Les étudiants d’aujourd’hui sont-ils moins honnêtes que leurs prédécesseurs ? Au vu des résultats de l’enquête réalisée par le Josephson Institute of Ethics de Los Angeles, on peut se le demander, mais il semble que la situation soit plus nuancée que ce que les chiffres laissent entrevoir.
Tricheurs
L’enquête a été réalisée auprès de 30 000 étudiants américains, dans 100 écoles secondaires prises au hasard, avec une garantie d’anonymat. Les principaux résultats montrent que, durant la dernière année, 64 % des jeunes affirment avoir triché pendant un examen.
À leur décharge, trois facteurs :
- La pression vers le succès est nettement plus forte qu’avant, tout comme la compétition;
- Les possibilités de «couper les coins ronds» sont beaucoup plus nombreuses ainsi que les moyens pour y arriver, comme Internet.
- Les horaires chargés et le travail salarié des étudiants plus fréquent contribuent également à augmenter la pression.
Voleurs
Ce qui semble plus inquiétant pour les analystes est le fait que 30 % des jeunes affirment avoir volé quelque chose dans un magasin, 20 % quelque chose de leurs amis, 23 % de leur famille ou d’un proche.
Inquiétant non pas du fait du vol proprement dit, mais des conséquences sur les mentalités. Voler de l’argent ou frauder sur un emprunt hypothécaire, quelle différence. Si tout le monde le fait, pourquoi pas nous ?
Détérioration
Non seulement la triche est-elle endémique dans les écoles, mais la situation empire d’années en année.
- 38 % de ceux qui trichent affirment l’avoir fait deux fois ou plus dans l’année, en hausse de 60 % par rapport à il y a deux ans (2006).
- 36 % disent avoir utilisé Internet pour plagier un devoir, en hausse de 3 % sur 2004.
Mais malgré ces réponses, 93 % disent être satisfaits de leur propre niveau d’éthique et 77 % trouvent leur attitude supérieure à celle qu’ils observent de leur entourage. Il semble facile de critiquer, mais il appert que les jeunes ne décident pas ce qu’il adviendra de la société. Il est possible de modifier cette attitude.
Encourager les bons comportements
Plusieurs éducateurs trouvent que les étudiants d’aujourd’hui sont positivement plus réactifs et appréciatifs du travail de ceux qui les aident. Nous avons besoin de créer des environnements ou l’apprentissage prend plus d’importance que d’avoir la réponse correcte.
Augmenter la pression ne mène qu’à plus de tricherie; trop de pression pousse à la recherche de solutions rapides; comme les microfissures dans un tuyau qui, à pression normale, est étanche. L’éducation aux mérites de l’intégrité, aux balises distinguant les citations du plagiat ou des emprunts apparaît beaucoup plus efficace à long terme.
Sortir de l’apathie
Notre société ne semble plus se soucier des implications éthiques des comportements, spécialement ceux de ses jeunes. Dans les écoles, une apathie s’est installée face à la tricherie. C’est à chacun des membres du groupe, professeurs, étudiants, administrateurs, de defendre les valeurs du groupe; autrement le groupe se disloquera à la première occasion.
Les jeunes d’aujourd’hui ne sont pas moins honnêtes que leurs prédécesseurs. La question n’est pas de savoir si les choses sont pires, mais bien si elles sont assez mauvaises pour attirer l’attention et l’action concertée. Ce que ce sondage nous dit, c’est que notre infrastructure morale est en mauvais état et que ce n’est plus le temps de se lamenter mais d’entreprendre des actions songées et positives.
Pour l'article complet : Lie, cheat and steal: high school ethics surveyed
30 percent of students have stolen from a store; 64 percent have cheated.