Le désert a ceci de particulier qu’il rend simple ce qui semble de prime abord compliqué. Les idées s’y transforment plus facilement qu’ailleurs en principes et convictions. L’aridité du paysage incite le voyageur à aller à l’essentiel.
Le désert nous enseigne aussi deux autres vertus : se montrer patient et économiser les ressources, notamment hydriques, forcément rares et donc précieuses.
Ces sagesses du désert, peut-on les enrôler dans l’acte pédagogique ? Comment rendre limpide ce qui est ardu et complexe à apprendre ? Comment accéder à l’essence des savoirs ? Comment prendre le temps d’expliquer les idées, ou de les comprendre, et, enfin, comment gérer les ressources de façon raisonnée pour les préserver ?
Voici quelques boussoles pédagogiques, en autant d’adverbes célèbres, pour se repérer dans ce qui nous semble être parfois l’immensité de nos déserts pédagogiques !
"Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement…"
Tout enseignant est confronté à un moment de sa pratique à la nécessité de rendre simple et attrayant le savoir qu’il est censé transmettre. Voire. Un "bon" enseignant est évalué à l’aune de cette capacité à restituer les connaissances dans un format accessible aux apprenants. Une capacité qui est le résultat d’une alchimie unique, faite de techniques acquises en formation, d’expérience de la classe ou encore de qualité de l’écoute développée vers les élèves. Mais pour rendre une connaissance "digérable" par l’élève encore faut-il maîtriser son sujet. En posséder les moindres arcanes. Ce qui parait évident ne l’est pas toujours. Un exemple parmi d’autres, pour parler du désert : peu de d’acteurs associatifs ont une idée précise des enjeux pour préparer une action de solidarité. Comme ici pour le Sahel. Heureusement, l'action de solidarité, cela s'enseigne, ici par exemple...
Une fois le sujet maîtrisé, il faut souvent s’entraîner à acquérir les techniques de la restitution. Qu’elle soit orale avec des jeux de rôle au théâtre ou sur papier comme dans cet atelier, tentative d’apprentissage de l’expression écrite aujourd’hui peu exploitée et dont les archives disent pourtant toute l’originalité.
"Rompre l’os pour sucer la substantifique moelle"
Cependant, la connaissance d’un thème ou d’une réalité nécessite parfois d’aller voir au-delà de ce qui est apparent, d’en extraire la quintessence. Derrière la vie dans le désert se profile une toute autre problématique, celle du développement durable, qui est un enjeu majeur pour le devenir de la planète en entier. Avec des initiatives qui suscitent la curiosité sinon l’espoir comme cette "utopie verte" dans le désert d’Abou Dhabi.
Hâtons-nous d'éduquer au développement durable nos enfants pour les inciter à comprendre les enjeux de la réalité qui nous entoure. Et à apprendre à aller au bout de leurs investigations alors même que tout les invite à surfer, c’est-à-dire souvent à demeurer sur la crête des vagues.
"Cent fois sur le métier remettre son ouvrage"
Le maitre mot pour acquérir cette posture est la patience. Une vertu dont il faut faire l’éloge et comprendre le sens. La patience est une étape essentielle vers l’autonomie comme nous l’apprend ce petit renard, qui se métamorphose en fennec dans le désert. Apprendre la patience c’est apprendre à renoncer ou, à tout le moins, à différer son désir et donc, nous disent les psychanalystes, à se socialiser en faisant les règles de la vie en groupe.
Mais la patience est aussi une morale de vie qui permet d’écouter l’autre et de le respecter. C’est bien ce que traduit cette recommandation du peintre Delacroix à son retour d’un séjour fécond au Maroc : "Vous vous battez et conspirez; fous ridicules que vous êtes ! Allez en Barbarie apprendre la patience et la philosophie".
Patience, mesure, humilité, discrétion, toutes qualités qu’un bon pédagogue se doit de posséder pour atteindre son objectif. Il en est une autre, essentielle s’il en est par ces temps de pénurie : savoir gérer ses ressources.
"Qui veut aller loin ménage sa monture"
Là encore le désert est une grande école. On y apprend notamment à abandonner les habitudes de dilapidation, hélas tellement répandues. C’est bien sûr le cas de la ressource énergie dont la maitrise est à la base de tout développement durable. Et plus particulièrement de l’eau dans les zones arides… et ailleurs.
Bref, le net recèle bien des trésors, pour arriver à bon port dans le désert. Sain et sauf et souvent riche d’une expérience à nulle autre pareille.
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