Le 15/11/2005
Le climat tranche nettement avec l’hiver qui s’annonce dans les pays du Nord. Les 25° qu’annonce la voix de l’hôtesse de l’air présage de l’ambiance festive qui accueille le voyageur qui, à Carthage, descend de l’avion, en regrettant le vert infini de la mer constellée de mille petits bateaux de plaisance blancs qui sillonnent la Méditerranée, aux portes de Tunis. La police, en tenue d’apparat, régule les longues files de 17.000 participants qui viennent débattre, cinq jours durant, sur un événement que l’ IUT risque de ne plus jamais organiser avec tant d’intérêt et d’engouement.
Le monde entier sillonne les rues de Tunis. Une ville pavoisée de rouge, colorant les pins verts et le macadam signalisé de bandes éclatantes de blanc. Au loin, où se confondent la terre, la mer et le ciel, apparaissent deux pics, semblables à deux seins difformes, et souhaitant la bienvenue à tous ceux qui arrivent pour parler de la société de l’information.
Les documents vous introduisent immédiatement dans le sujet. Il ne connaît pas de repos, ce visiteur qui traverse la ville, tiraillé entre la lecture des programmes et Carthage qui rappelle, la présence des Phéniciens, des Puniques, des Romains et de tous ces étrangers pour qui
Carthago delenda est
. Les vestiges vous rappellent les thèmes et les versions des cours de latin de 5ème.
Tunis2005 devient la réalité préparée depuis Genève 2003. La première phase avait connu un succès mitigé et Tunis, qui attend 50 Chefs d’État, relèvera le défi pour restructurer le monde de la Communication dans toutes ses composantes. Les industriels, les commerçants, les médias, les enseignants, les télécommunications, les informaticiens, tous ceux qu’intéressent les Tic devisent ici, où se croisent les décideurs et les exécutants, les techniciens et les concepteurs. L’éducation a une place exceptionnelle.
Comment l’éducation amorcera-t-elle l’avenir sans les Tic ? Pire encore, avec les Tic qui changent au jour le jour ! La fracture numérique qui s’élargit, devenant une abysse sans fond et aussi large que la Méditerranée marocaine et les côtes espagnoles. Les responsables éducatifs tracent les pistes de solutions après avoir rappelé sans faiblesse ni subjectivité la place de ces outils dans le monde où chacun doit tenir une place essentielle.
La standardisation, la normalisation, la marchandisation, la libéralisation, la démocratisation, la commercialisation, qui doivent accompagner les Tic et la jeunesse de demain. Certains jeunes, aujourd’hui, vous éblouissent par leurs prouesses informatiques, révélant en eux des Mozart en informatique. Il en est d’autres qui ne savent pas ce qu’est un ordinateur et ce que l’on peut en faire.
Les 17.000 participants vont réfléchir à tout cela. Oubliant leur égoïsme. Criant leur misère. Cherchant à sortir par eux-mêmes de ce paupérisme grandissant. Forçant tous les villageois du même village planétaire à parler à l’unisson technologique.
Quand cela ne serait pas une utopie, il faudrait encore résoudre quelque menus problèmes ; pendant que ma langue et ma culture envahissent ; les tiennes s’éteignent. Par ta faute, toi qui ne sais rien inventer et qui, toujours, quémandes tout. Par la mienne, moi qui possède tout pour t’avoir dépouillé de tout. La diversité culturelle et linguistique tient la route. Qui la suivra ? Les valeurs sont inversées. Tunis les rétablira-t-elle?
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