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Publié le 01 mars 2005 Mis à jour le 01 mars 2005

Ce que la formation à distance peut apprendre de l’industrie automobile

Comparaison entre le marketing de l'automobile et celui de l'éducation

L’industrie automobile représente un succès commercial et marketing indéniable. Impossible d’y échapper.

À partir d’un besoin de base (se déplacer), elle a su s’imposer face à toutes les autres alternatives (90 % du transport urbain); dans certains milieux elle les a même annihilées.

Avec une voiture, vous pouvez prétendre faire partie de la civilisation... Elle ne se présente même plus comme la réponse au besoin inital; on la vend maintenant comme un élément de prestige social, de plaisir ou d’aventure...

Mais à force de transposer un élément de la sphère privée (le besoin de transport individuel) dans la sphère publique, avec les outils de la sphère publique (le marketing), la réponse à un problème personnel est devenu un problème public.

La vitesse moyenne d’une voiture est de moins de 60 km/hre, en diminution régulière, à mesure que le nombre de voitures augmente. Dans les villes, un vélo est plus rapide qu’une voiture.

En additionnant pollution de l’air, étalement urbain, perte d’espaces verts, bruit, accidents et blessures, embompoint, dégradations de toutes sortes, endettement, etc. l’équation économique qui a jusqu’ici favorisé le transport automobile individuel (meilleurs transports et mobilité favorisent la productivité et la richesse collective) devient de moins en moins intéressante.

Même avec des voitures plus performantes et «écologiques» l’équation demeure quand même négative et contre-productive. À regarder les publicités, les routes deviendront bientôt des habitats pour la faune et la flore.

Ce qui n’empêche l’industrie de continuer de plus belle : il y a encore deux milliards de chinois et d’Indiens qui n’ont pas de voiture.

Un problème individuel ?

Comme pour la responsabilité du fumeur, l’industrie automobile ne se reporte officiellement que sur l’individu : elle le stimule à prendre individuellement la responsabilité de son transport. De plus la compétition dans l’industrie est forte et la qualité des produits est élevée. La créativité, l’ingéniosité et les ressources investies volontairement sont fabuleuses, toujours avec l’accord et sous la pression des individus. Les individus paient, l’industrie pétrolière perçoit et transmet l’essentiel de l’argent aux gouvernements (40 à 70 % de taxes sur l'essence). Suivez l’argent.

Pourtant il s’agit d’un groupe (une industie) qui s’impose à la collectivité et qui prend soin de son lobby politique autant que de son marketing. La réponse au problème qu’elle est devenue ne peut venir que de la collectivité et non de l’individu isolé. La collectivité gagnera a augmenter sa tutelle politique sur l’industrie.

Et l’éducation

L’éducation suit à peu près le chemin inverse : elle est une réponse collective à un besoin individuel. L’état a pris responsabilité pour l’individu : une société éduquée est simplement plus forte. L’état détermine les programmes, les normes, etc.; il organise les groupes qu’il paie ou subventionne.

L’Éducation n’a jamais ou presque fait de marketing, sa clientèle est acquise, légalement soumise jusqu’à 16 ans. L’individu paie l’éducation par ses taxes (sans avoir de choix). Le gouvernement transmet aux institutions. Suivez l’argent

La compétition est réduite et, même si les ressources investies sont là aussi colossales, le rendement obtenu est faible. On prend de plus en plus de temps pour former une personne compétente et responsable. On constate beaucoup de débats et de réformes stériles dans le milieu. Je ne sais pas si l’équation économique de l’éducation est devenue négative, mais elle est sûrement moins favorable qu’avant.

Bref, si on la compare à l’industrie automobile, l’éducation est presque devenue son portrait opposé. Il s’agit d’une classe politique qui impose aux individus et à l’industrie éducative des choix qui, aussi avisés soient-ils, ne demeurent jamais longtemps une réponse au potentiel de l’industrie éducative ni aux voeux des citoyens.

Une augmentation de la responsabilité individuelle, stimulée par l’industrie éducative (institutions publiques et privées) diminuerait sa tutelle politique. La formation à distance et Internet sont des moyens efficaces en ce sens. En d’autres termes, les institutions gagnent à augmenter leurs revenus autonomes et les citoyens à énoncer directement leurs intérêts.

Retirer l’éducation du domaine public ? Non, il ne s’agit pas de cela. Il s’agit d’équilibrer le rapport de force des citoyens et étudiants pour qu’ils puissent faire pression sur le domaine public, mieux qu’ils ne le font actuellement. La façon dont les institutions recoivent l’argent influe directement et clairement sur le pouvoir et l’autonomie dont elles disposent.

Marketing

Se déplacer pour se déplacer, étudier pour étudier... les deux semblent aussi vains l’un que l’autre. On ne fait pas plus la promotion du transport que de l’éducation sans finalité. Si l’industrie automobile a perdu la tête, l’éducation, grâce au marketing, n’est pas obligée de faire de même en s’imposant aux esprits des individus. Il y a un juste milieu entre le martelage et le maternage. Tout de même, entre 2 et 5 % des revenus de l’industrie automobile sont consacrés au marketing. Imaginez l’impact si l’éducation en faisait autant !

L’éducation peut apprendre de l’industrie automobile ses méthodes de marketing. Les finalités de l’une et de l’autre sont de transporter ou d’enseigner pour faciliter l’atteinte des buts de la société ET des citoyens.


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