Pourquoi c'est si difficile d'enseigner les sciences humaines avec les TIC ? Lorne Huston répond à cette question dans le 30ème épisode de Réseau TIC, l'émission en baladodiffusion de la Vitrine Technologie-Education. Cet enseignant de sociologie puis d'histoire au Collège Edouard-Montpetit depuis 1976 est co-récipiendaire du Prix du Ministre 2004, catégorie multimédia pour le didacticiel Chronos.
Lorne Huston affirme que les dépenses en TIC sont chères pour les établissements scolaires et ne sont pas souvent rentables pour l'usage qu'on en fait. Il parle même d'une « utilisation en porte-à-faux » des TIC. Autrement dit, il ne suffit pas d'équiper les salles de classes en ordinateurs et de mettre Internet à la disposition des élèves pour prétendre faire un enseignement basé sur les TIC.
Des ordinateurs dans les classes, martèle-t-il, « parfois, on en a besoin mais je peux imaginer que pendant de longues périodes, on n'en pas besoin ».
S'inspirant de son expérience personnelle, il défend ce que doit être une utilisation efficace des TIC dans l'enseignement de l'histoire par exemple. Il faudrait dans un premier temps créer une base de données des faits historiques, une sorte d'archive numérique.
Ce qui suppose un « immense travail » de définition de repères, de tri des informations donc d'indexation. Au moment voulu, l'enseignant ou les élèves pourront interroger cette base de données pour en extraire des informations sur des thématiques données.
Les TIC offrent cette possibilité mais elle est peu exploitée du fait de la charge de travail qu'elle requiert. Pourtant, confirme Lorne Huston, de tels outils révolutionnent l'apprentissage.
Les élèves ne sont plus des lecteurs passifs d'un récit présenté dans un manuel mais ils ont la possibilité et la facilité d'interroger l'histoire sur un phénomène donné ou sur une période donnée. Du coup, naît chez ceux-ci un intérêt pour la discipline, même si 10% des élèves préfèreraient encore un manuel.
Appréciations
Au décompte final, 25% des élèves opteraient pour un enseignement exclusif des sciences humaines par les TIC et 25% pour une combinaison des deux approches (manuel et TIC). Chez les enseignants, on observe une toute autre réaction, de la réticence à s'embarquer. Ce que Huston justifie par des inaptitudes liées à leur formation de base et une inquiétude relative à la nécessité pour ces enseignants de se mettre à jour.
Au demeurant, la difficulté à enseigner les sciences humaines par les TIC tient en grande partie aux enseignants. Leurs compétences les disposent plus à se servir de manuels. Internet, et plus généralement les TIC, sont mis à contribution selon cette approche pédagogique.
Or un véritable enseignement des sciences humaines par les TIC va requérir de nouvelles stratégies pédagogiques donc des efforts importants de la part des enseignants. Mais on y gagne en dynamisation de la relation éducative, notamment par les interactions en ligne entre les apprenants eux-mêmes et avec les enseignants.
Cette réflexion paraîtra peut-être un peu passéiste et très culpabilisante pour les enseignants, dont bon nombre ont déjà franchi le pas des technologies, notamment des professeurs d'histoire-géographie qui figurent parmi les communautés enseignantes les plus dynamiques du web francophone, avec le fameux Clionautes. Mais n'oublions pas que l'arbre peut cacher la forêt, et qu'une petite stimulaiton de temps en temps peut déclencher quelques changements de comportements...
Réseau TIC : épisode 30 (mp3) et son document d'accompagnement (pdf)