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Publié le 06 octobre 2009 Mis à jour le 06 octobre 2009

Une école coopérative au Québec : les résultats sont au rendez-vous

C'est l'histoire banale d'un pensionnat et d'une école qui, après 100 ans d'existence, devaient fermer leurs portes, faute d'élèves et donc de financement. Mais le directeur du Collège Saint-Alphonse de Saint-Tite-des-Caps, situé à une centaine de kilomètres de la ville de Québec, a décidé d'aller contre la fatalité : il a mobilisé le personnel de l'établissement  et a formé une coopérative de travailleurs, assurant ainsi la survie de l'école et de son pensionnat.

En 2008, interrogé par le journal local, Daniel Robitaille pouvait s'estimer satisfait : le collège est passé de 54 étudiants en 2002 à plus de 150 pour 2008-2009. "L'école qui accueille majoritairement des pensionnaires, a maintenant atteint sa capacité maximale. Par le bouche à oreille, les inscriptions augmentent tellement, qu'il y a maintenant des listes d'attente". 

La clé de ce succès réside très probablement dans l'investissement du personnel (25 personnes à temps plein ou à temps partiel). Le statut coopératif, très accessible au Québec y compris dans le domaine de l'éducation, responsabilise en effet ceux qui l'adoptent. On le vérifie régulièrement lorsque des employés se constituent en coopérative pour reprendre leur entreprise menacée de fermeture. En cette période de crise, on constate d'ailleurs que les coopératives résistent plutôt mieux que les autres entreprises de statut privé. L'attachement du personnel à son outil de travail d'une part, le refus du profit financier à tout prix d'autre part, expliquent cet état de fait.

Reprendre une école, c'est bien beau, mais qu'en est-il des résultats, en termes de réussite des élèves ? C'est sans doute à ce niveau que la réussite est la plus éclatante : un autre article du même journal souligne qu'au collège Saint-Alphonse, il y a 0 % de décrochage scolaire.

Le problème du décrochage scolaire est régulièrement évoqué dans la presse québécoise comme un fléau auquel il est bien difficile de faire face. Inadaptation du système scolaire aux nouvelles générations, manque de personnel, perte de confiance des jeunes et de leurs familles face aux opportunités offertes par l'école... De nombreuses explications sont avancées, au Québec comme ailleurs, pour tenter de comprendre pourquoi le nombre de jeunes n'allant pas en cours et quittant le système scolaire sans obtenir le moindre diplôme continue d'augmenter.

Le collège Saint-Alphonse pourrait-il justifier ses résultats exceptionnels par un recrutement sélectif, qui ne lui ferait admettre que d'excellents élèves ? Pas du tout. "Plus de 40 % des élèves qui fréquentent notre école ont un retard scolaire", dit le nouveau directeur général de l'établissement, Marc Charbonneau. Les bons résultats tiennent plutôt aux mesures qui ont été mises en place :

  • Au niveau des services d'aide pour les élèves en difficulté :
    • tout élève en difficulté rencontre un orthopédagogue et suit des séances complémentaires de travail en petit groupe de 6 à 9 élèves.
    • Les études du soir sont encadrées.
    • Un système de "pairs aidants" permet aux élèves qui réussissent dans une matière d'aider ceux qui s'y sentent moins à l'aise.
    • Des cours d'été permettent à ceux qui ont échoué aux examens de fin d'année de préparer la session de septembre. Tous les élèves ont ainsi réussi leur année.
  • Au niveau de l'organisation globale de la vie de l'établissement :
    • les élèves sont réunis dans des classes hétérogènes.
    • Au pensionnat, ils fréquentent des jeunes qui ont toutes sortes de profils.
    • Les équipes éducatives de jour et de nuit communiquent et assurent un accompagnement individuel de qualité.
    • Le collège offre de nombreuses options et activités parascolaires.

 On peut rêver devant une telle organisation, un tel dévouement des adultes à la cause des jeunes... Et se dire que chez nous, ce n'est pas possible. Mais on peut aussi s'inspirer de l'exemple fourni par ce collège, et se dire qu'à cet endroit-là, la réussite des jeunes constitue véritablement l'objectif commun à atteindre. Que la charge de travail est plus volontiers acceptée, tant par les jeunes que par les adultes, si elle est choisie et qu'elle a du sens. Qu'au moment de la création d' "internats d'excellence", qui provoquent des réactions plus ou moins enthousiastes en France, certains responsables et élus devraient aller faire un tour à Saint-Alphonse.

Les demandes affluent désormais de toutes les régions du Québec vers le petit collège Saint-Alphonse. Rappelez-vous, David contre Goliath : qui est sorti vainqueur ?

Cinq chandelles pour l'école "coopérative" du Collège Saint-Alphonse et 0% de décrochage scolaire au Collège Saint-Alphonse, articles parus dans l'Autre voix, journal d'information sur la Côte de Beaupré et l'Ile d'Orléans.

Site du Collège Saint-Alphonse


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