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Publié le 14 septembre 2010 Mis à jour le 14 septembre 2010

La mémoire externe améliore le travail en équipe

Dans votre vie personnelle, il vous arrive certainement d'oublier des dates, des événements, des lieux ou des choses à faire... Et vous avez sûrement appris à vous organiser pour limiter la casse, à coup d'agendas, planning, sonneries ou messages de rappel, post-it... mais aussi grâce à vos amis ou votre famille, que vous ne manquez pas de consulter au moindre "trou". Ces "disques durs externes" ne constituent rien de moins qu'un système de mémoire externalisé, que Daniel Wegner, psychologue américain, a qualifié pour la première fois en 1986 de système de mémoire transactive. Quézako?

Le groupe est une entité d'encodage et de stockage

Ce concept se base sur l'idée qu'au sein d'un même groupe de travail (mais cela peut aussi s'appliquer dans la sphère privée), les différents protagonistes utilisent leurs collègues comme "mémoire externe" suivant leurs compétences et leurs capacités dans tel ou tel domaine. De cette manière, il n'est pas nécessaire de connaître toutes les informations directement rattachées au groupe de travail mais principalement celles qui touchent à nos compétences directes, ainsi que les domaines de connaissance des autres membres du groupe, histoire de savoir à qui s'adresser.

Chaque membre assure une partie de l'apprentissage, le groupe devenant ainsi une entité d'encodage et de stockage de données. Le système de mémoire transactive se base sur une relation de confiance avec les autres membres concernant le fait d'assumer leurs parties d'apprentissage. Ainsi, il repose sur trois dimensions :

  • la spécialisation : chaque membre d'un groupe possède un domaine d'expertise.
  • la coordination : le groupe dans sa totalité travaille de façon efficace, avec une collaboration claire et sans malentendu.
  • la crédibilité : chaque membre entretient un certain "degré de confiance" envers les autres membres, par rapport aux tâches attribuées. Chacun jauge les autres membres, suivant leurs compétences et leur capacité à les mettre en application, mais aussi suivant la perception qu'il se fait d'eux. 

Un gain de productivité et d'efficacité

Wegner, qui avait étudié ce phénomène dans des couples, a démontré le succès d'un tel système d'échanges informationnels. Les partenaires savent parfaitement ce que l'autre sera capable de mémoriser. Et ce système fonctionne tout aussi bien dans une équipe de travail dans laquelle chaque spécialiste va devenir la source d'informations. Le professeur Richard Moreland, de l'Université de Pittsburgh, a dénoté, lui, un gain de productivité des équipes de travail dont la mémoire transactive est bonne. On aurait pu imaginer qu'il y ait une perte de temps en échange perpétuels de données et de questions. Sauf que chacun sachant à qui s'adresser directement, les actions sont plus rapides et mieux coordonnées. Le groupe serait aussi plus à même de planifier son travail.

Quel avantage à savoir cela, comment l'appliquer? Vous pouvez imaginer organiser un travail en équipe de quatre à cinq étudiants - pour un projet d'un semestre ou d'une année par exemple - même à distance, et aider au développement natuel de cette mémoire transactive, notamment en formant les différents éléments de l'équipe ensemble plutôt que séparément. A ce moment, des différences de "stockage" vont déjà s'effectuer, chacun repérant directement les domaines "forts" des autres et pouvant focaliser sur le sien. On remarque que nombre de groupes d'études ont un fonctionnement spontané de ce genre, que les membres favorisent la spécialisation des tâches et des domaines d'expertise. L'enseignant0 et l'institution ont donc intérêt à reconnaître et développer cette tendance, plutôt qu'à l'ignorer.

Un risque cependant : à long terme, l'équipe est amenée à se modifier et donc à voir des domaines d'expertise "s'enfuir", mettant à mal les compétences globales du groupe. Si le problème ne se pose pas nécessairement dans le milieu éducatif, de par des périodes de projets assez courtes, des employeurs, eux, auront l'obligation de trouver un expert de même qualité et dans le même domaine. D'où l'intérêt de ne pas s'appuyer uniquement sur ce système de fonctionnement mémoriel.

Sources principales : Comment la mémoire se distribue-t-elle au sein d'une équipe, Franziska Tschan, Le Temps, 2 juillet 2010.
Transactive memory, Julien Laflaquière, CarNet de Thèse.



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