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Publié le 17 mai 2010 Mis à jour le 17 mai 2010

Le phénomène Foursquare : mélanger média social, jeu et géolocalisation

Retour sur le phénomène toujours aussi intriguant qu'est Foursquare...

Le Web a subi dans les dernières années plusieurs transformations qui ont bouleversé les habitudes des citoyens que nous sommes. Google a su, n'en déplaise à ses détracteurs, changer la façon de chercher et de surfer sur la Toile en offrant une panoplie de services gratuits ou peu chers, Facebook a permis des retrouvailles, des rencontres et la formation de réseaux, et Twitter est devenu une formidable usine à informations, à transmission de liens, etc.

Mais une autre révolution est en train de modifier Internet. Un outil insoupçonné qui fait de plus en plus d'adeptes... Foursquare.

Un réseau développé comme un... jeu ?

Foursquare n'est plus tout récent dans l'histoire virtuelle. Développé par cinq New-Yorkais (dont le créateur de Dodgeball) en 2009, le principe de Foursquare mélange le média social, la géolocalisation et... le jeu. Oui, il y a un aspect fort ludique à la base de cette initiative.

Foursquare ressemble un peu à Twitter dans sa forme, et les participants utilisent cette technologie mobile (que l'on peut télécharger sur la plupart des téléphones portables) pour informer leur réseau personnel de l'endroit où ils se trouvent. Ainsi, ils "check-in" - indiquent leur présence - dans les restaurants, les stations de métro, les musées, les cafés ou les bars où ils vont et en fonction de leurs activités, ils peuvent gagner des badges et des points.

Par exemple, il y a un badge si vous visitez trois sites de karaoké en un mois, un autre si vous dites être allés à la salle de gym 10 fois dans les 30 derniers jours, etc. Voici d'ailleurs une liste exhaustive de ces autocollants virtuels qu'il est possible d'acquérir. Un autre objectif est de devenir "maire" (mayor en anglais et certains préfèrent en français le terme "représentant") d'un endroit. Rien à voir avec une véritable mairie, le principe est de récompenser ceux qui signalent leur présence le plus souvent à différents endroits. Il est donc possible d'obtenir le titre de "mayor" de votre allée de bowling la plus proche, de votre restaurant préféré, du bistro où vous allez toutes les semaines avec des amis, et même de votre université si vous êtes celui ou celle qui possède le plus "check-in" dans ce lieu. Voilà la raison de ces multiples twitts (les messages de Foursquare pouvant être affichés sur Twitter) assommants et répétitifs : je suis à la boulangerie X... je suis à l'université Y... La belle affaire, surtout lorsqu'on n'est pas soi-même adepte de Foursquare.

Évidemment, comme dans n'importe quel jeu, il y a des tricheurs. Rien n'empêche un utilisateur de prendre son portable et de faire croire qu'il est présentement dans un cinéma ou une brûlerie de café en particulier pour devenir représentant de l'endroit ou obtenir des badges. Cependant, il serait réducteur (et pourtant, nous sommes tentés, croyez-le!) de voir cette nouvelle technologie comme un simple jeu de géolocalisation.

Un guide virtuel et une nouvelle plateforme de choix pour les entreprises

1 million d'utilisateurs, c'est le chiffre qu'a dépasser le réseau dernièrement en 2010 (MAJ derniers chiffres : 20 millions en avril 2012). En 2010, Le géant Internet Yahoo! a affirmé vouloir acquérir le site pour  la somme de 100 millions de dollars US. Plusieurs observateurs, d'ailleurs, souhaitent que les créateurs du réseau résistent à la rapacité de ceux qui voudraient s'approprier leur dernier-né. Plusieurs entreprises comme Apple ou organes de presse comme le New York Time ont construit des liens avec le jeune site. Pourquoi autant d'attrait pour ce qui semble seulement être un jeu de réseau social ?

Une première explication: non seulement, il s'agit d'un intéressant guide virtuel de villes, mais il permet aux citoyens de s'approprier leur cité. En effet, en ayant des badges du style "visitez 50 lieux différents", il oblige les gens à découvrir des bars, des cafés, des musées, des bibliothèques dont ils ignoraient l'existence. Un exemple de ce type d'utilisation: l'History Channel offre sur sa page Foursquare une liste des 100 lieux historiques américains. La National Wildlife Federation prépare un outil sur le même site avec lequel il serait possible d'avoir des informations sur la faune et la flore d'un lieu que visite l'utilisateur.

La deuxième raison serait commerciale: avec un tel outil, les possibilités de fidélisation ou de compréhension de la consommation s'avéreront de précieux atouts pour les commerçants. Il est désormais facile de voir quels sont les endroits ou les types de sorties qui ont la cote grâce à Foursquare. Déjà, selon un de ses créateurs, près de 1500 commerces américains offrent des services de fidélisation pour ses clients adeptes du réseau social (exemple: après 10 "check-in" dans leur établissement, ceux-ci peuvent recevoir une boisson ou une part de pizza gratuite).

C'est également un moyen efficace de faire de la publicité pour son établissement. Par exemple, un restaurateur du Wisconsin a organisé une soirée Foursquare. Il espérait ainsi qu'au moins une cinquantaine d'abonnés du réseau se présentent et fassent donc que le nom et l'adresse de son commerce se propage sur la Toile. Son objectif fut dépassé puisque 150 participants se présentèrent à son restaurant.

Quelques critiques et risques

Cette nouvelle application, malgré le buzz qui l'entoure, ne fait pas l'unanimité. Certains observateurs font remarque qu'en précisant sans arrêt le lieu où l'on est, on court le risque de voir des individus mal intentionnés débarquer véritablement chez soi puisqu'on n'y est pas... C'est du moins l'avertissement des webmestres du site "Please rob me" qui mettent en garde les gens en quête d'ubiquité absolue sur la Toile ("je suis à un endroit physique en même temps que je suis sur Twitter, Foursquare, Google Buzz, Facebook, etc.") car une aussi grande quantité d'informations précises sur ses activités réelles est une manne pour les voleurs en tous genres.

Certaines critiques disent même que les adeptes de Foursquare se lancent dans une stupide entreprise de récupérations de données pour les corporations. Un écrivain français invite même les utilisateurs de l'Hexagone à subvertir le processus en devenant "maire" de lieux imaginaires.

En fait, l'utilisation en France est encore très marginale. Cela peut s'expliquer par le  fait que le site n'est disponible que dans la langue de Shakespeare pour le moment. Un autre problème dénoté par la blogueuse Michelle Blanc : certains lieux sont orthographiés de plusieurs façons, ce qui éparpille les visiteurs et les empêche d'atteindre leurs objectifs. Elle donne l'exemple du café Laïka qu'on peut retrouver sous les appellations Le Laïka, le café Laïka, Laïka, etc.

L'application ne fait peut-être pas l'unanimité, mais elle fait jaser les observateurs de la scène technologique et on ne peut pas ignorer l'influence de Foursquare qui grandira probablement dans les mois à venir. Il faudra donc voir ce qu'en feront ses créateurs et ses utilisateurs et les applications qui pourront en découler en termes de géolocalisation.

Pour en savoir plus, nous vous invitons à lire l'étude de Régis Vansnick sur l'utilisation de Foursquare des Espagnols ou à surfer sur les différents liens que propose le blogue Génération digitale sur le phénomène.

Le site officiel de Foursquare

Photo : schatz, Flickr, licence CC.


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