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Publié le 22 février 2011 Mis à jour le 22 février 2011

Des cours massivement multi-apprenants

Depuis trois ans maintenant, les MOOC attirent plusieurs centaines d'apprenants du monde entier pour des sessions de douze semaines de cours. Qu'y aprend-on et comment ?

On connaît les jeux massivement multijoueurs, qui voient  des milliers de joueurs interagir autour de tâches complexes, se lier en guildes, se combattre et tenter de réaliser les quêtes qui les feront progresser en puissance et en connaissance.

On connaît moins en revanche les cours en ligne massivement multi-apprenants, qui voient se retrouver des centaines d'apprenants sur les réseaux sociaux, sur une plateforme de conférence où se déroulent les webinaires et sur le site du cours, pour échanger et laisser croître la connaissance sur un sujet donné, qu'ils apprennent à maîtriser par le biais de l'expérience. Ces cours s'appellent MOOC (Massive open online course) en anglais, c'est à dire dans la langue de leurs créateurs.

Un dispositif libre et ouvert, chacun y trouve sa place

C'est en 2008 que George Siemens et Stephen Downes, respectivement chercheur à l'université d'Athabasca et chercheur en éducation au Canada's National Research Council, ont lancé la première édition du MOOC consacré au connectivisme en tant que théorie de l'apprentissage, à laquelle participèrent plus de 1 200 inscrits du monde entier. La seule condition indispensable à la participation étant de maîtriser l'anglais.

Depuis, les cours consacrés au connectivisme accueillent plusieurs centaines d'apprenants chaque année, et l'offre a été complétée par des cours sur les environnements personnels d'apprentissage (PLENK : Personnal Learning Environments, Networks and Knowledge).

Le principe de participation à un MOOC est fort simple : il suffit de s'inscrire sur la page du cours et vous pouvez immédiatement commencer. Chaque semaine, un nouveau sujet est abordé.

Les apprenants ont différents matériels à leur disposition :

  • Des lectures conseillées, mais en aucun cas obligatoires;
  • Deux webinaires hebdomadaires, soit des audioconférences illustrées en ligne distribuées sur Elluminate, l'une étant composée d'un exposé réalisé par un invité, l'autre une discussion à bâtons rompus avec l'un des facilitateurs;
  • Et surtout, la masse des contributions des apprenants eux-mêmes, collectées en partie dans le bulletin quotidien qui arrive dans la boite de courriel des apprenants, ou localisées sur les pages ouvertes à l'initative des apprenants sur différents sites sociaux (Linkedin, Facebook). 

A partir de ce matériel, les apprenants sont absolument libres de faire ce qu'ils désirent. Comme l'écrit sur son blogue l'un des participants au MOOC10 sur le connectivisme : "Nous pouvons et devons choisir quand, quoi, où, à quel moment, nous allons apprendre et avec qui".  Il ajoute que Stephen Downes suggère quatre étapes dans l'apprentissage : agrégation, remix, reformulation, diffusion.

On l'aura compris, dans le MOOC sur le connectivisme, les participants sont invités à expérimenter l'apprentissage connecté en réseau, et dans le MOOC sur les environnements personnels d'apprentissage, ils constituent le leur.

Apprendre en faisant, tel est le principe de base de ces cours. Bien entendu, on peut tout à fait imaginer des MOOC dans lesquels l'apprentissage par la tâche serait moins présent.

Apprendre sur ses propres capacités d'apprentissage

Mais qu'apprend t-on vraiment, dans un MOOC ? Il y a certes un programme, qui renseigne sur les thèmes mais pas sur les apprentissages réalisés. De plus, aucune procédure de contrôle de la participation n'étant mise en place, les apprenants vont et viennent au gré de leurs envies et disponibilités. Il revient donc à chacun de gérer ses propres apprentissages. Avec une bonne dose d'ouverture à l'inconnu, car il est a priori impossible de savoir d'où, quand et sur quoi viendront les apprentissages les plus significatifs...

Un MOOC permet d'expérimenter une posture d'apprentissage permanent, avec des personnes dont on partage au moins un centre d'intérêt, celui qui nous a fait nous inscrire au cours. 

Un MOOC permet également de tester son degré d'autonomie et sa capacité à tirer profit de matériaux bruts, non préalablement transformés en supports d'apprentissage. Si vous faites partie de ces enseignants qui parviennent à faire un cours d'une heure à partir des inscriptions et du design d'un couvercle de pot de yaourt, vous êtes certainement prêt à suivre un MOOC. 

La meilleure part d'un MOOC, ce sont évidemment les pairs. Après quelques visites dans un des espaces ouverts pour le cours, on se sent chez soi, comme dans une classe, bien plus que dans un amphi de 200 places. La page Facebook ouverte pour CCK11, le MOOC 2011 sur le connectivisme, est à ce titre représentative : on y voit se dérouler de longues conversations sur plusieurs jours, émerger des leaders qui lancent des sujets et fournissent des liens vers des ressources qui seront immédiatement commentées. 

Au-delà de ces "terrasses de café" peuplées d'intellectuels dynamiques, il faut faire un tour sur les blogues de chacun. Les participants ont en effet la possibilité de communiquer le fil RSS du blogue sur lequel ils publient leurs réflexions sur les apprentissages en cours, ce qui permet à la communauté d'être informée de tout nouveau billet par le biais de la lettre hebdomadaire. On y ajoutera les références recensées sur Diigoles twitts, le tout portant la balise du cours (#cck11 pour le MOOC en cours de réalisation)... et nous voilà devant une galaxie aux frontières invisibles et toujours changeantes de contributions, réflexions, conversations. Autant de matériau nourrissant l'apprentissage de chacun et de tous, encourageant les connexions neuronales et la croissance (pas la construction mais la croissance organique, S. Downes tient à cette distinction) des savoirs produits par la communauté.

En suivant un MOOC, en résistant aux premières semaines de désorientation, on se sent beaucoup plus confiant dans ses propres capacités d'apprentissage. Cela donne également envie d'en extraire quelques principes et de les appliquer à son propre contexte d'enseignement ou de formation. Cela donne envie d'ouvrir la porte et les fenêtres pour laisser passer la brise de l'enthousiasme, pour entendre les bruits de la rue. Cela donne envie de faire confiance dans les capacités d'apprentissage et de production des apprenants.

Et cela donne surtout envie d'en créer dans sa propre langue, ou au moins d'y participer !

 

CCK11, page d'accueil du cours Connectivism and Connective Knowledge 2011

Teaching a Connectivism MOOC, TIOD10. Billet du blogue Online sapiens, fournissant de nombreuses informations sur la manière de gérer un MOOC et d'en tirer le meilleur.


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