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Publié le 07 avril 2010 Mis à jour le 07 avril 2010

La simulation de création d'entreprise, un créneau porteur pour le jeu sérieux

Les jeux sérieux pour la création d'entreprise ont la cote. Notre expert en jeux sérieux, Alexandre Roberge, vous en a présenté quelques-uns. Citons par exemple Being the Big BossMa cyber auto-entreprise et Event manager, ce dernier proposant au joueur d'organiser un événement culturel.

SimulandFactoriz ou encore Airlines Manager vous mettent également dans la peau d'un futur patron.

Ces jeux sont faits pour être utilisés en autonomie. Gratuits, ils permettent de se familiariser avec les mécanismes de création et de gestion d'entreprise, petite ou grosse. On peut supposer que la majorité des utilisateurs veulent avant tout se divertir avec ces jeux, alors que d'autres se placent dans une démarche de création d'activité censée aboutir dans le monde réel. C'est pour eux qu'a été créé le jeu Ma Cyber auto-entreprise par le ministère français de l'économie, de l'industrie et de l'emploi, qui ambitionne ici de fournir aux candidats au statut d'auto-entrepreneur un outil de simulation réaliste.

Des jeux intégrés aux cursus d'études

On constate qu'un nombre croissant d'écoles supérieures à vocation technique ou commerciale intègrent la pratique de jeux sérieux dans leurs cursus d'études. L'institut méditerranéen de recherche en informatique et robotique (IMERIR) propose ainsi un jeu de création d'entreprise d'une durée totale de 64 heures aux étudiants de deuxième année. Le jeu est organisé au niveau national, et la compétition entre équipes des différentes écoles constitue évidemment un puissant stimulant. L'établissement de Metz de l'école nationale supérieure des arts et métiers (ENSAM) propose pour sa part une formation continue en gestion d'entreprise basée sur la pratique d'un jeu. En Belgique, une université de Namur intègre également un jeu d'entreprise à son cursus de gestion – comptabilité. Il ne s'agit pas dans ce cas de travailler à la création d'une entreprise, mais d'apprendre à prendre des décisions collectives influant la vie de l'organisation.

Des entreprises de plus en plus nombreuses proposent aux écoles et universités d'inscrire des équipes étudiantes à des jeux de très grande ampleur. Les étudiants en Master marketing de l'université Paris Dauphine semblent très satisfaits de ces pratiques, qu'ils considèrent comme de réelles opportunités professionnelles et d'enrichissantes expériences personnelles. Parmi les entreprises prestigieuses qui organisent de telles compétitions, on citera Danone et L'Oréal. La banque Société Générale rencontre pour sa part un franc succès avec son jeu Citizen Act, qui engage des équipes d'étudiants et élèves d'écoles d'ingénieurs ou de commerce dans une réflexion sur la responsabilité sociale et environnementale. On lit ici qu' "en 2009, 181 équipes se sont inscrites sur le site dédié citizenact.com dans 21 pays, dont le Maroc, les Etats-Unis, la Russie, le Brésil, la Chine ou encore le Cameroun et la Côte d’Ivoire, deux nouveaux entrants dans le jeu, pour participer à cette aventure innovante".

Jouer, c'est bon pour l'étudiant aussi bien que pour le patron

Cet engouement constaté tant au niveau individuel que collectif, chez les étudiants aussi bien que chez les responsables de cursus et les entreprises elles-mêmes, est du à différents facteurs.

Pour les étudiants ou les joueurs individuels, le jeu de gestion ou de création d'entreprise offre la possibilité de tester et améliorer ses habiletés hors d'un cadre d'évaluation, sans prise de risque réel. Cette fameuse « frivolité » du jeu est en effet son atout majeur : les compétences et habiletés se construisent et permettent de progresser dans le jeu et, espérons-le, dans la vie professionnelle. Si elles sont défaillantes, la sanction reste cantonnée à l'univers du jeu. On imagine sans peine que la pression est néanmoins beaucoup plus forte sur les membres des équipes étudiantes engagées dans des compétitions internationales. Mais malgré tout, ne pas remporter le trophée Danone ou Société Générale reste moins grave que de se voir souffler un marché de plusieurs millions d'euros ou de se faire renvoyer pour faute de gestion grave...

Les écoles et entreprises utilisant le jeu dans le cadre de la formation initiale ou continue voient en lui un très bon moyen d'accroître l'engagement des participants dans leurs apprentissages (chose qui avait déjà été remarquée dans les nombreuses utilisations de jeux de rôle ou de plateau en formation d'adultes), mais surtout de les immerger dans des problématiques complexes, comme le souligne la responsable du secteur « jeux sérieux » d'IBM.

Écoles et entreprises sont également sensibles à l'image qu'elles acquièrent grâce à la création ou à l'utilisation de jeux, qui leur semblent être de bons médias pour s'adresser aux étudiants et jeunes diplômés. De plus, l'introduction des entreprises prestigieuses sur les campus par le biais des jeux permet à ces dernières d'identifier puis d'attirer les jeunes talents et, dans le cas des jeux qui sollicitent les capacités créatives des inscrits, de s'alimenter en bonnes idées sans débourser un centime.

Par ailleurs, le jeu est considéré comme un cadre, un contenant qu'il est possible d'emplir avec une grande variété de contenus et permettant d'attribuer des objectifs variés aux participants. Reste un obstacle de taille, le coût. Si le coût de conception d'un jeu sérieux baisse régulièrement, il faut quand même compter au moins 100 000 euros pour un produit capable de rivaliser avec les produits similaires. D'où, sans doute, la propension de certaines entreprises à utiliser les jeux en ligne, tels que World of Warcraft, qui présente en outre l'intérêt de faire interagir leurs employés avec des joueurs aux profils beaucoup plus variés que ceux qui sont inscrits dans un jeu d'entreprise fermé.

Il est finalement assez étonnant de constater que c'est le monde a priori peu amusant de l'entreprise qui fait l'un des usages les plus massifs du jeu, certes sérieux, pour attirer et entraîner ses futurs salariés ou les futurs entrepreneurs. Nombre de jeux sérieux dédiés à l'entrepreneuriat s'avèrent plus excitants et addictifs que, par exemple, des jeux pour apprendre à pêcher à la ligne ou à dévaler les pentes en vélo-cross. Prenons seulement garde à ne pas confondre la vie rêvée du patron avec sa réalité quotidienne...

 


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