Travailler sur la visualisation de données, ce n'est pas seulement fournir des outils aux amateurs de chiffres et de statistiques, mais c'est réfléchir à la façon la plus intelligente d'afficher l'information dans des champs aussi variés que la biologie, la sociologie, l'économie ou l'éducation en ligne.
Manuel Lima explique dans une vidéo de Digup.tv, un site de création numérique, combien il est primordial dans notre société d'abondance informationnelle de donner du sens aux masses de données disponibles.
La cartographie avait cette vocation dès ses origines mais l'évolution technologique et l'interactivité permettent de révéler des dynamiques cachées dans le flot des données. La collaboration entre différentes disciplines scientifiques et artistiques est ici précieuse : le design et l'aspect visuel des données deviennent vraiment des questions qui intéressent le biologiste, le physicien, le sociologue.
Il évoque "Le spectre de la compréhension" de Nathan Shedroff, théoricien du design : les données se convertissent en informations, puis en connaissance, enfin en sagesse.
Son site personnel, Visual complexity, présente un grand nombre de projets de visualisation de données.
Face à l'excès d'informations, il rappelle que le rôle d'un designer est de scénariser l'interactivité et pour cela de morceler l'information, de rendre les « morceaux visibles un par un ».
C'est un travail d'artiste : impliquer le spectateur, rendre le contenu plus séduisant, lui apporter une dimension esthétique sont des éléments importants; mais c'est aussi un travail conceptuel et intellectuel : rendre les choses plus claires, faire ressortir leurs rapports constituent des finalités tout aussi essentielles.
On perçoit très bien comment l'interactivité n'est pas seulement une affaire de réponse informatique, combien Internet a opéré une révolution dans nos façons de comprendre le monde. Utiliser des formes, des couleurs, des lignes, et jouer sur leurs agencements pour communiquer clairement des informations appropriées représente une sorte de nouveau langage dont il nous reste à affiner la syntaxe.
Le problème, en dépit de l'incroyable séduction des outils, reste très humain : il implique un véritable échange entre ceux qui veulent montrer ( Quoi ? Pourquoi ?) et ceux qui savent le faire. C'est encore et toujours une question de choix éditorial.
Voila un métier assez proche de celui de l'enseignant en ligne, non ?
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