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Publié le 23 février 2009 Mis à jour le 23 février 2009

La motivation scolaire et les TICE: une corrélation pas toujours évidente

Les institutions scolaires sont toujours à la recherche de moyens pour motiver les étudiants. Dans un contexte québécois, par exemple, où les derniers chiffres sur le décrochage sont plutôt inquiétants, il est normal de vouloir trouver des moyens d'inciter les jeunes  à rester sur les bancs d'école.

Depuis plusieurs années, nous voyons dans l'utilisation de TICE (technologies de l'information et de la communication en éducation) une quasi panacée pour motiver les étudiants. Peut-on, cependant, voir une vraie corrélation entre motivation scolaire et utilisation de TICE ? Les recherches sont-elles objectives à ce sujet ? C'est la question que s'est posée Rolland Viau, un chercheur de l'Université de Sherbrooke.

Le professeur en sciences de l'éducation a décidé de recenser toutes les recherches scientifiques qui étudient la corrélation motivation/utilisation de TICE, les analyser pour ensuite tirer des conclusions sur la question. Dans ce document publié par TECFA (Unité académique de la Faculté de psychologie et des sciences de l'éducation de l'Université de Genève), le chercheur publie ces résultats sous la forme de questions/réponses, ce qui rend le tout simple à lire.

Un certain manque de sens critique

En résumé, le chercheur a remarqué un certain "manque de sens critique" quand vient le temps d'analyser scientifiquement les TICE et la motivation scolaire. Sur 70 articles, il y en avait peu - selon le chercheur - qui faisaient preuve d'un certain sens critique, qui adoptaient un point de vue rationnel sur l'utilisation de TICE à l'école. La plupart des recherches démontrent bien que l'utilisation de TICE augmente la motivation à apprendre. Cependant, le chercheur a deux réserves sur cette conclusion répétée: l'effet de nouveauté et le manque de facteurs dans ces études pour définir la motivation.

L'effet de nouveauté peut expliquer au départ une certaine augmentation de la motivation puisque les élèves sont invités à expérimenter une nouvelle technologie. Mais une fois la nouveauté passée, peut-on prouver que la motivation reste la même ? Et que dire de générations suivantes qui, elles, ne sont pas du tout impressionnés par ces "soi-disant" nouvelles techniques d'enseignement ? Autre problème: la définition de la motivation. Comme le souligne M.Viau, dans la plupart de ces recherches, on définit la motivation uniquement par l'intérêt et le plaisir à mener une activité d'apprentissage. Si, bien sûr, ces deux éléments comptent dans la motivation, le chercheur souligne que bien des études contemporaines prouvent qu'il y a des facteurs encore plus importants dans l'apprentissage comme l'engagement cognitif (exemple: explorer entièrement un site Internet, y lire tous les textes au lieu de ne se concentrer que sur les sons et les images) et la persévérance (exemple: le temps passé sur une activité et le nombre de fois auquel l'élève retourne à cette activité). Ces deux éléments sont peu, voire jamais abordés dans les articles de recherche.

Au-delà de l'emballage séduisant...

Cela veut-il dire que l'on doive douter de chaque étude publiée sur le sujet des TICE, ou même se méfier des TICE ? Bien sûr que non. L'auteur rappelle que les recherches utilisent une terminologie acceptable en parlant de "potentiel motivationnel". De plus, il cite les disciplines qui tirent manifestement avantage de l'usage des nouvelles technologies. En fait, le danger, selon Rolland Viau, serait de dire que "point de TICE, point de motivation". En effet, il faut se garder de généraliser : tous les élèves ne sont pas systématiquement motivés par les nouvelles techniques, les nouvelles manières de faire, etc. De plus, il faut savoir à quelle fin nous utilisons les TICE. Selon le chercheur, il serait dangereux de seulement enrober le savoir de jolies fioritures qui peuvent, au contraire, davantage distraire qu'inciter à apprendre. L'important est de créer un outil accessible, flexible devant le type de classe ou d'élèves devant lesquels on se trouve et qui permettent de corriger l'enfant de manière efficace et non punitive. C'est du moins un résumé du rôle que le professeur attribue aux TICE.

A-t-il raison ou non ? Aux lecteurs du document de voir. Néanmoins, l'article de M.Viau se veut empreint d'une certaine objectivité qui est intéressante sur un sujet pour lequel il est facile de s'emballer.


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