Évaluation des besoins des professeurs et des étudiants canadiens pour les ressources pédagogiques sur le Web - format .pdf
«Réalisé par le CEFRIO ce rapport trace un portrait de la situation entourant la problématique du développement de contenus éducatif en ligne parallèlement aux attentes et aux besoins exprimés par les enseignants canadiens des niveaux primaire et secondaire.»
Le rapport couvre large et confirme les observations maintes fois faites dans le milieu éducatif, y compris dans les recommandations.
Ainsi, les chercheurs ont observé que les besoins éducatifs, comme les ressources, sont variés mais ce que l’on trouve dans Internet demeure incohérent, peu relié aux programmes et foncièrement inutilisable en pratique. Les professeurs n’ayant généralement ni le temps ni le support pour trouver et appréter les ressources aux besoins éducatifs de leurs étudiants.
Concrètement, les éducateurs trouvent déjà et souhaitent trouver des photos, journaux, vidéos, cartes, et aussi des produits plus structurés comme des plan de cours, activités pédagogiques, trousses d’outils et leçons clé-en-main véritablement arrimés aux programmes.
Les éducateurs souhaitent un portail unique, mais l’enjeu de qui paiera pour maintenir une telle ressource et de qui la contrôlera n’est pas abordé. Ils souhaitent un dépôt d’objet d’apprentissage, nous en sommes déjà à 42 !), sans compter ceux de vidéos ( 24 en français), ni ceux de documents audio et bientôt les chaînes de podcasting et les fils rss spécialisés... il semble que le problème n’en soit pas un d’accès, ni même d’organisation.
Dans les recommandations, les auteurs du rapport recommandent un dépôt d’objet d’apprentissage, mais personne n’en a encore démontré l’utilisabilité pratique au delà du patchwork. ( Arcimboldo éducatif : pourquoi les objets d’apprentissage sont-ils... si peu utilisés ?)
On a repris les souhaits des professeurs, comme des sites éducatifs destinés aux éducateurs, avec plans de cours, exercices, examens et des sites élèves multimédias et interactifs. Mais que fait-on des effets fondamentaux d’Internet en éducation, qui sont de permettre la création de réseaux et de communautés et de remettre plus de responsabilités aux apprenants ?
Plutôt que de vouloir perpétuer une mentalité et un système d’éducation fondé sur la rareté et le contrôle du professeur et de l’État, on aurait pu suggérer avec plus de clarté et de cohérence une approche considérant la mise en réseau et les communautés d’intérêts et d’apprentissage avec leurs impacts sur l’enseignement. On a affaire aux résultats d’un sondage plus qu’à un rapport de recherche.
La recommandation principale est que le gouvernement ne tente pas de tout faire lui-même mais supporte plutôt les organismes (non pas des projets universitaires mais des fédérations d’enseignants ou d’administrateurs scolaires par exemple) qui font du bon travail dans la diffusion des ressources et des techniques, souhait affirmé depuis 20 ans dans le milieu éducatif mais ne trouve pas d’écho. Pourquoi ?
Sans volonté, rien ne change...
Internet change les façons de fonctionner, pas qu’en surface. Ce que l’on tente de faire jusqu’ici est d’intégrer Internet dans l’école sans rien changer de son organisation ou presque, ni les règles de financement, ni les rôles des professeurs, ni celui des étudiants.
Dans ce contexte, on pourra bien créer toutes les ressources éducatives que l’on voudra, elles ne seront jamais intégrées à moins que les acteurs du système éducatif le veuillent clairement, (Voir : Virtual Models of European Universities : un portrait réaliste de la situation.) mais ça, ce n’est pas dit dans le rapport.
Les professeurs affirment « PAS DE SUPPORT»; il faut comprendre ce que ça veut dire.
Avant de créer d’autres ressources éducatives et d’autres services web, il vaudrait mieux travailler à des modèles d’intégration et d’utilisation dans la structure, le fonctionnement et les mentalités des acteurs d’une vraie école. Ce serait une bonne recommandation, la 21 ième. Le succès de la vente de musique en ligne tient aux iPods et à ceux qui les utilisent, pas aux chansons; on peut faire l’analogie avec les ressources éducatives.
Avant de créer des ressources «conformes aux programmes», y a t’il quelqu’un qui a analysé l’effet des ressources «conformes» sur la motivation et le succès des apprenants ? Il semble qu’il soit mitigé puisqu’ils y perdent le plus souvent responsabilité et contrôle... (voir : Les ressources éducatives conformes : bonnes et mauvaises nouvelles). Si l’on veut évacuer les avantages d’Internet en éducation, allons-y de cette façon.
Les recommandations sont générales : concertation des acteurs, leadership des ministères... on a du chemin à faire ! Quand à certaines des recommandations concrètes, entres autres le portail unique, j’entend déjà pas mal de gens crier dans les associations, chez les éditeurs et même chez les professeurs. Il y a déjà le ministère de l’éducation qui est «unique», avec tout le plaisir qu’on en retire; il semble qu’un peu de concurrence soit bien meilleur ! Un portail unique pour certains programmes, peut-être, mais pas un portail unique pour tout, s.v.p.
Bref, le Céfrio nous avait habitué à mieux. Pour un organisme dont le mandat est d’«aider les organisations québécoises à utiliser les technologies de l’information de manière à être plus performantes, plus productives, plus innovatrices», cette fois-ci il est passé à coté du coche : pas d’innovation, pas de vision.
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