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Publié le 02 septembre 2010 Mis à jour le 02 septembre 2010

Le match entre manuels papier et manuels numériques

Les manuels scolaires et universitaires numériques ne génèrent pas un enthousiasme massif. C'est vrai en Europe (comme nous le signalions dans ce dossier), c'est également vrai aux Etats-Unis, pays pourtant réputé technophile.

Les fabricants et distributeurs de liseuses et de manuels numériques déploient pourtant tous leurs efforts de communication pour nous faire croire que le grand soir est arrivé. Mais, bien qu'Amazon ait chanté les louanges des ventes de son Kindle qui ont triplé cet été, annonçant un "point de basculement dans le domaine de l'édition", Le Monde révélait récemment que les parts de marché de l'édition électronique aux États-Unis n'atteignaient que 8,5 % du chiffre total de l'édition. Un chiffre qui surprend dans le pays où se vend le plus grand nombre de lecteurs numériques.

Je t'aime... moi non plus

À la fin  du mois de mai 2010, la National Association of College Stores (NACS) publiait un sondage qui révélait le peu d'enthousiasme envers la lecture numérique chez les étudiants. Cette association à but non lucratif représentant 3 000 librairies installées sur les campus a sondé les étudiants de 19 universités.

Les réponses font apparaître le paradoxe suivant : bien que les étudiants utilisent volontiers leur téléphone connecté à Internet pour lire des ouvrages dans le cadre de leurs loisirs, moins d'un quart d'entre eux envisagent d'acheter un manuel d'études numérique.

La NACS, qui précise que les ventes de manuels numériques ne représentent que 2 à 3 % des ventes totales de manuels, affirme que l'adhésion des étudiants viendra avec le temps. La technologie est encore bien trop récente pour s'imposer. 

Mais une enquête similaire, menée cette fois par la faculté de commerce Darden de l'Université de la Virginie fait apparaître d'autres freins. 80 % des personnes interrogées (en majorité des enseignants et personnels d'encadrement de l'université) soulignent les nombreux défauts du Kindle. Ainsi, le directeur de la faculté estime que "Le Kindle n'est pas assez flexible. Vous ne pouvez pas naviguer aisément entre les pages, documents, graphiques et tableaux, comparativement aux manuels papier". On comprendra ici que la lecture à des fins d'études n'est pas du tout comparable à la lecture de loisir. Lire pour étudier, c'est annoter, commenter, souligner des passages, revenir en arrière, etc. Les liseuses d'aujourd'hui n'autorisent guère ces actions, même si les choses sont en train de changer avec les tablettes, comme l'iPad et bientôt beaucoup d'autres.

Les enquêtes se multiplient mais apportent toutes les mêmes résultats : même sans l'obstacle du coût, les étudiants et leurs enseignants préfèrent encore aujourd'hui les manuels papier aux manuels numériques. Idéalement, les étudiants aimeraient disposer des deux versions, de manière à concilier la souplesse d'utilisation et la portabilité.

Très chers manuels...

Il reste alors à examiner la question du coût des manuels. Si la liseuse est considérée comme chère par la majorité des étudiants, les manuels papier ne le sont pas moins. Le Bureau of Labor Statistics américain révèle en effet que le prix des manuels scolaires classiques a augmenté 4 fois plus vite que l'inflation américaine (une augmentation de 5% du coût chaque année entre 1986 et 2004) ! En 2008-2009, un étudiant universitaire devait débourser 900$ en manuels, chaque année.

Une situation qui soulève l'ire des apprenants qui s'endettent toujours plus pour étudier. On ne s'étonnera alors pas du nouveau marché ouvert par ceux qui proposent la location des manuels scolaires et universitaires (version papier), tels Chegg ou BookRenter. Une pratique en plein développement, qui cantonne le manuel à un rôle purement utilitaire pendant un temps donné.

Ces enquêtes ne font pas le tour de la question, loin de là. Et elles semblent déjà avoir pris un peu de retard sur les évolutions technologiques : les tablettes ouvrent de nouvelles perspectives d'interactivité entre le lecteur et le texte et les progrès en cours du côté des concepteurs d'applications de lecture autorisent à penser que de nouvelles manières de lire vont encore se développer. Néanmoins, les éditeurs de manuels papier semblent avoir encore de beaux jours devant eux. Mais la question, finalement, mérite d'être posée du côté des utilisateurs : comment veulent-ils utiliser leurs manuels ? Pour combien de temps ? Quel en serait le prix acceptable ?

Le débat ne fait que commencer...

"Not everyone ready for the textbook revolution", eCampus News, 2 juin 2010


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