La
préservation de l’environnement, et donc de la diversité biologique, est un
souci relativement récent au Maroc. Cependant, les pouvoirs publics ont pris la
mesure du défi et mettent les bouchées doubles pour arrêter une stratégie
globale, c'est-à-dire une approche qui traite à la fois de l’écosystème, du
climat avec un plan dédié, et de la biodiversité.
Ainsi, sur
le plan international, le Maroc est-il signataire de la Convention sur la diversité biologique, mécanisme
international créé au début des années 90 pour in fine « assurer la
pérennité de la vie sur Terre ». Il a dans ce cadre organisé de nombreuses
manifestations et publié plusieurs études
recensant et décrivant la diversité biologique nationale.
Au plan
environnemental, et comme de nombreux pays, le Maroc n’échappe hélas ni à la
"malédiction" des sachets en plastique qui polluent espaces urbains et
ruraux, ni aux prédateurs qui pillent les ressources naturelles, forestières
notamment. Mais au-delà de ces fléaux contre lesquels le gouvernement tente de
sévir, ce sont peut-être les petits gestes de pollution ordinaire
- déversements sauvages de déchets domestiques, nuisances sonores, empiétement
sur les espaces verts – qui sont difficiles à accepter et à… combattre. Changer
les mentalités est affaire d’éducation. L’implication des générations montantes
dans la préservation du patrimoine naturel et de la biodiversité est
essentielle. Il existe au moins deux facteurs de réussite :
-
un
engagement clair des pouvoirs publics en faveur de la protection de l’environnement,
étape incontournable pour la préservation de la diversité biologique ;
-
des
projets et des outils pédagogiques cohérents impliquant donc les citoyens.
Sur le
premier point, l’adoption récemment d’une très attractive Charte
nationale de l’environnement et du développement durable[1] montre clairement que l’État a intégré la
sauvegarde de la biodiversité dans son agenda politique. Il s’engage à faire évoluer
les pratiques pour faire du cadre naturel une préoccupation de l’ensemble des
citoyens et non des seuls pouvoirs publics. Or, pour changer les pratiques, il
faut faire évoluer les mentalités.
Sur le
second, la participation des associations est fortement sollicitée. Et de fait,
les ONG prennent souvent le relais sur le terrain avec des programmes où le
critère de participation des populations locales, clé de succès et de pérennité
pour tout projet de développement durable, est déterminant pour l’octroi des
financements.
Cependant,
tous ces efforts ne pourraient aboutir sans un minimum d’information et de
coordination entre les nombreux acteurs intervenants. Et l’impact de ces
efforts ne saurait perdurer sans sensibilisation et formation des jeunes et sans
valorisation des bonnes pratiques. Comme nous allons le voir, le recours aux
nouvelles technologies de l'information est de plus en plus indispensable dans
ce jeu de patience, où il faut pourtant aller très vite.
Les TIC au secours de l’environnement
L’apport des
nouvelles technologies opère à plusieurs niveaux. Celui, global, de l’État avec
la mise en place d’un Centre
d’échange et d’information sur
Internet destiné à faciliter la collecte d’information sur la biodiversité et fournir aux différents acteurs les données leur permettant une prise de
décision rapide en matière de sauvegarde de l’écosystème. L’objectif est aussi
d’encourager la coopération entre les chercheurs.
Au niveau
des organismes internationaux, très présents dans le soutien associatif, l’utilisation
des nouvelles technologies permet essentiellement de diffuser l’information –
les études menées et les statistiques – et de relayer les réalisations et les
avancées sur le terrain.
Mais au-delà
de la communication, les nouvelles technologies contribuent à sensibiliser et à
former au respect de l’environnement. Dans ce cadre, Enda Maghreb, une association qui se distingue
particulièrement par la qualité de son approche pédagogique, a élaboré une très
pertinente Stratégie nationale d’éducation et de sensibilisation à
l’environnement et au développement durable. Bénéficiant du statut consultatif
auprès du Conseil Économique et Social des Nations Unies (ECOSOC),
l’association pilote de nombreux projets et compte plusieurs publications.
D’autres
organismes de moindre envergure n’en font pas moins un travail exemplaire et
décisif sur le terrain. Et investissent bien entendu massivement le net pour former
les citoyens, en particulier les jeunes.
Former les éco-citoyens de demain
Sensibiliser
et former à la préservation de la diversité biologique ne doit laisser place à
aucune improvisation. L’écologie a mis beaucoup de temps à se débarrasser de
l’image d’amateurisme qu’elle trainait depuis plusieurs décennies. Aujourd’hui,
la formation tente de restituer la complexité du sujet et emprunte à de
nombreuses sciences. Elle bénéficie de l’apport des nouvelles technologies de
l'information, notamment pour opérer de précieuses simulations. Des outils
comme les Systèmes d’information géographique (SIG) deviennent incontournables pour
enseigner les métiers de climatologue ou de météorologue (voir l'article
"TIC comme… Technologies d’Information sur le
Climat").
Les exemples
d’outils logiciels facilitant la maitrise des compétences de base pour se
former et former à la biodiversité sont nombreux. On peut citer sur la seule
banque de l’Institut national de la recherche pédagogique français (INRP) ce tutoriel
sur l’utilisation d’un portail territorial, cet outil de modélisation du cycle de l’eau ou encore des ressources
sur des thématiques aussi pointues que le « code barre » du vivant.
Un autre
exemple de formation in situ nous est donné par un lieu intéressant pour découvrir la richesse biologique de la planète : les Jardins
exotiques de Bouknadel, près de la
capitale marocaine. En combinant visites réelle et virtuelle, cet espace unique
et récemment réhabilité constitue un terrain de formation et de sensibilisation
exemplaire. Sa visite permet aussi de réaliser à quel point notre terre et son
patrimoine vivant sont à la fois d’une beauté à couper le souffle et à la merci
des vents mauvais de la cupidité et de l’ignorance.
[1] Le portail de la charte nationale est clairement
orienté vers les jeunes. Il en adopte les habitudes et fourmille de jeux et
d’idées de projets. Hélas, ces bonnes intentions sont desservies par un
fonctionnement aléatoire, pour ne pas dire calamiteux, du site : accès
impossible aux bases de données, plantages fréquents, informations
obsolètes…
Photo : Christing-O-, Flickr, licence CC.
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