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Publié le 14 juillet 2009 Mis à jour le 14 juillet 2009

Les histoires des autres enrichissent la mienne

Les histoires et récits de vie commencent à trouver leur place sur la Toile. Ils constituent une façon de partager facilement des apprentissages et des expériences.

Notre histoire débute il y a fort longtemps... L'homme commençait à peine à acquérir un langage que déjà il trouvait des anecdotes et des légendes pour expliquer ce qui l'entourait : la présence du ciel, la faune qu'il côtoyait, la mer s'étendant à perte de vue, la mort de certains de ses camarades, les récits de chasse et d'exploration qu'il faisait... Cette tradition orale importante a été pendant longtemps le véhicule de la mémoire collective humaine. Puis, vinrent certains érudits comme un dénommé Homère, qui décidèrent qu'il serait temps de mettre sur papier toutes ces histoires et ces contes. Ainsi naquit le récit écrit qui se transforma au fil des siècles et adopta différents supports jusqu'à Gutemberg, qui nous offrit ce que nous appelons les livres.

Aujourd'hui, bien qu'il ne se soit jamais autant publié de livres, ce dernier semble pris de faiblesse. C'est qu'un autre média écrit est né : l'Internet. Ce "nouveau" média (nouveau à l'échelle de l'Histoire humaine s'étendant sur des milliers d'années) a néanmoins laissé moins de place à la diffusion d'histoires comme le faisait la tradition orale et écrite traditionnelle. Du moins, c'était le constat du Web 1.0. Cependant, à l'ère du Web 2.0, il semble que la place de la diffusion d'histoires gagne du terrain, les visiteurs de la Toile pouvant davantage influer sur le contenu de l'immense réseau grâce aux blogues et aux sites personnels désormais faciles à créer.

Apprendre de l'expérience des autres

L'école et les histoires ont toujours fait bon ménage. Probablement parce que le monde scolaire intègre la notion d'histoire au sens large (apprendre l'histoire de l'humanité à partir des récits) et des notions de compréhension et création orale ou littéraire, de développement de la mémoire, de l'attention et de la créativité et etc. Un apprentissage peut-être plus informel que ceux qui ont cours dans le domaine des sciences dures, mais qui touche tout de même les étudiants.

Cependant, alors qu'on encourage l'école à utiliser les technologies de l'information et de la communication (TIC), certains peuvent se demander comment intégrer ces technologies avec l'art de raconter des histoires et la diffusion de ces histoires. C'est pourquoi dans ce papier écrit par le directeur et le chef de l'unité de recherche et développement de l'IPAK-Institute for Symbolic Analysis and Development of Information Technologies, on s'intéresse à trois projets éducatifs européens sur le sujet. Trois projets qui pourraient donner des idées à de nombreux concepteurs ou institutions scolaires dans les années à venir.

Tout d'abord, il faut s'entendre sur le terme histoire. Ici, on ne parle pas de contes de Perrault ou d'Andersen. Dans le cas des projets abordés, on parle surtout de récits de vie, de voyage, etc. Déjà, on peut comprendre qu'il soit plus aisé d'utiliser le Web 2.0 pour ce type d'histoires. Les sites de blogues sont remplis d'histoires de vie ou de voyage et font maintenant partie intégrante du quotidien des jeunes qui constituent une forte proportion des auteurs et visiteurs. C'est donc particulièrement à partir de cette technologie que les trois projets ont abordé le Web 2.0. 

Le premier projet, appelé TALE, s'est déroulé de 2005 à 2007. Il regroupait 5 pays d'Europe (Allemagne, Grèce, Italie, Espagne et Slovénie) et avait pour but de créer des "storytelling cafés". En effet, ce weblog avait pour but de partager les récits de personnes qui racontaient comment elles avaient atteint leurs buts en utilisant ce qu'elles avaient appris à l'école, ou encore des histoires vécues d'apprentissage. Ainsi, les élèves qui se trouvaient à ce moment à l'école pouvaient être encouragés par ces récits et appliquer ces "trucs", grands principes ou expériences à leur cheminement scolaire. Ces "storytelling cafés" étaient jusque là surtout connus en Grande-Bretagne où ils faisaient un malheur. L'acquisition de connaissances et la construction de savoirs passe en effet plus facilement au travers d'une histoitre vécue qu'au travers des exposés abstraits, car le lecteur peut facilement s'identifier au narrateur. Il faut dire que les histoires étaient bien structurées et la plupart d'entre elles étaient traduites en plusieurs langages pour pouvoir être lues dans plusieurs pays différents. En tout, environ une cinquantaine de récits d'apprentissage ont été publiés sur le site. Celui-ci est d'ailleurs toujours en ligne et même si aucun récit n'est traduit en français, il y a tout de même une page francophone avec des sections en français expliquant le projet TALE. 

Le deuxième projet, quant à lui, permet de partager des apprentissages informels vécus avec des étudiants. Le site HiStory permet aux aînés de raconter la vie au vingtième siècle. Ainsi on trouve des histoires provenant de plusieurs coins d'Europe écrits en plusieurs langues (dont près de 75 en français, mais on ne propose pas de traduction pour les articles). Ici, l'apprentissage est plus informel, mais prend un aspect encore plus intéressant dans la mesure où ce sont des récits personnels véridiques mettant en lumière des aspects du vingtième siècle peu connus des jeunes générations (qui n'ont connu que les dernières années de ce siècle). Le site offre même des récits audio/vidéo sur certains billets. Selon les auteurs du papier, le projet devrait se terminer d'ici la fin de l'année 2009. Mais on espère queles récits resteront longtemps en ligne.

Enfin, le dernier site étudié, MobiBlog, s'adresse à un public universitaire surtout car il s'agit d'une plateforme d'échanges de récits d'étudiants européens qui suivent leurs cours à l'étranger. Ici, le but est de faire tomber les barrières psychologiques de l'étudiant qui aurait peur d'étudier ailleurs que chez lui, de partager les us et coutumes d'un pays, de donner des conseils, raconter des tranches de vie pour expliquer ce qu'on a vécu, etc. Pour l'instant, une cinquantaine d'histoires sont disponibles. Aucun récit n'a été écrit à l'origine en français, mais tous sont disposnibles en plusieurs langues. Cependant, il s'agit d'une traduction faite à partir du traducteur automatique Google... dont on connaît les performances encore approximatives. Néanmoins, le projet continue et on espère voir des histoires d'étudiants français à l'étranger qui pourront partager le tout en français. 

Une audience trop limitée

Ces trois projets, pour intéressants qu'ils soient, risquent de s'interrompre bientôt, et n'ont pas l'audience espérée. Selon les auteurs de l'IPAK, la raison est simple: pas assez de promotion de ces sites sur la Toile ou dans les institutions scolaires. On n'a qu'à voir HiStory où il est possible de commenter les histoires, ce qui devrait être un moyen génial de partager entre le conteur et l'auditoire... Or, c'est le désert côté commentaire. Peut-être à cause de l'inscription obligatoire pour ce faire (même si cela est gratuit, ça enlève l'aspect spontané du commentaire comme sur les blogues) et le fait que le site n'est pas aussi simple d'utilisation pour une personne âgée qu'une jeune personne connaissant l'univers des blogues. Il y a là matière à amélioration.

Cependant, ce type d'initiative est très intéressant pour le futur. C'est une manière plutôt singulière d'apprendre, mais qui est tout à fait en lien avec l'idée d'apprendre autrement, d'utiliser les TIC pour apprendre à l'école ou à l'extérieur de celle-ci. Il y a là matière à partager des histoires et partager ses connaissances et son vécu avec tant d'autres en soif de savoir. À quand des sites de partage d'histoires sur de la formation à distance, par exemple ?


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