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Publié le 24 janvier 2011 Mis à jour le 24 janvier 2024

L'écriture spécifique au web existe-t-elle vraiment?

La place du texte et l'intérêt pour le lecteur

L'écriture web, qu'est-ce que c'est?

En cursus de journalisme, on enseigne que la rédaction pour Internet répond à un style particulier à adopter pour attirer le lecteur et surtout le conserver. Être court, concis, choisir un titre incitatif, introduire une interactivité avec des liens, des vidéos, des images... et bien sûr penser au référencement naturel des articles par les moteurs de recherche.

On comprendra aisément qu'il sera difficile de caser un article de 10 000 signes (un signe = une lettre ou un espace) sur un site internet comme on pourrait le faire dans un magazine. De cette idée principale découlent les règles que bon nombre de rédacteurs se sont imposées pour attirer l'internaute. Mais le plus important à retenir, c'est que les grands principes d'écriture journalistique sont finalement les mêmes que pour un support papier :

  • trouver un titre court, informatif ou incitatif,
  • se limiter à une idée par phrase, en réduisant la phrase à une quinzaine de mots,
  • éviter les longs paragraphes en recoupant, en insérant des incises ou des visuels,
  • éviter les mots en lettres capitales,
  • si l'information mérite d'être précisée et complétée, mettre un lien dans le texte (comme on mettrait une note de bas de page),
  • etc.

Il existe cependant une différence notable entre la lecture à l'écran et la lecture papier: l'internaute "scanne" l'information sur son écran, surtout si le texte est long. Lire sur Internet l'incite à développer un type de lecture "en diagonale". Le texte doit donc rester assez dense tout en étant agréable à lire tant sur le fond que sur la forme. Bon à savoir par exemple : il semblerait qu'un texte justifié entraîne des difficultés de lecture chez bon nombre d'entre nous, surtout chez les dyslexiques, malgré un aspect plus "propre".

On constate aussi que certains sites accordent parfois plus d'importance au référencement sur les moteurs de recherche qu'aux lignes et chartes éditoriales à suivre, qui sont pourtant tout aussi indispensables que pour une publication papier.

Un diktat de l'hyper-interactivité

Cyrille Franck, journaliste et conseiller en stratégie web dénonce sur son blog Médiaculture les "impostures" d'une écriture dite "pour le web". Non seulement il dénonce les soi-disants conseils spécifiques qui pullulent à propos de l'écriture pour le web, mais il remet de plus en cause l'explosion du multimédia utilisé à toutes les sauces (vidéos, animations, "serious games"...) et pose la question de l'intérêt pour le lecteur.

En effet, sous prétexte de vouloir être tendance et interactifs, nombreux sont ceux qui basent leurs articles sur un texte creux, qui reste pourtant le centre d'attention du lecteur, accompagné de jolies fioritures et de dizaines de liens externes, se transformant ainsi à leur manière en "moteur" d'informations. Cette habitude est aussi une façon détournée d'attirer le flux sur son propre marché, au risque d'étouffer l'internaute sous une avalanche d'informations.

Alors, "sous quel format, doit-on présenter l’information pour quelle soit la plus claire, la plus agréable, la plus facile à consommer ?". Cyrille Franck décrète qu'il n'y a pas de réponse unique, mais que le texte doit garder sa place principale. La question du format explique peut-être cette orgie d'interactivité toute récente. Après tout, chacun tâtonne à sa manière pour tenter de trouver la meilleure réponse à apporter pour un traitement correct et attrayant de l'information.

Ne pas avoir peur des sujets sérieux... ni de la longueur des articles

L'on sait déjà qu'écrire pour le web, c'est juste écrire "bien" finalement, en ne négligeant aucune des règles applicables au papier et en gardant pour but l'intérêt du lecteur. C'est aussi ne pas éviter les sujets dits "sérieux" et ainsi ne pas sous-estimer l'internaute, qui est parfaitement capable d'aborder des sujets tels que la physique ou l'économie.

Un autre article récent, publié sur Wired et analysé par Xavier de la Porte sur Internet actu, apporte de l'eau au moulin de Cyrille Franck. Clive Thompson y explique que la rédaction web et en particulier celle qu'on voit sur les blogues, a changé depuis l'arrivée d'applications comme Twitter. Il cite le blogueur Danil Dash : “Je garde les petites choses pour Twitter et ne blogue que quand j’ai quelque chose de vraiment important à dire”. Et il s'avère que les billets de blogues désormais les plus appréciés sont les plus longs, qui comptent 8 000 à 9 000 signes. Nous ne sommes pas loin des 10 000 signes en vigueur dans les magazines !

L'écriture web n'est donc rien d'autre qu'une écriture riche et agréable. L'image, la vidéo, les liens ne semblent pas devoir prendre le pas sur le texte qui reste l'outil principal d'information, évetuellement complété par des schémas, de l'infographie, des photographies, etc. Journaliste et blogueur, n'ayez donc pas peur de ne pas suivre certaines règles "vieillottes" à la lettre. Vous éviterez ainsi une standardisation textuelle inutile et finalement contre-productive.

Sources : article complet Les impostures de l'écriture web - Cyrille Franck, janvier 2011; Du bavardage à la réflexion profonde. Xavier de la Porte, Internet actu, janvier 2011.

Illustration : AndreyPopov- DepositPhotos


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