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Publié le 08 mars 2011 Mis à jour le 08 mars 2011

Mais où est passée la culture européenne?

Quelles places pour la société, l'éducation et la culture en Europe ? Pouvons-nous croire en une unité au sein de laquelle les diversités seraient conservées?

Ouverture des frontières, espace Schengen, libre circulation des personnes... Nous pouvons parler de l'Europe comme d'une communauté, sur plusieurs niveaux, essentiellement politique et économique. Mais quelles places pour la société, l'éducation et la culture? Pouvons-nous croire en une unité au sein de laquelle les diversités seraient conservées?

La culture européenne existe-t-elle vraiment?

Si les frontières entre pays de l'Union Européenne sont effacées, ou presque, chaque pays n'en garde pas moins une identité forte et unique, une culture qui lui est propre, même si des courants de pensées, des idées peuvent bien sûr se rejoindre entre un Bulgare et un Espagnol. La première observation flagrante est que chaque pays semble souffrir d'un puissant chauvinisme (avec une exception faite peut-être, de la France), souvent peu à même de discuter ou même de s'ouvrir à la culture nationale des autres pays. On assiste à l'alimentation quasi-constante d'un puzzle d'identités, de courants culturels et artistiques formant l'Europe d'aujourd'hui, et où chaque membre de la "famille" semble se déclarer comme étant le plus intéressant ou le plus exhaustif.

Dans un article consacré à la culture européenne et à l'ouvrage "Mainstream" de Frédéric Martel, Réjane Ereau peint un tableau un peu assombri du Vieux Continent, précisant que ces dernières années, l'exportation de produits culturels européens a reculé de 10 % par an en moyenne. La faute notamment à l'invasion de la culture américaine qui, il est important de le préciser, représente 50 % des exportations mondiales. Nous sommes donc tous un peu - voir beaucoup - américains, partagés entre les produits US (films, musique...) et nos produits nationaux. La culture européenne, dans tout ça, a du mal à se frayer un passage.

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La faute à "un retard technologique, une insuffisance de l'innovation, une méfiance à l'égard du numérique" explique Frédéric Martel, mais aussi à " la définition même de culture en Europe, élitiste souvent, anti-mainstream aussi, pas en phase avec la mondialisation". Aujourd'hui donc, l'Europe culturelle c'est l'Amérique et des nations.

Balayer les clivages et unifier

L'évidence semble d'essayer de créer cette unité européenne, inexistante, mais avec une première difficulté que n'ont pas les américains : la barrière des langues. Un terreau qui semblerait donc déjà favorable au développement d'une culture globale, serait déjà d'enseigner dès le plus jeune âge une langue qui deviendrait langue commune : le français, l'anglais... Mais d'après l'auteur de "Mainstream", cela ne suffit pas. Il faut aussi un moteur puissant, vecteur d'innovation, de financements rapides, un grand groupe industriel comme Vivendi ou Lagardère, par exemple, pour faire avancer les choses rapidement. Sauf que ces groupes produisent aujourd'hui principalement de la musique, des films, des jeux vidéos... anglo-saxons.

Jérome Triaud, conservateur de bibliothèque et auteur d'une article sur le même sujet, semble penser que le salut viendra des politiciens, au moins en partie. "Il faut bien une volonté politique. Elle suppose un changement de posture : vouloir distinguer ce qui est commun aux Européens, au-delà de leurs cultures nationales". Dépasser les clivages, en fait, et balayer cette pseudo-évidence qui voudrait que nous avons aujourd'hui plus en commun avec un New Yorkais qu'avec un Pragois.

Sans diaboliser la culture américaine donc - là n'est pas la bataille - il faudrait la détacher de sa culture nationale pour réfléchir à nos points communs, en tant qu'habitants d'un même continent. Une sorte d'ouverture finalement. Volonté politique, industrielle, médiatique? La solution ne semble pas toute trouvée, d'autant plus qu'il ne s'agit pas d'effacer les diversités régionale et nationales existantes.

L'éducation et l'enseignement auront en tous cas leurs rôles à jouer, notamment en terme d'apprentissage de la langue mais aussi de la culture et de l'histoire de l'Europe dans sa globalité. Français, oui, mais Européen aussi.

Sources :"Culture européenne, où es-tu?" de Réjane Ereau
"La culture européenne existe-t-elle?" de Jérôme Triaud

Illustration :

Haut : Praha /  jmcruz, Flickr / CC BY 2.0

Bas :Flickr - Licence CC by Anthony Citrano.


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