Le mur, symbole de la résistance à l’envahisseur
De la muraille du château fort jusqu’à la Ligne Maginot, le mur représente l’ouvrage de défense le plus élémentaire et le plus courant. Il symbolise également la peur du "fort" contre le "faible", ce dernier étant perçu comme une menace diffuse, qui met en cause les règles du jeu auquel excelle le fort.
Le plus tragique exemple de cette obsession de l’enfermement comme principal moyen de défense nous est bien sûr fourni par le mur qui sépare Israël et les Territoires occupés, en empiétant sur ces derniers. Le mur a ici rempli son objectif initial, qui était de stopper (ou de diminuer) les attentats terroristes commis en direction des Israéliens; mais d'une part, ces initiateurs ont riposté au mépris du droit, et d'autre part, si le problème premier a disparu, il a été remplacé par un autre, de gravité au moins égale, qui a à son tour engendré une riposte encore plus forte.
Un autre exemple, pas plus glorieux, de cette volonté de repousser l’Autre hors de son propre territoire, est celui du mur construit sur la frontière du Mexique par les Etats-Unis. Combien de kilomètres de mur faudra t-il pour que les ressortissants d'Amérique latine ne soient plus fascinés par la richesse et le dynamisme des Etats-Unis ?
Pourtant, l’histoire pourrait porter ses leçons, surtout lorsqu’on y constate, aux quatre coins du monde et quelle que soit l'époque, que ces murs frontières n’ont jamais permis à une quelconque puissance de survivre, dans un isolement qu’on qualifiera de splendide ou de sinistre, selon le côté du mur que l’on choisira…
Certes, le mur de Berlin a rempli son office pendant une quarantaine d’années, avant d’être détruit par les descendants de ceux qui l’avaient construit. Car les grands équilibres géopolitiques avaient radicalement changé pendant cette période ; le plus grand ennemi des murs, c’est bien le temps, le temps qui fait bouger les lignes et voir apparaître de nouveaux acteurs dans une pièce dont on ne connaît jamais la fin.
Le plus grand mur du monde... absolument inefficace
La grande muraille de Chine, voici un mur qui dure ! Sans devoir grimper jusqu’à la lune, Google Earth nous permet de la voir depuis le ciel. Sa construction occupa les empereurs successifs d'une Chine à géométrie variable pendant plus de deux mille ans… Là encore, il n’était question que de se protéger des tribus étrangères, « non chinoises », comme si le mélange était en lui-même porteur de danger… Mais la Muraille a t-elle tenu ses promesses ? Apparemment, non, comme le précise le site Terra Nova :
En l’an 1279, la Grande Muraille n’arrête pas les Mongols. Ils établissent leur propre dynastie, celle des Yuan.
Jusqu’en l’an 1368, la Grande Muraille tombe dans l’oubli. Puis la dynastie des Ming chasse les Mongols.
Ce sont eux qui ont construit la plus grande partie de ce que l’on connaît aujourd’hui. Sous cette dynastie, il y avait jusqu’à un million de soldats sur la muraille.
Pourtant, les stratèges de l’époque devaient savoir que cette muraille n’arrêterait pas l’ennemi. C’est l’un des mystères que l’on n’a toujours pas élucidé.
Aussi imposante soit-elle, elle n’a jamais empêché les incursions des Xiongnu (nomades du nord et de l’ouest).
En 1644, l’histoire se répète. Les Mandchous envahissent la Chine sans problème. La dynastie mandchoue des Qing règnera jusqu’en 1911.
"Parler à un mur", c'est s'adresser à quelqu'un qui ne vous écoute pas; le mur symbolise l'échec de la communicaiton ou plutôt, la victoire de l'unique communication par la violence. D'autres epaces doivent s'ouvrir, comme autant de brèches, qui permettent l'expression politique des adversaires, à condition que tous respectent l'engagement de déposer les armes; d'autres espaces doivent s'ouvrir, qui permettent au plus riche d'oeuvrer efficacement à l'enrichissement du plus pauvre, non seulement par esprit de charité, mais pour protéger ses propres intérêts.
Illustration : Kostov, Shutterstock.com
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