace pour l’apprentissage du français. Nous travaillons en commun et tout est partagé entre nous. C’est une belle expérience : parfois je discute avec mes élèves, de temps en temps, je corrige leurs fautes. Nos rapports sont plus solides et un climat de complicité s’est installé entre nous. Mes élèves apprécient que je partage leur passion ! Je discute en parallèle  avec mes collègues  des projets ou des sites proposés.

Une dynamique de création s'est mise en place en dehors des contraintes de la classe et du programme au sens strict du terme : mes élèves écrivent des poèmes en rapport avec les thèmes et les textes étudiés en classe, élaborent des grilles de mots croisés qui rendent compte de la maîtrise du sens des mots rencontrés lors des séances de lecture, inventent leurs propres métaphores et  proverbes.

Quelles sont les limites de cette expérience ?

J’ai remarqué que leurs productions écrites et multimédias perdent de leur importance parce qu’à chaque nouvelle publication, les précédentes finissent par devenir anciennes, donc invisibles. J'ai rencontré également un problème de taille puisqu’on a été confrontés à un  piratage de compte Facebook et les contenus publiés contre notre gré ne sont pas des plus orthodoxes. J'ai pensé alors à nous trouver un nouvel espace de travail.

Comment pérenniser les productions et les échanges des apprenants ?

Comme je vous l'ai dit antérieurement, j'opte actuellement pour la communauté Ning où je peux publier les productions de mes élèves ainsi que les miennes. C’est  un espace créé et géré par les élèves, j’y suis membre comme eux, mais aussi administrateur comme celui qui l’a créé. Je peux intervenir pour corriger ou supprimer certaines publications. Ce cercle a surtout pour tâche de porter la voix des élèves au-delà de leur lycée, au-delà de leur pays pour lutter contre toutes les formes d’exclusion : la vieillesse, la retraite, l’enfance maltraitée, les enfants de la guerre, la pauvreté, le chômage, le racisme…tous les fléaux sociaux qui rendent la vie triste, morose et difficile... Cet espace a une caractéristique : on peut tous, élèves et professeurs, travailler sur la même page ou bien chacun peut créer sa propre page et travailler sur un thème précis.

Voilà j'espère que les élèves et moi pourrons tisser de véritables liens communautaires où les échanges horizontaux remplacent les clivages hiérarchiques qui entravaient parfois la créativité.


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