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Publié le 20 avril 2010 Mis à jour le 20 avril 2010

Les universités traditionnelles d'aujourd'hui, les dinosaures de demain ?

La Conférence mondiale sur l'enseignement supérieur 2009 s'est tenue du 5 au 8 juillet à Paris (France) sous l'égide de l'Unesco. Placée sous le thème « la nouvelle dynamique de l'enseignement supérieur et de la recherche au service du progrès social et du développement », elle a débattu de cinq sujets-phares : responsabilité sociale de l'enseignement supérieur ; accès, équité et qualité ; internationalisation, régionalisation et mondialisation ; apprentissage, recherche et innovation.

L'une des résolutions de ladite Conférence insiste sur le fait que « l’apprentissage ouvert et à distance et les technologies de l’information et de la communication (TIC) offrent des possibilités d’élargir l’accès à un enseignement de qualité, notamment lorsque les ressources éducationnelles libres sont partagées par de nombreux pays et établissements d’enseignement supérieur ».

Elle plaide donc pour une introduction des TIC à l’enseignement et à l’apprentissage comme moyen considérable d’améliorer l’accès, la qualité et les chances de succès. « Pour s’assurer que l’introduction de ces technologies apporte une valeur ajoutée, les établissements d’enseignement et les gouvernements devraient s’employer à mettre en commun leur expérience, à élaborer des politiques et à renforcer l’infrastructure, notamment en ce qui concerne la bande passante » poursuit-elle.

Le devenir des universités traditionnelles

Dans l'une des sessions parallèles, il était question du devenir des universités traditionnelles. A cet effet, Abdul Waheed Khan, le Sous-Directeur général pour la communication et l'information de l’UNESCO, questionne la capacité de ces universités à faire face aux enjeux d’équité, d’accessibilité économique et de pertinence. « Les universités d’aujourd’hui vont-elles devenir les dinosaures de demain ? Va-t-il y avoir de profonds changements dans les contenus de l’apprentissage ? Quel est le rôle des étudiants et des enseignants et comment garantir la qualité et la durabilité sur l’Internet ? »

Frits Pannakoek, Président de l’Université ouverte d’Athabasca (Canada) et du Conseil international pour l'éducation ouverte et à distance (CIED), pour sa part, prévient que « les étudiants de plus de 18 ans réclament un apprentissage basé sur les TIC, si cela n’est pas proposé en tant qu’option, les établissements traditionnels les perdront ».

Et Peter Hopkinson, Directeur de la section de l’éducation en vue du développement durable (EDD) de l’Université de Bradford et responsable du projet de l’Université nommé Ecoversity, de conclure : « Aujourd’hui, les étudiants n’ont pas besoin de se trouver à un endroit particulier pour apprendre, ils peuvent utiliser des podcasts pour les cours magistraux et télécharger des séances d’explication sur leurs portables. Les bibliothèques sont en ligne et il y a de grands centres de données comme Google. Nous devons nous demander si à l’avenir les gens iront encore à l’université dans le sens où on l’entend ».

La position des acteurs des universités vis-à-vis des TIC

Au cours de cette session, il a été question aussi de la perte potentielle de l’interactivité, d'une part, entre les étudiants et les enseignants et, d'autre part,  entre étudiants que l’enseignement face-à-face encourage. « L’enseignement ne peut se faire sans communication mais on entend par là la communication entre les personnes au sein d’une classe comme la communication par l’Internet. La communication doit se faire de manière à venir en aide à l’enseignement supérieur » a indiqué M. Khan.

Didier Oillo de l'Agence universitaire pour la Francophonie (AUF) note une évolution rapide des rôles dans les environnements d'apprentissage virtuel. Les étudiants développent plus d'autonomie dans le processus d'apprentissage tandis que les enseignants endossent davantage le rôle de médiateur.

Cependant, il observe un décalage entre les enseignants et les étudiants dans l'usage des technologies. «  (Les sociétés du savoir) comptent de nouvelles technologies de l’information et des communications, des sites et des blogs collaboratifs, des plateformes comme Facebook et Twitter, des systèmes de visioconférence et des outils mobiles. Les jeunes maîtrisent déjà ces différentes nouvelles techniques mais ce n’est pas le cas de tous les enseignants ».

Le même constat est dressé par le Professeur Dele Braimoh, titulaire d’une Chaire UNESCO et Directeur de l’Institut pour l’apprentissage libre et à distance de l’Université d’Afrique du Sud (UNISA) : « Il y a un fossé entre la complexité de la technologie disponible et les connaissances des enseignants et des étudiants. Nous avons 300 000 étudiants et, pour la plupart, ils abordent l’apprentissage libre et à distance sans formation préalable. Quant aux enseignants, ils adoptent trop souvent une position conservatrice à l’égard des nouveaux modes d’enseignement. »

Sans conteste c'est dans les pays en développement que l'intégration des TIC dans l'enseignement supérieur pose encore des problèmes. Manque d'infrastructures et de compétences en TIC, le Professeur Braimoh résume la situation qui y prévaut : « Certains de nos étudiants sont trop pauvres pour acheter un ordinateur, sont confrontés à un débit Internet limité et à des coupures de courant incessantes ». Idem pour les enseignants.

Dans ces pays, le problème reste entier. Toutefois, une initiative comme les formations ouvertes et à distance (FOAD) de l'Agence universitaire de la Francophonie administre la preuve qu'on peut venir à bout à condition de se doter d'une politique cohérente.

Crédit photo : texas_mustang, Flickr, CC.



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