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Publié le 01 mars 2011 Mis à jour le 01 février 2023

Comment les apprenants retiennent-ils ?

Pourquoi les résultats varient-ils autant d'un individu à l'autre ?

Et vous, comment retenez-vous ? A cette question, pas de réponse unique. Non seulement parce que chacun a ses trucs pour mieux mémoriser les apprentissages réalisés, mais aussi parce qu'à contenu égal, à délai égal entre le moment de l'apprentissage et le moment de la restitution, les résultats varient considérablement d'un individu à l'autre.

C'est ce qu'a voulu démontrer le professeur Will Talheimer, spécialiste de l'apprentissage, dans un rapport intitulé "How Much Do People Forget ?", librement téléchargeable sur son site. Un billet de blogue du même professeur nous en fournit quelques points clés.

Pour étayer ses dires, Talheimer a étudié différents articles de recherche portant sur la mémoire des apprentissages.

Pas de mémorisation standard

Tout d'abord, il faut savoir que les affirmations du genre "On oublie 40 % de ce qu'on a appris en 20 minutes et 77 % en six jours" sont complètement fantaisistes. Les recherches montrent qu'il est impossible d'établir une fourchette, même large, de pourcentage de contenus mémorisés en une période donnée. Par exemple, un à deux jours après un apprentissage, ceux qui l'ont suivi ont oublié de 0 à 73 % de ce qu'ils avaient appris. Plus fort encore : un à deux ans après un apprentissage, les apprenants ont oublié entre 16 à 94 % de ce qu'ils avaient appris !

Ce que l'on sait également, c'est que la mémorisation est influencée par de nombreux facteurs :

  • Les contenus eux-mêmes;
  • Les priorités de l'apprenant;
  • Sa motivation;
  • L'efficacité des méthodes d'apprentissage utilisées;
  • Le contexte de l'apprentissage d'une part, de la remobilisation des savoirs ensuite d'autre part;
  • Le temps pendant lequel les nouveaux savoirs doivent être retenus;
  • La difficulté de l'épreuve incluant la remobilisation des savoirs acquis... Entre autres choses.

Will Talheimer insiste sur l'importance des méthodes d'apprentissage utilisées. Plus l'apprentissage a de sens, plus la mémorisation sera grande. A condition que la situation de restitution des acquis soit elle aussi signifiante.

Des apprentissages et des restitutions en contexte

Il recommande donc aux enseignants et autres professionnels de l'apprentissage :

- D'admettre que les apprenants vont oublier... de ne pas faire comme si ils avaient retenu une fois pour toute !

- D'aligner la situation d'apprentissage et la situation de restitution : dans les deux cas, situer les apprentissages et ce dont il faut se souvenir en contexte (cela semble être une notion clé). Procéder par simulations, par questions scénarisées, par le biais de pratiques réalistes, proches du contexte d'utilisation réelle des savoirs supposément acquis.

- De vérifier auprès des apprenants qu'ils ont mémorisé les apprentissages en contexte, en évoquant une situation similaire à celle qui leur a été fournie lors de l'apprentissage initial.

- D'organiser des séances de rappel des savoirs les plus importants, là encore en les mettant dans un contexte d'utilisation proche de la réalité.

Oublier les méthodes qui ne font pas retenir !

En lisant ces propositions, on se dit qu'elles relèvent du bon sens, mais on doit aussi admettre qu'elles ne correspondent guère à la manière dont sont effectués de nombreux apprentissages scolaires.

  • Les listes de verbes irréguliers à apprendre par coeur hors de tout contexte,
  • les notions mathématiques remobilisées plusieurs années après l'apprentissage initial sans qu'il y ait eu de séances de rappel entre temps,
  • les règles de grammaire suivies d'exercices mécaniques sur des textes qui n'ont aucune signification personnelle pour l'apprenant,
  • les énoncés de problèmes scientifiques qui "font vrai" mais n'intéressent absolument personne (du genre : "José veut mesurer la tour Eiffel. Il dispose pour cela d'une règle de 50 cms de long..." exemple véridique !),
  • l'application aveugle de programmes linéaires, dont la logique n'est apparente que pour ceux qui les ont conçus...

Tout cela entrave la mémorisation.

Mettre l'apprenant au centre, c'est aussi prendre en compte ce que l'on sait (par expérience et en s'appuyant sur les résultats de la recherche) des mécanismes d'apprentissage et de mémorisation, admettre que la motivation et les priorités, que l'on peut stimuler avec des mises en contexte réalistes et des environnements que l'apprenant aura plaisir à découvrir, sont capitales dans le processus. Il existe des méthodes plus adaptées que d'autres pour faciliter la mémorisation, utilisons-les.

How Much Do People Forget ? Blogue Will at Work Learning, 14 décembre 2010.

How Much Do People Forget ? Talheimer W, avril 2010, rapport complet téléchargeable en pdf sur http://www.work-learning.com/catalog.html **

Illustration : LunchByte-Create-Learning-Rochester NYMichael Cardus, Flickr / CC BY 2.0


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