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Publié le 24 mars 2003 Mis à jour le 24 mars 2003

- 1 - Déployer avec succès 33 000 ordinateurs portables dans 240 écoles - Stratégie

Lors d’un voyage organisé par les RIMA ( Rencontres internationales du multimédia d’apprentissage) dans l’État du Maine, Thot a pu visiter une des écoles participantes au MLTI (Maine Learning Technology Initiative) et rencontrer à la fois les organisateurs, les acteurs et les étudiants impliqués dans ce projet d’envergure qui a consisté à équiper tous les étudiants de septième et huitième année (début de l’école secondaire) de l’état du Maine avec des ordinateurs portables reliés à un réseau sans fil, et ce, dans toutes les écoles de l’état.

Par sa taille et ses effets ce projet se compare aux politiques d’électrification rurale et au déploiement du téléphone. Nous vous invitons à nous suivre à Waterville et Farmington dans l’état du Maine.

Dans ce premier article nous aborderons le contexte et les stratégies utilisées pour faire accepter ce projet par la population. Dans le second nous présenterons les effets et l’organisation pratique.

Contexte

Le Maine est l’état le plus au Nord-est des États-Unis, au sud du Québec. L’État compte près de 1,3 million de personnes. C’est un état plus rural, moins riche, plus égalitaire (moins de gens sous le seuil de la pauvreté), moins cosmopolite et plus vieillissant que la moyenne américaine.

L’état a élu pendant les huit dernières années un gouverneur indépendant, c’est à dire qui n’était pas lié aux partis démocrate ou républicain, partis qui n’accordent que peu d’attention à ce petit état.

Au moment de lancer le projet, l’état du Maine bénéficiait d’un surplus budgétaire mais la situation de l’état était critique : des usines vieillissantes, une émigration nette des jeunes et peu d’investissements consentis dans les infrastructures. Rien de brillant à l’horizon.

Stratégie

« On va rester pris dans des emplois peu payés si on ne fait pas quelque chose !»

Angus King Gouverneur indépendant du Maine (maintenant remplacé du fait qu’on ne peut briguer trois mandats de suite aux États-Unis).

En février 2000 le gouvernement forme un comité (Task force) de 18 personnes pour analyser une proposition d’informatisation de grande envergure des écoles selon les aspects démographiques, éducatifs, économiques et autres. Trois personnes sur les 18 étaient du monde de l’éducation et 15 n’étaient pas du tout favorables à un tel projet. Un an plus tard les 18 étaient favorables et émettaient une recommandation positive claire pour aller de l’avant.

Attaqué et menacé de toutes parts, le projet a été défendu et maintenu jusqu’au bout, sans changements majeurs ( voir : Governor Angus King talks about Maine’s laptop program ).

La chose a été présentée dans les médias et d’après les sondages réalisés, très peu de gens dans la population étaient contre le projet, seul l’aspect économique était une barrière.

Au printemps 2002, un appel d’offres était lancé; ce dernier ne comportait pas de précisions techniques et ne formulait que des généralités et des fonctionnalités recherchées telles : réseau sans fil, entreposage et sauvegarde de fichiers, logiciels de traitement de texte, support technique, installation, développement professionnel. Sommairement il s’agissait de créer un réseau solide à la grandeur de l’état du Maine. Le contrat fut accordé à la fin du printemps 2002. Le MLTI était né.

Les professeurs

Les professeurs étaient pour le concept, mais avec diverses réticences dont on a tenu compte dans les opérations.

Sur les 33 millions du projet, le plan comportait un million pour le développement professionnel des professeurs au sein du «Teacher Leadership Network», réseau qui, d’après les autorités de ce projet, est «la meilleure chose qu’ils aient fait».

Ce réseau consiste en un directeur d’école, un professeur chargé de projet (leader) et un technicien coordonnateur pour chaque école. Chacun a ses responsabilités au sein du réseau : le directeur, élément clé, planifie le futur de l’école, il voit à l’organisation des opérations; le professeur-leader est responsable du contenu et désigne des «mentors» de contenu dans son école et dans la région autour de son école; le coordonnateur technique devient la référence des opérations techniques.

Toute l’activité tourne autour de la mise en réseau des gens et ce dernier devient opérationnel à partir du moment où l’on obtient les adresses de courriel électronique des gens et que ceux-ci relèvent leurs messages.

Dés que la rétroaction (feedback loop) a été obtenue, le système a pu commencer à s’ajuster et à opérer.

Les syndicats

D’après les autorités du projet, une erreur a été commise avec le syndicat des professeurs : il n’a pas été invité à participer au processus et son attitude a été clairement opposée au projet. Ce n’est que graduellement que les ponts ont pu être jetés au prix d’efforts qui auraient pu être évités par une ouverture initiale.

Le déploiement

Établir des réseaux sans fil dans 240 établissements et déployer 18 000 portables (la première année : 15 000 étudiants, 3 000 professeurs) en trois mois est une prouesse technique qui a été réalisée avec succès en partie grâce à la simplicité de la solution retenue ( i-book d’Apple et réseau AirPort). Les techniciens peu familiers avec cette technologie ont eux-même reconnu sa stabilité et la pertinence de ce choix pour les écoles. L’autre partie du succès est attribuée au réseau humain de collaboration qui a été créé.

Conditions de déploiement

Vous trouverez dans le Manuel du MLTI (format.pdf) les conditions concernant la propriété, les assurances, l’inventaire, l’organisation, l’aménagement, la formation, etc, en fait tout ce qui concerne la mécanique pratique du déploiement des ordinateurs et de leur remise aux étudiants.

Ce qui a été fait a consisté en des séances de formation au printemps et à l’été 2002 pour les professeurs, parallèlement à l’installation des réseaux sans fils et à l’établissement des réseaux de responsables locaux.

Des rencontres de parents ont également été menées avant la remise des équipements aux enfants. Les enfants reçoivent leur appareil tous en même temps dans une école, ils en sont responsables et peuvent le rapporter chez eux. On a constaté une grande attention des enfants envers leur équipement et très peu de bris ou de vols, bien en deçà des appréhensions.

Pour plus d’informations

La suite de cet article : Organisation et résultats


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