"Les logiciels dits libres ont atteint aujourd'hui un niveau de maturité technique qui en fait une alternative fiable, stable, adaptable et pérenne aux logiciels dits propriétaires." Voilà comment s'amorçait la directive récente du Département de l'Instruction Publique (DIP) du Canton de Genève. En effet, la Suisse qui se gardait encore un droit de réserve sur les logiciels libres décide de prôner pour le logiciel libre en éducation.
Qu'est-ce qui a fait changer d'idée le DIP ? Tout d'abord, l'option monétaire. En effet, si ce ne sont pas tous les logiciels libres qui sont gratuits, il n'empêche qu'une licence de logiciel libre peut s'avérer moins onéreuse au bout du compte qu'une licence d'un logiciel corporatif.
Mais en fait, c'est surtout une question d'ouverture et de liberté pour les utilisateurs qui motivent cette directive. En effet, dans la directive, on explique : "L'utilisation d'outils et de standards libres permet de garantir la sauvegarde et le partage des documents produits par les enseignant-e-s." De plus, on aborde l'aspect qu'il sera alors facile pour l'étudiant d'utiliser le même logiciel qu'à l'école et que l'apprentissage est facilité par un outil dont on peut apprendre le fonctionnement (ce que permet les logiciels libres).
La facilité d'accès aux documents est également mise en cause. C'est pourquoi une autre directive du DIP stipule que désormais les documents éducatifs qui ne demandent pas de modification par le destinataire soient publiés en format PDF et que ceux qui demandent une modification soient en format OpenDocument. Ces formats constituent alors une garantie que les documents pourront être lus facilement à l'aide de plusieurs logiciels contrairement à d'autres formats uniques.
Le DIP propose donc dans sa directive sur le logiciel libre en éducation que les institutions qui songent à des plateformes informatiques priorisent l'utilisation de logiciels libres. Également, les institutions de formation devront éventuellement migrer vers les logiciels libres à moins qu'ils puissent expliquer au DIP pourquoi l'utilisation et l'acquisition d'un logiciel non libre est indispensable dans leur cas.
Cette perte de neutralité du pays face aux logiciels libres a de quoi surprendre, mais est perçu par les défenseurs du logiciel libre en éducation comme une victoire. Il faut dire que ce n'est pas le seul pays d'Europe à se poser des questions sur le sujet: l'Angleterre et l'Espagne ont aussi des débats sur la question. La France garde néanmoins sa neutralité sur le sujet pour le moment. Ce mouvement de la Suisse sera-t-il répercuté chez ses voisins européens ? Ou dans le monde ? Un dossier à suivre.
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