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Publié le 27 juillet 2009 Mis à jour le 27 juillet 2009
Les vacances constituent pour nombre d'entre nous l'occasion d'accumuler des moments rares, coupés du train-train quotidien. Que reste t-il de tout cela, une fois les vacances terminées ? Les photos, bien sûr. Et les récits des anecdotes qui y sont associés, pour partager avec les amis des moments si vite passés.
danah boyd (dont le nom s'écrit sans majuscules), membre du centre de recherche Microsoft de Nouvelle Angleterre, est une fine observatrice des usages des technologies numériques. Fait rare, elle ne se permet pas de juger ses contemporains; récemment, elle a par exemple analysé avec beaucoup de profondeur et de bienveillance les usages que font les jeunes des technologies (billet original ici , synthèse en français de Mario Asselin là ). La voici qui s'exprime, en plein coeur de l'été, sur les "pratiques obsessionnelles d'entregistrement et de partage de nos vacances" (obsessively recording and sharing our vacations). Là encore, sans lancer d'anathèmes contre qui que ce soit.
Car les pratiques d'enregistrement et de partage des souvenirs de vacances ne datent pas d'hier. Avant-hier même, lorsque les vacances étaient beaucoup moins répandues qu'aujourd'hui, les gens constituaient des albums photos pour fixer le souvenir des moments exceptionnels. Dans les armoires des familles dorment ces trésors, et d. boyd mentionne le plaisir que lui procure toujours l'album, annoté à la main, confectionné par son grand-père anglais dans les années 40, lors d'un unique voyage aux Etats-Unis.
Mais le processus d'enregistrement et de partage des souvenirs s'est accéléré aujourd'hui, évidemment grâce aux technologies numériques. d. boyd mentionne ainsi une dame qui disait se sentir nerveuse lors de ses premiers jours de vacances car, sans Internet, elle ne pouvait pas partager en temps réel avec ses contacts les belles choses qu'elle avait sous les yeux. Le premier grand changement est là : désormais, nous pouvons partager en temps réel les bons moments avec nos contacts en ligne. Vous faites peut-être partie de ces gens qui, plutôt que de profiter simplement du moment présent, s'empressent de les mettre en boîte, d'en faire un tweet ou une photo numérique immédiatement postée sur Facebook...
Deuxième grand changement, l'abondance : là où on se contentait d'une pellicule de 24 ou 36 poses pour tout un été, on va volontiers désormais jusqu'à 1000 photos, voire davantage. Et, comme le dit d. boyd, tout le monde est capable de supporter la contemplation de 24 ou 36 photos. Mais à 1000, c'est trop. Et il ne s'agit pas d'individus isolés : "there are too many people around us who push our Too Much limits".
d. boyd suggère de prendre un moment pour réfléchir au pouvoir de la contrainte. Doit-on faire 1000 photos simplement parce que l'appareil nous le permet ?
Qui pourrait nous en empêcher ? Nous ne sommes pas conscients des limites de patience de notre audience en ligne. Voici le troisième changement : les technologies ne nous obligent pas à penser à notre audience. Ici se trouve sans doute la cause de bien des comportements perçus par les observateurs comme narcissiques... d. boyd se garde bien d'aller dans ce sens. A l'inverse, elle souligne le rôle capital des souvenirs de vacances partagés, qui rendent ces moments plus réels. Les enregistrements (photos, vidéos ou messages textes) nous aident à construire des souvenirs solides, même s'ils nous éloignent quelque peu du moment pleinement vécu.
Comme en beaucoup de choses, la sagesse semble résider dans le sens de la mesure. Faire des photos, commenter ses meilleurs moments, pourquoi pas ? Cela répond à un besoin ancien et profond. Les fous de technos qui vivent l'oeil rivé au viseur ou le doigt posé sur le clavier du téléphone portable ne sont que les derniers avatars d'une longue lignée d'individus souhaitant partager leurs bons moments, pour étendre leur signification au-delà du temps qui passe, qui est déjà parti.
Un très bel article, à méditer au moment de charger ses photos d'été sur son ordinateur...
Obsessively recording and sharing our vacations, sur le blogue de danah boyd, "apophenia : making connections where none previously existed".
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