La France vient d'instituer un "délégué interministériel pour l'éducation numérique en Afrique".
D’après le décret publié le 24 janvier 2010, "le délégué interministériel pour l'éducation numérique en Afrique anime et coordonne les actions mises en œuvre en faveur du développement de l'enseignement numérique et de l'accès aux ressources numériques éducatives dans les pays concernés. Il exerce sa mission de coordination tant au sein des services de l'Etat qu'entre ces services et les autres personnes, publiques ou privées, concourant à ces actions".
On n’a pas affaire à la
première expérience française de ce type. Le Ministère des Affaires Etrangères
avait déjà, il y a deux ans, clôturé le projet Aden-Afrique.
Cette action de la France, écrivait déjà Thot en 2004,
visait la vulgarisation des TIC par le désenclavement numérique. En effet, la
démocratisation de l’accès aux TIC, principalement à Internet, repose sur la
création de 60 centres d’accès public à Internet situés dans des zones
enclavées, souvent rurales ou péri-urbaines, marquées par l’absence de
connectivité ou par une connectivité inadéquate (trop chère, de mauvaise
qualité).
La résurrection de l’éducation numérique résulte-t-elle d’une
évaluation susceptible de relancer,
sous un nouveau visage, l’appropriation des nouvelles technologies utiles dans
tous les secteurs de la vie dans nos pays ? Si l’éducation, l’enseignement et la
santé sont les secteurs où les TIC interviennent le plus, il est des domaines
où elles sont négligées : l’administration, les douanes, la gouvernance, les
collectivités municipales, les bibliothèques villageoises, etc.
La position de chef de file que s'attribue la France par ce décret du 24 janvier 2010 suscite
néanmoins quelques questions. Les comités de pilotage instaurés à l’époque du projet Aden ont-elles
fait leur travail ? Quelles sont les conclusions et les leçons
subséquentes ? Que devient le Népad et ses objectifs ? Que
devient le fonds de solidarité numérique ?
N’y a-t-il pas de coordination entre toutes ces initiatives ? S’agit-il d’une autre expérience au bénéfice
des Africains et sur leur dos ?
Le projet Sankoré, qui a précédé la décision française, s’inscrit dans le cadre du projet Education numérique pour Tous; Il vise à partager la révolution du numérique éducatif eta été conçu sur la base des recommandations de l’université numérique d’été d’Hammamet organisé par un partenariat entre le FSN,déjà évoqué, l’Assocation pour le Developpement de l'Education
en Afrique, ADEA, la BAD, la Caisse des Dépôts,
et l’AFD qui avait réuni 18 délégations
ministérielles de pays francophones du continent africain.
Faute de plus amples informations, il n’est pas possible d’apporter des
réponses précises à ces questions que nous ne pouvons pas nous empêcher de nous
poser. Mais, nous sommes heureux de voir que l’on s’occupe de nous avec autant
générosité et à un si haut degré. L’essentiel est qu’il y ait des résultats
patents, que nous sachions manipuler l’ordinateur,
l’utiliser en classe, faire avancer l’économie. C’est sans doute le vœu de la France
devant notre lenteur à prendre nos propres décisions…