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Publié le 17 mai 2010 Mis à jour le 17 mai 2010

Diplôme de compétences en langues, ou la performance en situation

En planeur, lorsque qu'on apprend à voler, il est très important de bien comprendre un certain nombre de variables qui vont jouer dans le phénomène du décollage, de la tenue en l'air et de l'atterrissage, d'où l'intérêt d'acquérir de solides notions de physique, de mécanique des fluides, de météorologie qu'il faudra réactiver le moment venu. 

L'entrainement aux gestes élémentaires de pilotage d'un avion, à la réactivité face au comportement de l'avion, aux routines de sécurité indispensables, constitue le volet pratique de cet apprentissage et il ne viendrait à l'idée de personne de concevoir l'un sans l'autre. 

C'est pourtant ce qui se fait dans l'apprentissage des langues, dans beaucoup de systèmes scolaires : théorie et pratique sont séparés, y compris lors de l'évaluation et c'est à l'apprenant de réassembler les deux volets de ses aprentissages, sans aide, lorsqu'il doit finalement utioiser ses savoirs en situation.

Pour reprendre la métaphore du planeur, le moment du premier vol en solitaire (lorsque le pilote lâche le câble du remorqueur, tout seul avec l'ensemble de ces « savoirs » et de ces « savoir-faire » indissociables ) peut être  vu comme une évaluation sèche de ce qu'il est capable de faire, avec un objectif : prendre les courants ascendants, et à défaut retrouver la piste pour un atterrissage le moins accidenté possible.

Tout ce qui a été appris, mémorisé, intégré patiemment jusque là aboutit à ce moment de vérité.

Diplôme de compétence en langues : orienté vers la réussite

Le Diplôme de compétences en langues, ou DCL c'est un peu ça, en moins impressionnant. On évalue la réussite d'une « mission », mais comme on n'est pas dans la vraie vie, on construit un scénario le plus réaliste possible qui va servir de fil conducteur à un ensemble de tâches orientées vers un objectif directement mesurable.

Ce diplôme de l'Education nationale est issu d'une analyse de besoins en entreprise (une cinquantaine de secteurs professionnels différents) qui a mis en évidence quatre types de besoins : le traitement de l’information, la relation à l’autre, les consignes et les directives, l’argumentation.

Cette analyse de besoins a également fait ressortir ce que le Cadre européen commun de référence avait rappelé à bon nombre de pédagogues : les activités d’interaction et de production orale sont aussi importantes que les activités de compréhension écrite et orale.

Elles ne font pourtant pas souvent l'objet d’une évaluation dans les certifications existantes. 

Avec ce diplôme, la perspective est totalement différente : les activités de compréhension orales et écrites ne sont là que pour nourrir, aider, fournir des repères au candidat qui va accomplir une performance.

Si on le juge au résultat, on n'en pas moins le souci de lui apporter les éléments indispensables à sa mission.

Il suffit de prêter attention à l'organisation d'une épreuve et de constater que tout est fait pour que le candidat ne soit pas surpris :

Une mission donnée dure 3 heures en 5 phases qui permettront au candidat de montrer ses aptitudes dans 5 activités langagières (compréhension écrite et orale, interaction, production écrite et orale).

Dans cet exemple en anglais, il s'agit d'abord de lire des documents, ensuite d'écouter des documents sonores, de téléphoner à un interlocuteur pour obtenir des informations manquantes, puis de faire une présentation orale et enfin une synthèse écrite.

Un scénario unique pour l'évaluation de candidats de différents niveaux

Autres originalités du DCL :

  • Proposé à partir du niveau A2, le DCL offre les mêmes scénarios sans distinction de niveaux : il n'a qu'un seul support pour tous, l'évaluation s'effectuant sur le niveau de maîtrise de la réalisation d’une mission.
  • Les scénarios sont construits sur le même modèle dans toutes les langues (allemand, anglais, espagnol, italien), ce qui rend possible la comparaison de son niveau de langue dans plusieurs langues.
  • L'évaluation n'est plus conçue comme un piège, un interrogatoire où l'examinateur se ferait « censeur » ou « traqueur » de fautes, comme le dit Philippe Delahaye,  dans une présentation du diplôme,Perspective actionnelle et évaluation : le Diplôme de Compétence en Langue mais elle fournit l'occasion au candidat de donner le meilleur de lui-même.

 

Cette grille minimale permet de constater son approche résolument pragmatique :
« Le diplôme de compétence en langue valide un savoir-faire fondé sur un savoir. Il ne se fonde pas sur le décompte de manques dans l'ordre du seul savoir par rapport à une norme linguistique idéale, mais évalue de façon positive la compétence en langue de candidats par référence au degré d'opérationnalité dans l'accomplissement d'une tâche. C'est l'efficacité et la qualité de la performance qui permettent l'attribution de l'un des cinq degrés du diplôme. »

Souhaitons tout le succès qu'il mérite à ce diplôme, et comme l'évaluation détermine inévitablement les modalités et le contenu de l'enseignement, souhaitons également qu'il influe fortement sur la pédagogie des langues, et que son approche fasse des émules au collège et au lycée.


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