En ces temps incertains et
brouillons où nous sont régulièrement annoncées les pires catastrophes[1],
il est impératif de savoir raison garder. L’un des défis premiers à relever est
sans doute d’apprendre aux générations montantes à développer leurs capacités
d’analyse et de raisonnement pour adopter les bonnes attitudes. L’affaire n’est
pas simple dans un monde marqué par la vitesse et la superficialité, mais elle
peut s’avérer salutaire. En effet, seule cette faculté à raisonner permettra
aux hommes de mesurer leur action et de réduire ainsi leur empreinte écologique.
Le premier niveau sur lequel nous
pouvons agir est d’apprendre à nos enfants à mieux consommer à défaut de
consommer moins. Certes mais tout cela ne se décrète pas. L’incitation[2]
à consommer mieux sera d’autant plus efficiente qu’elle s’inscrira dans une
posture globale qui relève d’une « éducation au vivre-ensemble et à
la citoyenneté. » Une éducation qui commence par le nécessaire respect que
nous devons à notre environnement.
Voici quelques pistes
pédagogiques qui nous mènent de l’écosystème aux étals du supermarché…
La terre, un cadre de vie malmené
Rappelons d’abord une règle
simple : pour agir correctement il est impératif de maitriser son sujet.
Ce qui semble être une évidence n’est pourtant pas toujours observé ! Ainsi,
le respect de la planète et la sauvegarde de notre écosystème sont ralentis par
l’ignorance des mécanismes de fonctionnement de la terre.
Pourtant, avec les nouvelles
technologies de l'information et de la communication, il est facile de dévoiler
les secrets de la planète bleue et de les enseigner à nos enfants. En voici une
illustration avec cette animation
très réussie.
Passée cette étape, il est
nécessaire de comprendre comment
tout est lié, ce qui fait aussi la complexité de l’action au demeurant. En
polluant son environnement, l’homme dégrade aussi l’eau qu’il boit, l’air qu’il
respire et les aliments qu’il ingère.
Il est alors indispensable par
exemple de faire prendre conscience aux élèves, invités à devenir dans cet
exemple québécois des consomm’acteurs,
la sophistication et donc la fragilité de la chaine alimentaire.
Mais comprendre notre manière de
consommer peut s’avérer incontournable pour bien d’autres raisons.
Habitudes alimentaires et
pique-nique pédagogique
Notre mode de consommation révèle
les valeurs que nous véhiculons. Il existe assurément des profils de
consommateurs : dispendieux ou mesuré, pressé ou prenant son temps, réactif
ou réfléchi,… Une des pistes est d’utiliser, avec les précautions d’usage pour
éviter les stéréotypes, ces profils dans des scénarios pédagogiques
intéressants.
Une autre est de convier nos
enfants à un instructif pique-nique pédagogique. Là encore, le premier palier,
avant d’étendre la nappe, est de comprendre
ce que nous mangeons. Ce que pourrait nous faciliter ce guide
alimentaire très didactique et qui concerne toutes les étapes de la vie.
La compréhension
du fonctionnement de la chaine alimentaire est donc indispensable. Elle passe
aussi par l’incitation, des tout-petits en particulier, à participer en reconstituant
cette chaine.
Deuxième moment de ce convivial
repas, la connaissance des aliments que nous consommons. C’est là une étape
essentielle pour apprendre à nos enfants à bien manger. La réponse à la simple
question de comment bien manger pour rester en bonne santé est parfois donnée
par des sites très en vogue comme le fameux « manger – bouger » en France.
Le troisième moment est alors de comprendre
les habitudes
alimentaires des jeunes pour, entre autres, combattre d’éventuels comportements
à risque comme la boulimie ou l’anorexie. Un tableau
nutritionnel peut être alors un précieux outil pour composer notre menu.
Enfin, ultime étape de ce
pique-nique, la prise de conscience de l’imbrication des processus. Le simple
fait de manger peut alors être replacé dans l’ensemble de la chaine de
production comme l’y incite le mouvement Slow Food qui s’est récemment
implanté au Maroc. Né en réaction au
développement fulgurant de la restauration rapide, parfois très dommageable
pour l’environnement mais aussi pousse-au-crime pour les enfants, Slow Food
s’inscrit dans une perspective de développement durable, une voie possible pour
sauver la planète. Le mouvement vise de nombreux objectifs, de la préservation
d’une diversité
alimentaire à l’éducation au goût en passant par une lutte contre la
dégradation des agricultures locales ou la promotion des traditions culinaires
de qualité.
Mais, l’essentiel en définitive
est de comprendre que ces objectifs, en dépit de leur apparente hétérogénéité,
participent d’un dessein commun : apprendre à consommer mieux pour vivre
mieux. Un dessein qui dès à présent se présente à bien des égards comme un
enjeu de survie.
[1] Et pas
moins qu’une fin du monde annoncée dans les calendriers mayas !
[2] Qui
risque de devenir une injonction si rien n’est fait.
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