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Publié le 23 septembre 2009 Mis à jour le 23 septembre 2009

Vie rurale et école en Afrique : un divorce consommé

Ils avancent fièrement sur la piste, insouciants des rares voitures qui passent, vers la petite bourgade  située à 300 km au nord de Yaoundé, la capitale du Cameroun. Ils sont encore nombreux en cette saison de la rentrée scolaire, heureux de porter un sac à dos tout neuf. Ils n'ont pas plus de 6 ou 7 ans et semblent apeurés, à chaque rentrée, devant ce maître qui leur parle la langue de la télé et de la radio. Ces petits enfants de l'école ne dureront pas sur la scène scolaire. Et l'on verra bientôt, en application de la réglementation en vigueur, le sous-préfet de l'Arrondissement, à l'appel du Directeur de l'école, descendre dans les villages de brousse pour arrêter les parents qui ont retiré leurs enfants des salles de classe .

C'est le drame que vont vivre une foule de petits Africains qui luttent pour la survie en s'adonnant aux activités champêtres, à la pêche ou à la surveillance des troupeaux, qui leur font abandonner les chemins de l'école. Les fruits de ces activités sont immédiats pour les parents qui voient l'école comme une fabrique à chômeurs. Mais, quand viennent les vacances, ces enfants sont émerveillés des téléphones cellulaires et des gagets électroniques de leurs cousins citadins qui friment et qui ne parlent plus que français.

La lutte contre l'analphabétisme semble virtuelle en dépit des efforts entrepris par des pays comme l'Afrique du Sud. Le fléau grandit tandis qu'approche l'échéance de 2015 relative à la tout aussi virtuelle Education Pour Tous. Il touche des dizaines de millions de citoyens qui sont coupés des signes les plus visibles de la modernité, à savoir le courant électrique et les réseaux téléphoniques. Tandis que dans les villes,  de nombreux travailleurs et étudiants ont intégré le concept de l'enseignement à distance que dispensent de nombreuses universités appuyées par les consortiums internationaux. Un nombre grandissant de citadins sont au travail ou au lycée dans la journée, et au centre numérique le soir, avant de rentrer chez eux.

La fracture numérique existe par conséquent au sein des pays eux-mêmes, fabriquant ainsi deux types de citoyens, les savants et les toujours analphabètes, les futurs puissants et les serfs qui ne comprendront rien à tout. Cette dernière cohorte, la plus nombreuse, souffre aussi de malnutrition et de maladie, d'un terrible éloignement de la science et de la connaissance. Aucune bibliothèque à portée, aucune structure qui les rapproche du monde moderne hormis l'école de laquelle les extraient les parents soucieux de joindre les deux bouts et peu conscients du mécanisme de reproduction dans lequel ils enferment leurs enfants.

L'école est obligatoire. A quel prix ? Quand l'Etat construit deux salles de classe à coups de millions de francs, les équipement font défaut. Les maîtres, même non formés, sont absents. La bonne volonté seule ne suffit pas. On entreprend même des actions financées par la coopération multilatérale.  Il y a donc lieu d'adapter l'école au milieu, d'inciter les apprenants et surtout les familles en les motivant par toutes les stratégies imaginables pour former des citoyens libres et éclairés.

Pour y parvenir, le minimum du bien être exigible est requis. Alors les solutions pensée outre-mer pourront peut-être se révéler efficaces. Il faut des maîtres qui sachent enseigner. Il faut des équipements qui soient bien utilisés, il faut des bâtiments. Maintenant il faut des apprenants. Et ils sont si nombreux dans les brousses et les déserts, évoluant au soleil ou sous les arbres, la tête plein de rêves. De rêves que provoquent chez eux leurs frères des villes. Des rêves qui s'évaporeront, laissant derrière eux des relents de frustration et  de colère, si l'on ne se réveille pas. De nombreuses expérimentaitons ont été menées pour adapter l'éducation et les écoles aux modes de vie ruraux. Des classes mobiles existent pour les enfants des campements nomades. Pourquoi s'obstine t-on à jeter tout ce qui a bien marché ? Pourquoi reproduit-on des modèles déjà vieux avant d'avoir été déployés ?

Il faut réparer l'Afrique.



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