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Publié le 12 janvier 2010 Mis à jour le 12 janvier 2010

L'apprentissage social, retour aux sources

Bien avant l'irruption des réseaux sociaux virtuels, un certain Albert Bandura forgeait le concept d'apprentissage social...

Albert Bandura est un psychologue canadien né en 1925. En 1963, il publie l'ouvrage intitulé "Social Learning and Personality", qui attendra près de 25 ans avant d'être traduit en français. Bandura développe dans cet ouvrage la théorie de l'apprentissage social.

Tout apprentissage est social

Nous apprenons en regardant les autres, et en tentant ensuite de les imiter. Avait-on besoin d'une théorie pour affirmer ce qui relève de l'évidence ? Sans doute, si l'on se réfère à l'environnement de travail de Bandura : dans les années 60 du siècle dernier, le behaviorisme régnait en maître, et sera ensuite remplacé par le cognitivisme. Le maillon manquant entre ces deux théories de l'apprentissage, c'est Bandura.

Selon lui, l'observation suivie de l'imitation permet de faire bien des économies dans le processus d'apprentissage : si l'on observe attentivement une personne compétente dans un domaine et qu'on s'attache à reproduire son comportement, l'on n'a pas besoin de procéder par une fastidieuse série d'essais-erreurs (comme le défendaient les behavioristes) pour parvenir au comportement ou au savoir faire juste.

Bien entendu, il convient d'observer une personne dont on se sent proche, avant de prétendre reproduire (ou s'inspirer de) son comportement. En soulignant ce point, Bandura ouvre une porte de plus vers l'apprentissage par les pairs, dont on sait aujourd'hui qu'il est efficace, précisément grâce à la proximité des sujets.

Et lorsque l'on réussit à reproduire à un niveau satisfaisant le comportement observé, cela génère un sentiment d'auto-efficacité. Le sentiment d'auto-efficacité est l'autre apport essentiel de Badura aux théories de l'apprentissage : plus on fait, mieux on fait et plus on a envie de faire, car on se sent compétent.

Imiter, pas si simple...

L'apprentissage par l'observation des pairs se met en place grâce à la mobilisation de quatre opérations :

  • L'attention : évidemment, une observation attentive permettra de mieux reproduire;
  • La rétention : il convient ensuite de retenir ce que l'on a observé, en utilisant des images mentales, en répétant (mentalement ou physiquement) des fragments du comportement observé, etc.
  • La reproduction : nous y voilà ! Il faut non seulement oser reproduire le comportement observé, disposer des capacités pour le faire (par exemple, en cas d'apprentissage physique), mais aussi être capable d'une auto-observation de son comportement, pour savoir quand on se trompe et quand on reproduit correctement;
  • La motivation : l'investissement dans l'apprentissage nouveau dépend bien sûr de ce que l'on en attend : récompenses symboliques ou concrètes, sentiment d'auto-efficacité, capacité à se hisser au niveau du modèle...

L'apprentissage social fait donc interagir, de manière continue et réciproque, des facteurs cognitifs, comportementaux et sociaux. De la sorte, les individus influent sur leur environnement en même temps qu'ils sont influencés par lui.

Social learning, je prends !

Il n'est qu'à constater ce qui se passe quand un nouveau concept, une nouvelle façon de faire, envahissent le champ de la communication.

Prenons le cas du "Social Learning", justement : l'expression s'est répandue comme une traînée de poudre sur la toile, notamment par le biais des outils d'édition et de communication en temps réel; traiter du social learning, c'est être dans le coup, à la pointe de la nouveauté... mais aussi contribuer à la transformation progressive du concept. En préparant le dossier de Thot consacré à l'apprentissage social, nous avons constaté que le "social learning" (en anglais, ça fait évidemment plus moderne) était souvent réduit à une injonction frénétique d'usage des outils numériques de réseautage social dans les organisations. Fort heureusement, certains participants tiennent fermement la barre et il est toujours bienvenu de s'y référer, pour rendre du sens aux mots qui voyagent trop vite.

On relève donc un puissant processus d'imitation (parler comme ceux que l'on considère comme influents, que l'on prend comme modèles), suivi d'un mouvement de transformation de l'environnement : en diffusant le concept, je contribue à la transformation de sa signification, mais je donne envie à d'autres de le diffuser, et peut-être quelques organisations vont-elles se lancer dans son application...

Le processus d'apprentissage social a donc à voir avec la viralité de la diffusion des savoirs, savoir-faire et comportements, considérablement accélérée aujourd'hui par les réseaux sociaux. Mais il ne peut être réduit à ce simple phénomène. Il est temps de revenir à Albert Bandura, pour réfléchir aux implications de sa pensée en matière d'éducation et de formation.

Albert Bandura sur Wikipedia

Social Learning Theory (Bandura)

L'apprentissage vicariant de Bandura

 

 


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