Dans les domaines du commerce électronique et de l’information, l’hypertexte s’est vite imposé comme un outil incontournable. L’accès quasi instantané à tout ce qu’il est possible de stocker dans des banques de données, d’un seul clic via Internet, est en train de modifier bien des aspects de l’activité humaine. On peut difficilement résister à cette sensation de liberté de choix apparemment illimités que nous procure l’hypertexte.
Mais qu’en est-il de l’utilisation de l’hypertexte dans le domaine de l’éducation et de la formation? J’ai voulu profiter de l’hypertexte pour faire le point là-dessus. C’est ce parcours que je vous propose ici.
Pour vous familiariser avec l’hypertexte
- Il y a cet étonnant document signé Hélène Godinet de l’IUFM (Institut universitaire de formation des maîtres) de l’Académie de Grenoble : L’hypertexte : Définitions - Typologie - Concept - Production - Lexique - Bibliographie - Architectures - Un peu d’histoire. Le contenu constitue un bon point de départ; la présentation est originale mais inégale sur le plan hypertextuel.
- Une synthèse assez bien réussie, c’est le Lexique sur l’hypermédia : Historique de l’hypertexte; parties constituantes de l’hypertexte. Nous devons ce document dense et concis à Isabelle Raymond, étudiante au Département d’études sur l’enseignement et l’apprentissage de la Faculté des sciences de l’éducation à l’Université Laval. Avec un simple lexique, on parvient à nous mettre en garde contre les pièges de l’hypertexte (comme le broutage et la désorientation).
Pour pousser plus à fond la réflexion
- Yan Claeyssen, maintenant responsable multimédia au Studio Penez, propose Hypertexte et hypermédia. Il s’agit d’une thèse de maîtrise, je crois, dans laquelle on trouve d’intéressantes pistes perspectivistes sur l’utilisation de l’hypertexte dans l’enseignement. D’une page à l’autre, ce n’est pas toujours facile de s’y retrouver, cependant; à moins de revenir constamment au sommaire.
- Darryl Laferte a aussi analysé l’hypertexte sous bien des angles. Il en a même fait un site Web : hypertext.net. C’est en anglais mais ça vaut le détour, ne serait-ce que pour voir comment l’auteur utilise lui-même le procédé qu’il décrit. Il a aussi le mérite d’offrir un forum de discussion sur le sujet.
Si vous préférez expérimenter diverses utilisations pédagogiques de l’hypertexte, je vous en propose deux parmi d’autres : l’étude d’un texte ancien et une visite hypertextuelle du Musée du Louvre.
- Le texte, c’est celui de La châtelaine de Vergi (XIVe siècle), dont on peut même voir la reproduction du manuscrit original. Un professeur de l’Université Emory (Atlanta, Georgie) en analyse le vocabulaire, la syntaxe et la morphologie, en français et en anglais. Après cette expérience émouvante, on se surprend à imaginer le potentiel de l’hypertexte pour ce genre d’analyse.
- Michael Lastinger, du Department of Foreign Languages de l’Université de West Virginia, a eu l’idée de nous faire visiter le Musée du Louvres en même temps que les personnages de l’Assommoir de Zola. Ce voyage virtuel dans le temps et dans l’espace réalisé avec de simples liens hypertextes risque de vous convaincre définitivement de passer à l’action.
Vous vous demandez comment passer à l’action, comment VOUS pouvez créer des hypertextes?
Pourquoi ne pas prendre un cours en ligne sur l’hypertexte? Je vous suggère le Cours d’hypertexte pour les enseignants. Rédigé en anglais par Andy Carvin, il a été traduit en français par Raoul Carrier. Au terme de ce cours, laissez aller votre créativité...
Pas encore convaincu de l’importance de l’hypertexte dans la nouvelle pédagogie?
Lisez les publications en ligne du Département Hypermédia de l’Université Paris 8. Vous trouverez là une équipe qui y croit et qui réussira probablement à vous convaincre, au moins théoriquement.
Vous vous demandez LA question : est-ce que l’hypertexte, un jour, remplacera le professeur comme porte d’accès à la connaissance?
Rassurez-vous en lisant Nouveaux médias et nouvelles pratiques professionnelles. Claire Bélisle, ingénieure de recherche au CNRS, y fait la démonstration que malgré tout ce qu’on peut en dire, «l’interactivité technologique ne remplace pas l’interaction pédagogique».
Au terme de ce parcours hypertexte sur l’hypertexte, j’ai le goût de laisser à Claire Bélisle le mot de la fin : « Tout reste à faire pour développer des technologies qui faciliteraient, aideraient l’interaction avec l’information. Et c’est là que les enseignants ont sans doute un effort majeur à fournir : comment initier et faciliter le processus de compréhension et d’interaction de l’usager immergé dans un environnement technologique, qui, même ouvert et interactif, ignorera toujours les composantes biologiques, psychoaffectives et sociales qui constituent la spécificité des apprenants. »