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Publié le 29 mars 2011 Mis à jour le 29 mars 2011

Grandir avec Les Sims

En février 2000, Will Wright, architecte de profession ayant passé beaucoup de temps à reconstruire sa maison après un incendie, lance Les Sims, jeu pour ordinateur personnel (pour PC d'abord puis pour Mac). A l'époque, bien peu de fins connaisseurs du monde du jeu vidéo auraient osé parier sur ce jeu de simulation de la vie quotidienne. Mais 12 ans, trois éditions (et d'innombrables extensions) et quelques 130 millions de joueurs plus tard, force est de constater que les Sims se portent à merveille. 

"Les Sims, c'est l'American way of life mis en scène, mais de manière light", explique Olivier Mauco, chercheur en sciences sociales à l'université Paris-I, cité par 20 minutes dans "'Sims', le réel succès du virtuel". Le but principal du jeu est en effet de créer des personnages et de les faire évoluer dans leur logement, lui-même intégré dans un quartier. Tout l'intérêt du jeu est donc de créer un environnement à notre goût, grâce à de nombreuses possibilités de personnalisation des maisons, décors, meubles... qui sont offerts ou se téléchargent, et d'y faire évoluer des personnages qui ont les mêmes besoins que vous et moi : hygiène, repos, aspirations professionnelles ou d'études, pratique de loisirs et de hobbies... Rien n'est oublié et tout se mesure grâce à des jauges qui vous disent en permanence si votre personnage est fatigué, s'il a soif ou faim, s'il est satisfait de son boulot et s'il s'entend bien avec son conjoint.

"T'es Dieu derrière tes Sims"

"T'es Dieu derrière tes Sims", dit un adolescent que nous avons interrogé, qui a arrêté de jouer aux Sims depuis quelques années. "Tu peux faire défiler la vie de tes Sims en accéléré. C'est là que tu vois que les programmeurs sont vraiment forts : ils ont tout prévu. Par exemple, un jour j'ai fait une expérience : j'ai enfermé mes quatre Sims dans une pièce sans porte. J'ai demandé le passage du temps accéléré et toute leur vie a défilé, jusqu'à leur mort, parce qu'ils ne pouvaient pas sortir. J'ai aussi des copains qui ont fait vivre ensemble deux Sims aux caractères opposés. Avec le temps accéléré, ils ont vu que les deux se bagarraient sans arrêt et ils ont même su qui allait gagner, en définitive...". 

Si le jeu permet de tester des situations extrêmes, c'est surtout son réalisme qui attire la foule des joueurs. Les personnages disposent d'une gamme étendue d'expressions et on peut même retrouver dans le jeu des objets de la vraie vie, puisque des marques comme Ikea, H&M, Renault, se battent pour y être présentes. Ce réalisme est également patent dans les efforts à acocmplir pour acquérir de nouveaux objets et de nouvelles relations sociales : "Evidemment, tu peux trouver des tas de codes de triche sur Internet et avoir tout ce que tu veux sans effort", dit encore notre ado. "Mais dans ce cas-là, tu t'ennuies vite. Par exemple, si tu veux que ton Sim ait un bon boulot, tu vas devoir lui faire apprendre des tas de trucs en le faisant lire ou prendre des cours. L'ennui, c'est qu'il doit tout le temps s'interrompre parce que c'est l'heure pour lui de prendre une douche, de dormir ou de manger. Alors, tu peux craquer un code et lui donner le bon boulot. Mais l'objectif est trop vite atteint dans ce cas, tu t'ennuies".

Un jeu désormais multiplateformes

Les Sims se sont enrichis au fil du temps avec de nouvelles versions et de nombreuses extensions permettant par exemple de faire défiler les saisons ou d'élever des animaux domestiques. Ils se sont aussi déclinés sur les consoles de jeux et sur téléphone mobile, au prix de certaines simplifications pas nécessairement du goût des joueurs les plus chevronnés (Les Sims 3 ayant été le jeu PC le plus vendu l'année de sa sortie, en 2009). Cette année, ils se transportent au Moyen Age avec Les Sims Medieval. Nous verrons si nos Sims du XIIe siècle ont les mêmes aspirations que nos contemporains...

Le succès de ce jeu reste étonnant, car il ne répond à aucun des critères habituels du jeu vidéo : "contrairement aux jeux habituels, il n'existe aucune mission, aucun scénario linéaire: juste la vie", lit-on dans La saga des Sims, de l'an 2000 à aujourd'hui, publié sur le site Le Vif Focus. Et c'est manifestement cette infinie liberté, le sentiment de ne suivre aucun parcours imposé, qui attire les joueurs par millions. Joueurs dont les plus passionnés débattent sur le web de leurs préférences (ici, un forum de discussion sur la pertinence du réalisme accru des Sims 3 par rapport aux Sims 2), créent des revues entièrement dédiées à leur jeu, se tiennent à l'affût de toutes les nouveautés et mettent à disposition de tous leurs codes de triche ou leurs plus belles réalisations.  Autour des Sims s'est donc créée une immense communauté de joueurs, qui n'est pas celle des gamers habituels : "Le jeu touche un public très large au point d'attirer le public féminin habituellement moins intéressé par les jeux vidéo. (...) Les gens découvrent un style de jeu qu'ils n'avaient jamais vu auparavant et le plaisir de diriger des personnages qui leur ressemblent", d'après l'article "La saga des Sims".

Des compétences sur lesquelles s'appuient les concepteurs de jeux sérieux

Clairement, Les Sims ont fait entrer les univers virtuels réalistes dans la vie des jeunes et ont servi de source d'inspiration à nombre de concepteurs de jeux mais aussi d'univers virtuels professionnels, comme Assemb'live. Ceux qui ont grandi avec les Sims se trouvent parfaitement à l'aise dans ces univers, se déplaçant et faisant évoluer leurs avatars sans difficulté. On comprend alors la vogue des jeux sérieux : ils profitent pleinement des habiletés acquises par les jeunes dans le monde du jeu, non seulement du jeu d'heroic fantasy qui fonctionne à coups de quêtes, de récompenses et de guildes, mais aussi du jeu "de vie quotidienne" comme Les Sims, qui habitue les joueurs à transposer (de manière idéalisée bien sûr) les actions et sentiments de la vie réelle dans l'univers virtuel. La liberté du joueur et son pouvoir de contrôle sur le déroulement des événements ont fait le succès des Sims. C'est ce principe qui doit être repris dans les applications éducatives et professionnelles des univers virtuels.

'Sims', le réel succès du virtuel. 20 minutes France, 8 juin 2010

La saga des Sims : de l'an 2000 à aujourd'hui. Le Vif Focus, 28 mars 2011

 

Illustration du haut : capture d'écran du jeu Les Sims 3 pour iPhone, sur iphone-apple.fr


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