Afrique : des cours, des ressources et des institutions
De belles opportunités d’entendre sa voix et de partager sa culture, sa littérature et son histoire.
Publié le 25 janvier 2009 Mis à jour le 25 janvier 2009
La quête du savoir a pendant
longtemps été l’une des marques de fabrique de l’aire culturelle
arabo-musulmane. Le Prophète de l’Islam lui-même incita les croyants à
L’une des réponses à cette recommandation a été donnée par l’immense géographe d’origine marocaine Al-Idrîsî (ou Al Idrissi). Ce savant, et à l’époque nul ne pouvait prétendre en être sans détenir un savoir encyclopédique (voir mon dernier article ici même), a vécu à la cour cosmopolite du roi Roger II de Sicile. Il y a développé une méthode de travail très moderne faite d’observations, d’analyses et de recoupement de données. Sa décomposition du monde connu en zones climatiques et leur croisement avec des aires géographiques préfigure clairement le repérage actuel en latitude et longitude. Les itinéraires qu’il a pu mettre à jour ainsi se révèlent être de véritables explorations scientifiques, riches en détails sur la nature, les mœurs et coutumes mais aussi en descriptions précises sur les routes empruntées ou encore l’architecture des villes visitées. Sa grand œuvre, Géographie, est un remarquable atlas compilant plus de 5000 entrées.
La modernité d’Al-Idrîsî tient à
sa rigueur scientifique mais aussi à sa capacité d’explorer le monde à
distance, en prenant appui sur des témoignages fiables, car constamment recoupés,
tout en utilisant des instruments de précision pour reconstituer ses plans et
cartes. Celle d’
Comment alors rendre la richesse des récits de voyage d’Al-Idrîsî ou Ibn Batouta sans se perdre dans la complexe syntaxe des descriptions de l’époque ?
Il y a d’abord le remarquable travail de la Bibliothèque Nationale de France, qui a consacré un espace au Monde d’Al-Idrîsî et plus généralement aux apports de la géographie arabe. Le site nous livre quelques pistes pédagogiques fort intéressantes en ce qu’elles nous permettent d’appréhender l’environnement historique de la Méditerranée du Moyen-âge dans sa complexité culturelle, scientifique et politique. Une façon donc de voir au-delà de la carte…
L’approche un peu différente développée par l’Université du Québec à Chicoutimi n’en est pas moins remarquable. Basée sur la numérisation des cartes à partir des récits d’Ibn Batouta, elle invite les plus téméraires à lire le texte également accessible sur le site ou, à tout le moins, l’excellente notice qui l’introduit.
Ces deux exemples, et il en existe bien d’autres, montrent comment les TIC peuvent nous aider à restituer un tant soit peu la complexité du réel, y compris celui d’une époque qui nous parait aujourd’hui archaïque. Et préparer nos enfants à comprendre, à travers les récits des voyageurs et les approximations des cartographies anciennes, comment s’est opérée la longue construction du savoir universel, loin des fulgurances médiatiques contemporaines et des raccourcis simplificateurs. Une autre façon en quelque sorte de voir, au-delà de l’apparente "étrangéité" de l’Autre, la richesse que peut nous procurer sa connaissance.
P.S. :
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