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Publié le 25 janvier 2010 Mis à jour le 25 janvier 2010

Le manuel scolaire : un mal-aimé qui a encore sa place

À entendre certains acteurs éducatifs, on se demande pourquoi nous imprimons encore des manuels scolaires. Particulièrement en France, le pays d'Europe qui dépense le moins par écolier pour ces livres (11 euros contre 30 pour ses voisins). Mais qu'est-ce qui justifie ce malaise devant le manuel ?

Educpros s'est penché sur cette question du mal-aimé du système d'éducation français dans un dossier qui synthétise tous les problèmes, mais également qui réaffirme le caractère essentiel du livre.

Le manuel : souvent un train de retard

Les éditeurs ne se précipitent pas sur le marché du manuel scolaire. Contrairement à une opinion répandue, le manuel scolaire est peu rentable. Le volume de vente est relativement faible (32 millions de ventes, tous manuels et tous éditeurs confondus, sur un total de 457 millions de livres vendus en France en 2005). De plus, l'élaboration d'un manuel est un processus long et coûteux : il faut engager plusieurs auteurs pour un seul ouvrage et renouveler régulièrement les manuels, au rythme des réformes de programmes. Le manuel doit ensuite être validé par différentes autorités éducatives. Sachant qu'il faut un an pour concevoir un bon manuel scolaire, il arrive souvent que le manuel actualisé arrive avec retard dans les salles des profs. On constate donc que l'édition d'un nouveau manuel requiert du temps, de l'énergie, de l'argent... et récolte pas mal de critiques à l'arrivée.

Légitimement, les enseignants qui ne trouvent pas ce qu'ils cherchent dans les manuels se tournent alors vers les photocopies et vers Internet. D'autant plus qu'il n'est pas obligatoire de changer les manuels lorsqu'il y a modification du programme. Les financeurs des manuels (municipalités, départements et régions en ce qui concerne la France) ne souhaitent pas nécessairement engager les moyens nécessaires au renouvellement fréquent de milliers de manuels, quand bien même ces derniers ne cadrent plus tout à fait avec les programmes en cours.

Support papier et support numérique : la coexistence pacifique ?

Le manuel scolaire papier semblant cumuler les défauts (coût élevé de production et de renouvellement), on parle désormais beaucoup du manuel numérique. Après tout, il semble parfait : pas de gros livres lourds à traîner pour les enfants, possibilités de mises à jour rapides et économiques, et inscription du système scolaire dans le 21e siècle. La France s'est d'ailleurs lancée à la rentrée 2009 dans une expérimentation du manuel numérique à l'échelle nationale

Mais les rédacteurs du dossier Educpros ne sont pas franchement optimistes : en dépit de ses qualités, le manuel numérique reste coûteux, en particulier à cause des droits d'auteurs à régler aux propriétaires des ressources multimédia intégrées aux manuels. De plus, la TVA sur les produits numériques est plus élevée que celle qui est appliquée aux livres.

Enfin, nous sommes encore loin de la généralisation des tableaux blancs interactifs et des ordinateurs pour tous les élèves dans la classe. C'est du moins ce qu'explique Sylvie Marcé, présidente du groupe des éditeurs scolaires du syndicat national de l'édition, dans un texte d'opinion sur la place du manuel scolaire dans l'ère numérique.

Il est donc temps de se recentrer sur les qualités des manuels, qu'il s'agisse de livres ou de produits numériques. Les auteurs du dossier d'Educpros comme Mme Marcé nous y engagent. Car cet ouvrage à l'aspect parfois un peu rébarbatif est d'abord un lien entre l'apprenant, ses parents et l'enseignant. Il présente ce que l'élève apprend en classe, et propose une organisation différente de celle qu'utilise l'enseignant. Il reste un précieux allié pour l'enseignant, pouvant servir autant de banque documentaire que de véritable support pour un cours.

Quel est donc l'avenir du manuel papier ? On peut lui associer un site Internet proposant des ressources complémentaires, des actualisations, ce qui permettrait de résoudre une partie du problème lié à la mise à jour. Certains éditeurs ont déjà opté pour la vente couplée du manuel papier et d'un CD-Rom d'activités, exploitable par l'élève chez lui et par l'enseignant en classe, s'il dispose d'un TBI.

En tout état de cause, le manuel scolaire semble conserver une place importante dans le dispositif éducatif. Aux différents acteurs de s'entendre sur sa forme future.

Dossier Educpros "Manuels scolaires: pourquoi tant de haine ?"

"Les enjeux du manuel scolaire à l'ère du numérique", texte de Sylvie Marcé publié sur le site du CNDP (Centre national de documentation pédagogique)


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