Vous n'avez pourtant vu que le petit doigt
de votre ombre. Le reste dirait davantage encore : historiques des
consultations de sites, de recherches, traces des paiements en ligne,
images sur les caméras de surveillance...
Comment parler alors de maîtrise de l'identité numérique alors
qu'une très grande partie de ce qu'on laisse sur internet nous
échappe ? Il y a en ligne plus de ce qu'on laisse à notre insu que
de ce qu'on crée volontairement. Normal me direz-vous, c'est comme
ça dans la vraie vie, beaucoup de ce qu'on exprime se fait hors du
contrôle de la conscience et de la raison.
Il se trouve que nos traces sont aujourd'hui un fameux enjeu pour
les Etats comme pour les entreprises. Derrick de Kherkhove après Mac
Luhan disait déjà, il y a plus de quinze ans, qu'il était important
de garantir à chacun « un sas électronique »,
et que celui-ci devrait être reconnu au niveau international.
La voie de la législation parait peu efficace, quant
elle n'est pas complètement inadaptée ou ridiculement répressive
comme en France.
Plusieurs types de réponses sont aujourd'hui prometteuses pour
les acteurs de la formation qui souhaitent y voir plus clair :
Mario Asselin, que tout le monde
connait bien grâce à son blog Mario
tout de go vient de créer un wiki
pour réfléchir collectivement à cette notion d'identité numérique
et il recense toutes les initiatives en ce domaine :
- Situation
d'apprentissage et d'évaluation (SAE)
- Blogues
et billets de blogues
- Site
Web d'organismes crédibles
- Vidéos
et présentations
Julien PIERRE prépare une thèse de doctorat en SIC sur les
enjeux sociopolitiques de l'identité numérique à Grenoble III et
aborde sur son site toutes les questions entourant l'identité
numérique
(authentification, réseau social, aspect juridique,
acteurs économiques, enjeux et pratiques)
Dans un dossier « Enseigner
l'identité numérique » il essaie de voir, par tranche
d’âge, ce qui existe déjà et ce qu’on pourrait mettre en
place.
-La recherche est également très présente sur ce terrain : le
projet Prodoper réfléchit aux conditions de mise en œuvre
d’un habeas corpus numérique.
Le site du projet PRODOPER
Louise Merzeau soumet un texte de réflexion d'un grand intérêt
: « Pour un habeas corpus numérique ». L'"habeas corpus"
c'est le droit
fondamental à disposer de son corps, compris comme la protection
contre les arrestations arbitraires dans les situations de crise par
exemple. Pour l'équipe de ce projet, la solution est du côté d'une
garantie de l'anonymat et implique de véritables décisions
politiques.
« Le découplage entre le stockage des données
identitaires et l’émission de certificats électroniques doit être
posé comme un droit fondamental, garantissant l’anonymat
aussi bien que l’accès aux e-services. D’une manière générale,
l’enjeu est de replacer le paysage des données
personnelles dans le champ politique, pour interpeler, bien
au-delà d’Internet, l’ensemble de la communauté et pour appeler
à une refonte du cadre légal de la loi « informatique et
libertés ».
Cette même volonté de sortir de la paranoïa et de l'arsenal
juridique obsolète anime l'équipe « Informatique et Libertés
2.0 » de la Fing dont Hubert Guillaud se fait l'écho sur
Internetactu
Vie
privée : Où sont les régulateurs ? Où sont les régulations ?
« L’idée de permettre la création pour tout un chacun
d’une sorte de "domicile numérique inviolable" pourrait
vite faire son chemin, tant l’agression numérique nous menace tous
désormais, de tous les côtés. » ajoute Philippe Quéau sur son blog Metaxu
Entre libéralisme et interventionnisme, il devient urgent de
s'intéresser à cette ombre qui nous concerne, qui donne une image de nous... mais qui ne nous appartient pourtant pas.
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