Les premiers adeptes de la baladodiffusion en France sont des professeurs de langues et particulièrement les professeurs d'espagnol.
Ces enseignants enthousiastes, membres ou fondateurs de l'association Cyberlangues voient leurs pratiques plébiscitées, du moins dans les discours. Domingo Bayon-Lopez, responsable de Audio Nom@d, un projet de baladodiffusion dans un lycée de Bordeaux s'appuie depuis quelques années déjà sur le baladeur numérique pour animer ses cours.
Le conseil général des Yvelines par
exemple va doter huit classes de collège “ambition réussite” de
baladeurs numériques en particulier pour les professeurs de langues
: on espère que quelqu'un s'est posé la question de la maintenance
du matériel, de la vérification de son utilisation.
Valérie Pécresse, ministre de
l'Education nationale française annonce le développement du numérique dans les universités pour cette rentrée 2009-2010. Elle
répond à sa façon à la question fondamentale de la formation et
de la rémunération des enseignants qui vont être amenés à
utiliser les podcasts. "Il s'agit de filmer les cours et de les mettre en ligne dans le cadre d'un intranet. Le podcast, c'est le polycopié du XXIe siècle. Cela change la relation pédagogique à l'enseignant. Cela change la nature du cours." Les profs
vont-ils être formés aux podcasts ? " Non, ils sont par définition compétents puisque le podacst, c'est le cours filmé."
Oui, la Ministre l'a dit. On
se demande en quoi le fait de mettre un cours filmé sur le site
d'une université change la relation pédagogique et ne conforte pas
tout au contraire le bon vieux cours magistral.
La plupart du temps dans le podcasting,
seule la compréhension orale est entraînée: si l'on veut passer à
la production et à l'expression, cela signifie plus de travail pour
l’élève, et pour le professeur dans le cadre d'un projet
pédagogique. Mettre en place une émission de radio, ou bien, comme on
le fait avec le projet PodCaz, produire un fichier sonore personnel est un peu plus compliqué à organiser. La pratique s'est
répandue dans quelques collèges et lycées, mais bien que les méthodologies
soient parfaitement expliquées, comme ici pour l'anglais avec Stéphane
Bussutil, professeur d'anglais connu des internautes pour ses didacticiels sur le son :
« Encourager l’expression orale en classe de langue avec des baladeurs MP3 dictaphones » l'organisation de telles activités
demande du temps :
- pour expliquer aux élèves ou aux
étudiants les procédures pour nommer et classer leurs
enregistrements,
- pour mettre en place des grilles
d'évaluation simples,
- pour évaluer les productions.
Stéphane Bussutil affirme que
l'évaluation de fichiers sonores ne prend pas plus de temps que la
correction de copies mais il semble bien téméraire de parier sur la
généralisation de telles pratiques. La face technique de l'activité ne
manquera pas de tempérer l'énergie des enseignants peu
formés.
Ici comme ailleurs, aussi longtemps que
l'on n'aura pas accompagné les professeurs sur des usages un peu plus
délicats du point de vue méthodologique et technique, on ne
retrouvera dans les pratiques du podcasting que ce que nous connaissons
déjà. Exposer à la langue authentique est un premier pas,
permettre aux étudiants de créer des documents sonores, de revenir
sur leurs productions, et de les corriger est tout aussi important et il faudrait l'entendre.
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