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Publié le 16 novembre 2010 Mis à jour le 16 novembre 2010

Plagiat : une enseignante de l'université de Genève dit stop.

Le plagiat, le fraude, ont toujours existé, même bien avant l'ère numérique, l'arrivée d'Internet et le flux considérable d'informations offert à chacun. Pourtant, il semble pertinent de remarquer qu'Internet peut, dans certaines circonstances, être considéré comme un véritable moteur à tricheries. Le geste devient plus facile, plus rapide et demande encore moins d'efforts qu'avant, à l'époque du livre. D'autres méthodes de fraude apparaissent, et même des outils en ligne et des sites pour tricher. Peu de personnes du corps enseignant décident de prendre la parole pour dénoncer régulièrement de tels actes et façons d'agir. Ainsi, le site "Internet : fraude et déontologie selon les acteurs universitaires" se démarque par son engagement et surtout par son exhaustivité impressionnante sur la problématique de fraude à l'école et dans l'enseignement supérieur.

Comprendre le pourquoi de la tricherie

Michelle Bergadaà, auteur du site, est professeur à la faculté des sciences économiques et sociales de Genève. Passionnée de pédagogie, elle refuse de fermer les yeux sur la "fraude pratiquée via Internet et découlant du plagiat de mémoire, de thèses, d'articles de recherches et de livres académiques" et invite tout le corps enseignant à faire de même. Son site, collaboratif, se veut être un outil de dénonciation des pratiques frauduleuses d'étudiants de cycle supérieur. Dénonciation anonyme et non stigmatisante bien sûr.

Michelle Bergadaà

Chacun peut donc tenter de participer à sa propre échelle à l'analyse dynamique qu'entretient Michelle Bergadaà sur le sujet, notamment en témoignant, quel que soit son statut (auteur, témoin, victime...), ce qui aidera à comprendre pourquoi de tels agissements existent et sont régulièrement pratiqués. La démarche se veut plutôt sociologique et anthropologique que véritablement juridique. Place est donnée à l'analyse, au débat et à l'envie de comprendre, comprendre le pourquoi et le comment, faire comprendre les risques de la fraude.

Michelle Bergadaà elle-même, interrogée récemment par des journalistes (podcasts en écoute et téléchargement sur la page d'accueil du site), explique le succès de la fraude par quatre raisons :

  • La "peoplelisation" (ou "pipolisation") généralisée, qui contraint désormais tout un chacun à produire des documents magnifiques, largement illustrés, qu'on dirait sortis de l'imprimerie. Il faut impressionner, fût-ce au prix d'un travail nettement plus approfondi sur la forme que sur le fond;
  • La culture du partage qui règne en maîtresse sur le web, et s'accompagne de la gratuité et d'une culture de l'hommage par transfert pur et simple;
  • L'accélération considérable du rythme de production de la connaissance : on produit des mémoires et des thèses à jet continu, ce qui a une incidence forte sur la démarche intellectuelle sous-jascente, désormais beaucoup plus axée sur la synthèse des sources que sur la création d'une pensée originale;
  • L'absence flagrante de culture informationnelle chez les étudiants, qui sortent des études secondaires sans aucune idée de la manière de citer des sources ou de monter une bbliographie.

On voit donc qu'Internet n'est pas seul en cause dans la vogue toujours plus grande du plagiat.

Une mine d'informations sur la fraude

Même si côté forme, le site est un peu austère et brouillon, côté fond, c'est le Graal de l'information sur la fraude et les fraudeurs. Pas moins de 140 collaborateurs spécialistes de la formation (collège, école, instituts, universités, etc.) ont eu l'occasion de témoigner sur le site. "Internet : fraude et déontologie selon les acteurs universitaires" est une mine d'informations pour qui veut réfléchir : lettres ouvertes de sociologue ou d'enseignant, courtes présentations de blogs dédiés au plagiatpistes de réflexionrapport d'expériencesconférenceslien entre recherche et plagiat, et de nombreux autres liens renvoyant vers des informations et des sites externes constituent un ensemble qui en impressionnera plus d'un de par son hétérogénéité.

Une grande place est accordée à la mise à disposition des réglementations (directives associativesrèglements internes...) mais aussi aux différentes enquêtes menées auprès d'étudiants et d'enseignants de diverses facultés. On trouve aussi des outils de détection de fraude et de plagiat et des conseils pour bien choisir son logiciel anti-fraude mais aussi une liste des sites permettant aux étudiants de frauder ou, pire, d'acheter de faux diplômes. Beaucoup d'informations et de problématiques sont donc abordées sur le site créé par Michelle Bergadaà, à tel point qu'on aimerait un peu plus de guidage dans la navigation. Cependant, ce site reste un lieu incontournable d'échange, de témoignages et de réflexion sur le plagiat et la fraude.

Un site qui fait des émules

Michèle Bergadaà a fait des émules dans bien des pays. En France, c'est Jean-Noël Darde, de l'université Paris 8, qui a repris le flambeau avec son blogue Archéologie du copier-coller. Il y publie des comptes-rendus d'études sur le phénomène du plagiat et des présentations de travaux comprenant manifestement des passages plagiés. J.N. Darde a récemment été sollicité par le journal Le Monde qui publiait un dossier sur le plagiat, dossier accessible en pdf sur le site de J.N. Darde en cliquant sur le lien "Le long parcours d'une plagiée pour faire reconnapitre le pillage de sa thèse", tout en bas de l'article. 

Le site créé par Michèle Bergadaà est incontestablement une référence pour tous ceux qui souhaitent réfléchir sur la question du plagiat à l'université, ses causes les plus évidentes, les plus profondes aussi, et élaborer des startégies de riposte qui dépassent la simple utilisation d'un logiciel détecteur d'emprunts.

Illustration : Michelle Bergadaà, capture d'écran du site "Internet : fraude et déontologie selon les acteurs universitaires".

Internet: Fraude et déontologie selon les acteurs universitaires Université de Genève.



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