Novethic est un centre de recherche français, spécialisé dans la Responsabilité Sociale et Environnementale (RSE) des entreprises, et l’Investissement Socialement Responsable (ISR). L’organisation publie sur son site un article intitulé Déchets électroniques : le cadeau empoisonné, alertant l’opinion publique sur les pratiques discutables des entreprises qui envoient leurs ordinateurs obsolètes dans les pays en voie de développement.
Ces pratiques correspondent à la volonté des pays du Nord et de leurs acteurs économiques de réduire la fracture numérique mondiale, en fournissant aux pays en voie de développement du matériel informatique gratuit. Ce dernier n’est certes pas de dernière génération, mais permet néanmoins l’utilisation d’une large gamme d’outils numériques et la navigation sur Internet.
Malheureusement, la pratique a généré des effets pervers, souvent
involontaires : les ordinateurs ainsi acheminés d’un bout à l’autre de
la planète s’avèrent parfois totalement obsolètes, ou à durée de vie
très courte. Ils échouent alors dans les décharges publiques, où selon
l’article, sur ces tas de « e-dechets », hommes, femmes et enfants récupèrent des composéspour les vendre, sans savoirqu’ils manipulent des produits toxiques.
Le sujet a été jugé très important par le Fond mondial de solidarité numérique (FSN), qui en a fait l’une de ses trois thématiques principales, à côté de la promotion de l’éducation numérique et de la télémédecine. Ces trois sujets seront abordés lors de la Conférence de Lyon sur la Solidarité Numérique, le 28 novembre prochain.
Mais quid du recyclage des déchets informatiques dans les pays du Nord ? Nos pratiques sont-elles exemplaires ? A peine. En Europe, 30 % seulement des déchets informatiques sont traités. Le reste… nul ne sait ce qu’il devient. On peut redouter, comme cela fut le cas pour d’autres déchets toxiques, qu’ils ne soient expédiés vers les pays du Sud…
Certaines entreprises commencent néanmoins à se préoccuper du problème. Hewlett Packard par exemple vient de signer un accord de partenariat avec un institut de recherche suisse et le FSN pour mettre en place des filières de traitement des vieux ordinateurs dans des pays tels que le Maroc, le Kenya, le Sénégal et l’Afrique du Sud. Ce cas reste malheureusement isolé pour l’instant.
Ce qui doit nous inciter à la plus grande prudence : avant de faire don
de notre ancien ordinateur à une organisation qui se chargera de son
acheminement vers un pays du Sud, veillons à ce qu’il soit encore
suffisamment performant pour être utilisé pendant plusieurs années. Et
informons-nous sur l’existence de filières de traitement des déchets
informatiques là où nous l’envoyons vivre sa seconde vie.
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