Les Cahiers pédagogiques analysent l’utilisation des réseaux en classe

L’odyssée des réseaux

Après de nombreuses autres revues, après son n° 311 consacré, voici trois ans, à Écrire avec Internet et son n° 362 réservé À l’heure d’Internet on se demandait si le tour de la question n’avait pas encore été bouclé. Simultanément à des revues spécialisées à l’utilisation des Tice, le n° 396 des Cahiers pedagogiques propose, en ce mois de septembre, un florilège de réflexions sur les pédagogies prenant support sur Internet. En réalité, l’Odyssée s’interroge sur ce que nous apportent les réseaux car, dans la plupart des pays du Nord, écrit l’éditorialiste,

on est aujourd’hui passé du stade expérimental à la pratique quotidienne, mais les usages n’ont pas pour autant bouleversé la donne.

La rénovation pédagogique implique donc l’apport et la compétence de l’enseignant en suscitant la motivation des élèves. Une batterie d’ordinateurs entre des mains inexpertes s’assimilerait à un cerf aux cornes inutiles. La revue dans son ensemble questionne dans ce sens : quelles nouvelles pratiques professionnelles avec de nouveaux outils ? La formation à distance, elle, se positionne comme un modèle, parce que soumise à une permanente remise en question. En effet, reconnaît A. Jaillet, "l’enseignement à distance nous oblige à une réflexion sur les environnement de travail, à une bonne réappropriation des programmes de recherche et à une claire vision de ce que cela induit comme changement pour les enseignants à distance".

Parmi les dossiers, l’ouverture de N . Froger expose sur "Des réseaux et des Hommes". l’auteur montre les étapes essentielles pour construire un réseau, tisser les liens, réaliser un maillage progressif et susciter de nouvelles approches pédagogiques. Le réseautage vise une ambition : faire revivre un lieu en mettant en place d’autres formes de travail. Vient ensuite la réalisation de ce qui eût pu être un rêve : ouvrir une école virtuelle pour les enseignants du primaire. C’est ce que Mesdom appelle

School net

dont le but est de donner un appui significatif à tous les enseignants qui veulent renouveler leurs pratiques, organiser des réseaux où des enseignants pourraient s’inspirer mutuellement. Ce rêve se concrétise dans school-net. G. Auguet analyse les effets pernicieux des listes de diffusion qui sont devenus des far-web où des collègues, sans statut virtuel établi, s’entre-déchirent à cœur et à écran ouvert. Une forme de collaboration rétrograde. Dans le même sens, J. Jarraud, bien connu pour nous servir le Café pédagogique, présente un nouvel acteur éducatif que pourrait être H-français, une liste de discussion modérée qui termine sa 5ème année scolaire d’exercice sur Internet. Elle apporte des changements chez les profs étant donné que la liste a remplacé les journées de stage, qu’elle intègre des informations disciplinaires et des documents pédagogiques et qu’elle participe à la construction communautaire des enseignants.

L’important de tout ce bruit concerne en fait les élèves. Les chats ont-ils vraiment de l’intérêt pour les élèves? Ceux-ci ont pourtant la particularité de contraindre l’apprenant à expliciter et à rendre manifestes par écrit des éléments de l’implicite. Deux enseignants analysent le processus des discussions en direct pour conclure à une utilisation rationnelle et bénéfique des chats en classe. P. Marquet examine "l’Impact d’Internet auprès des lycéens". La description des actions reprend les éléments déjà décrits et introduit la lecture des enjeux et défis des Tic en formation des maîtres, puisque s’observe un écart entre l’environnement d’apprentissage propre à la formation des maîtres. Aussi l’article est-il une invite pour que l’université intègre les Tic dans les pratiques renouvelées en formation des enseignants. Ces Tic apportent une plus value à l’enseignement et permettent une pédagogie plus efficace grâce à un meilleur rapport au savoir de l’apprenant.

La Fàd reçoit une fleur grâce à une demi-douzaine d’articles. Il s’agit d’abord du tuteur ou mieux du

formateur à distance

dont on ignore quels sont ses nouveaux rôles. Everard et Choplin s’interrogent sur les fonctions des différents

formateurs à distance.

Pour y répondre, les auteurs citent celles qui accompagnent l’apprenant dans sa relation au savoir : fonction d’expertise. Ensuite les fonctions d’animation, ergonomique et technique. Puis s’ajoutent les fonctions de reformulation, et de mise en forme des savoirs à destination des apprenants. La fonction didactique, qui est adaptation à l’activité d’apprentissage, accompagne la fonction de conception des ressources. La typologie ainsi établie éclaire sur les buts recherchés, qui sont d’assurer la liaison entre les acteur du dispositif de formation à distance qui incarnent différentes fonctions.

Les campus virtuels et la mise en scène du virtuel et la solubilité de la pédagogie dans les réseaux achèvent la réflexion de ce volumineux dossier. Charlier et Perraya montrent qu’un des effets des Tice serait de permettre l’innovation pédagogique. Le bilan des projets européens comme Learn net qui pose l’analyse de l’innovation en termes d’innovation technologique et de service autant que comme innovation pédagogique en un va et vient constant, le campus virtuel étant outil de passage qui renvoie les acteurs du niveau local au global et du global au local.

Faerber estime que pour mettre en scène le virtuel, on peut condenser les informations et fonctionnements par une interaction informatique dont la nature va en se complexifiant sur la toile. Au total, souhaite-t-il, le virtuel doit être déployé, rendu et représenté pour être accessible. Pour Jaillet, modifier la pédagogie pour internet c’est demander à des pédagogues d’accepter de se mettre ne réseau, par groupe d’intérêt, pour étudier en quoi le réseau leur est bénéfique. Mais des couacs peuvent survenir, qui méritent une étude profonde, et que propose Jaillet.

Un numéro d’actualité. Après les déclarations d’Hourtin. Avec des bémols toujours nécessaires.

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