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Publié le 24 février 2009 Mis à jour le 24 février 2009

Pour les professionnels de l'éducation, quels sont les freins à l'apprentissage en ligne ?

Entre les engagements et la concrétisation, bien des considérations sont présentes.

L'apprentissage en ligne (connu chez les Anglo-saxons comme le Online Learning)  est reconnu et on sent un vent d'excitation lorsque vient le temps de parler de ce sujet. Pourtant, on remarque que si la plupart des institutions se disent favorables aux projets d'apprentissage en ligne, cette parole ne mène pas nécessairement aux actes.

Deux chercheuses canadiennes ont remarqué cet écart important entre la pratique et "l'enthousiasme" des institutions et ont cherché à comprendre ce qui pouvait freiner l'implantation d'apprentissage en ligne dans le milieu scolaire. À l'aide de questionnaires et d'entrevues qu'elles ont réalisées dans différentes institutions en Colombie-Britannique, elles ont pu déceler quatre facteurs susceptibles de freiner l'implantation d'apprentissage en ligne.

Qu'est-ce qui cause des doutes sur l'apprentissage en ligne ?

Les chercheuses Betty Mitchell et Iris Geva-May ont démarré cette recherche avec l'hypothèse suivante: à partir de la littérature sur le sujet de l'apprentissage en ligne, quatre facteurs ressortaient du lot pour expliquer une certaine crainte, un niveau d'inconfort face à l'apprentissage en ligne : la réticence intellectuelle; le support; les changements dans l'institution et finalement, le rapport coût/bénéfice. À la suite des réponses aux questionnaires et aux interviews, la recherche a démontré que l'hypothèse était exacte, mais qu'évidemment certains facteurs étaient plus importants que d'autres. Mais définissons ces facteurs avant de montrer quels sont les plus importants.

La "réticence intellectuelle", ce sont les doutes que peut éprouver un individu par rapport à l'apprentissage en ligne comme étant de moins bonne qualité que l'apprentissage en classe, moins fourni, plus facile, etc.

Le "support" est le sentiment ou non d'être supporté ou accompagné (avoir de l'aide, un bon soutien technique, une utilisation d'apprentissage en ligne qui n'est pas trop lourde et longue à administrer) par l'administration, la faculté, le gouvernement, etc.

Les "changements institutionnels" sont de deux ordres : la structure institutionnelle de l'établissement d'enseignement d'une part, les emplois (peur de perdre mon emploi, d'avoir plus ou moins de tâches à effectuer, etc.).

Finalement, le "rapport coût/bénéfice" désigne les craintes que l'institution n'ait pas les moyens de supporter le financement d'un tel système, que l'implantation d'apprentissage en ligne utilise les fnds autrefois dévolus à d'autres secteurs, etc.

Si on devait faire un palmarès, on pourrait dire que le facteur numéro un de réticence est le changement de fond des institutions (la structure). Les répondants à l'étude ont massivement avoué que l'implantation d'apprentissage en ligne provoquait des changements importants de structure dans une école, des changements qui peuvent causer certaines craintes. Par la suite, les différences entre les différentes craintes sont peu élevées. Néanmoins, on mettrait au deuxième rang le support, en troisième le rapport coût/bénéfice et finalement, ex-aequo, la réticence intellectuelle et les changements sur l'emploi.

Qui s'inquiète en particulier ?

Y a-t-il une corrélation entre sa position dans l'institution et la crainte de voir s'implanter une plateforme d'apprentissage en ligne ? Les répondants à l'étude ont été caractérisés selon quatre variables : fonction dans l'établissement (enseignement ou administration); pour les enseignants, discipline enseignée (domaine académique ou professionnel); ancienneté dans la profession; niveau d'expérience avec l'apprentissage en ligne.

Les chercheurs ont constaté que le niveau de réticence face à l'apprentissage en ligne dépendait de trois facteurs. Tout d'abord, on a remarqué beaucoup plus d'inquiétude chez les membres du personnel de l'école que chez les administrateurs. De plus, les professeurs de domaines les plus académiques sont plus inquiets que ceux qui enseignent dans des domaines (matières) professionnels. Finalement, ceux avec une plus grande expérience avec l'apprentissage en ligne sont beaucoup moins inquiets que ceux qui en ont moins, voire pas du tout. Par contre, on n'a remarqué aucune corrélation entre le nombre d'années d'expérience d'un individu et ses craintes par rapport à l'apprentissage en ligne.

Un bilan assez positif

Le bilan des chercheuses s'avère malgré tout assez positif. Tout d'abord, parce qu'en confirmant l'influence des quatre facteurs mentionnés plus haut, on peut déjà être certain qu'il faut travailler sur ces points pour implanter une plateforme d'apprentissage en ligne sans craintes. Deuxièmement, parce que le niveau de réticence et d'inquiétude par rapport à l'apprentissage en ligne n'est finalement pas très élevé. On aurait pu s'attendre, vu toute la complexité qu'implique le domaine de l'apprentissage en ligne, à un niveau plus élevé de réticence. Pourtant, non. Les réticences existent, mais il y a une possibilité de les abaisser peu à peu. Il revient aux membres et aux administrations des institutions scolaires de prendre en compte cette étude lors d'implantation de plateforme d'apprentissage en ligne.

L'étude (en anglais) se trouve intégralement ici.


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