Dans un article précédent, je partageais trois principes clés pour simplifier sa vie : la réflexion, catégorisation et priorisation. Tout comme le minimalisme nous pousse à ne garder que l’essentiel; la simplicité volontaire nous pousse à n’acheter que le nécessaire ! Alors que le premier article présentait les fondations philosophiques de la simplicité volontaire, celui-ci est une suite, pour répondre à une question centrale, posée par les lecteurs du premier article : « Avec des exemples pratiques, à quoi ressemble une vie guidée par l’idéal de sobriété et de simplicité ? »
Les principes et divers exemples ci-dessous, peuvent éclairer davantage et orienter l’adoption d’un mode de vie s’appuyant sur la simplicité volontaire.
- Retourner au naturel, sans moteur.
A quand remonte la dernière fois que vous avez marché volontairement, en évitant les bruits des moteurs ? Quel type de médecine privilégiez-vous lorsque vous êtes malade ? Vous tournez vous vers la médecine pharmaceutique moderne ou celle naturelle avec, par exemple, l’homéopathie, les plantes, les huiles essentielles, les remèdes de grand-mères.
- Réduire son impact écologique
La simplicité volontaire va plus loin que le minimalisme, car elle se reflète par une attitude écologiste :
- En prenant des douches courtes pour économiser l’eau,
- En marchant ou en faisant du vélo au lieu de prendre la voiture (covoiturage ou transport en commun lorsque nécessaire),
- En produisant ses propres aliments en ayant un potager ou une ferme et en conservant les surplus de récolte ;
- En utilisant dans la mesure du possible des objets rechargeables (piles par exemple).
- Simplifier sa vie par le désencombrement ou l’art du tri et partage.
« Est-ce que toutes ces choses que je possède me sont nécessaires ? Combien de temps par semaine, par mois, par année dois-je passer à les ranger, les classer, tout ce temps où je pourrais profiter de la vie ? »
Il est essentiel de se poser cette question avant de se lancer dans la pratique du désencombrement. Quant à moi, il m’arrive d’effectuer régulièrement le tri des vêtements, des objets inutiles, de la vaisselle fêlée, des casseroles cabossées, des souvenirs ringards, etc. Votre armoire est pleine, mais portez-vous réellement tous les vêtements que vous possédez ? Après un tri, vous pourriez vendre ces objets à la brocante du coin ou faire des dons à des associations caritatives. Ainsi, vos objets précieux et utiles seront davantage mis en valeur et les autres vite oubliés. Avec un intérieur désencombré, vous aurez moins de ménage et moins de stress.
D’autres désencombrent régulièrement à des périodes spécifiques de l’année, comme la veille de Noël. C’est le cas par exemple de Béa Johnson et de sa Zero Waste Home : en 4 ans, sa famille a produit l’équivalent d’un bocal en déchets. Ce résultat n’a été obtenu qu’après une simplification radicale de la vie quotidienne de l’ensemble de la famille, avec une réduction drastique du nombre d’objets « inutiles » dans la maison. Quel aspect de votre vie a-t-il également besoin d’être désencombré ? Avez-vous le courage de vous séparer (jeter ou donner) vos choses ?
En nous séparant régulièrement d’objets obsolescents ou plus nécessaires, nous maintenons une éthique de vie simple centrée sur l’essentiel, dénué de superflu[1]. Moins de biens, plus de liens. Partageons, échangeons, privilégions l’entraide, la fraternité et l’amitié car il y a plus de joie et de bonheur à donner qu’à recevoir.
- Maitriser ses pulsions d’achat et résister aux attractions publicitaires
Le lien entre publicité et achat est celui de cause à effet. Pour mieux maitriser ses pulsions d’achat, éviter tout ce qui peut stimuler ces envies. Voici des conseils pratiques qui m’ont aidé :
- Emprunter et recycler au lieu d’acheter. Par exemple, il faut n’avoir ni honte ou être gêné d’emprunter des livres, jeux, DVD etc. à la bibliothèque ou utiliser des services publics ou collectifs. Préférer des sorties à l'extérieur, qui ne coûtent rien : une randonnée plutôt qu'un ciné, une journée à nager à la rivière plutôt qu'au parc aquatique... Les options sont infinies !
- Consommer local (aliments, vêtements, voyages…)
Au Ghana, 80% de ma consommation alimentaire est bio. Lorsque je me rends au marché, je privilégie les produits d’agriculteurs locaux, même si leurs marques sont inconnues et l’emballage peu attrayant. Les aliments bio ou en provenance d’un producteur local sont généralement de meilleure qualité et plus économiques que ceux des supermarchés. Par ailleurs, vous pourriez faire des économies de transport et une alimentation bio prévient des maladies comme le diabète, obésité, hypertension, cancer etc. Or nul n’ignore que prévenir est mieux que guérir.
Allons y doucement!
Après avoir parcouru les exemples présentés sous ces 5 principes, vous devez avoir l’impression qu’il s’agit d’une liste (peut-être longue) de règles laborieuses[1] à respecter chaque jour. Concevoir cela ainsi rendrait la pratique plutôt complexe voire compliquée, ce qui est loin d’un idéal de simplicité. C’est pourquoi je vous invite à y aller progressivement.
Il y a certainement certaines activités minimalistes ou simplistes que vous aviez déjà adopté sans peut-être vous rendre compte que cela était une composante d’une philosophie de vie simpliste. Si vous angoissez juste à l'idée de prendre l'autobus, ne vendez pas encore votre voiture ! Il faut simplement poser des actions concrètes chaque jour, à son rythme, afin de « désengorger » sa vie et nous permettre d'apprécier ce qui nous entoure plutôt que se sentir prisonnier d'un mode de vie qui ne nous convient pas ou plus.
Un coté manuel
La simplicité volontaire est indirectement un appel à vivre davantage sans moteur, « en marchant, en pédalant, en grimpant, en pelletant, avec une brouette, une meule, un outil manuel. Tout ce que l’on peut faire avec notre seule force. Avec un crayon, un pinceau, un ciseau, un marteau. Avec notre seul esprit. Par la parole, par un instrument de musique, sans amplification », pour reprendre les propos de Denys Lamontagne.
Alléger sa vie de tout ce qui l’encombre est une manière de privilégier l’être plutôt que l’avoir[2], et en conséquence de valoriser les relations humaines et la solidarité[3], ce qui permet aussi à la simplicité volontaire de s’adresser non seulement aux addicts de la fièvre acheteuse, mais aussi aux exclus des circuits commerciaux pour insolvabilité[4], et même aux leaders managers qui appliquent certains principes de la simplicité volontaire au travers de la méthode agile.
Cette voie de simplicité volontaire n’est pas un carcan dogmatique : choisir de ne pas suivre la mode ou consommer autrement est un acte lucide, à un moment donné, sur lequel on peut revenir s’il ne convient plus. C’est un chemin où j’encourage chacun à s’engager peu à peu, à son rythme. Au final, c’est un style de vie qui contribue à notre épanouissement personnel et à un développement soutenable[5], nous permettant de tirer le maximum des ressources que nous offrent la terre, la nature et le travail.
Notes et références
[1] Lahille Philippe, « Les 10 conseils pour débuter », consulté le 29 juin 2021, http://simplicite-volontaire.wifeo.com/les-10-conseils-pour-debuter.php.
[2] La simplicité est le contraire de la duplicité, de la complexité, de la prétention. C’est pourquoi elle est si difficile.
[3] Thierry Brugvin, 6 chemins vers une décroissance solidaire, 2018, https://www.socioeco.org/bdf_fiche-publication-1630_fr.html.
[4] Moreschi Cécile, « La simplicité volontaire pour améliorer sa qualité de vie », consulté le 29 juin 2021, https://www.noovomoi.ca/vivre/bien-etre/article.la-simplicite-volontaire-pour-ameliorer-sa-qualite-de-vie.1.1090181.html.
[5] Sur la planète, les pays et les individus les plus favorisés sont aussi les plus responsables du réchauffement climatique et de la fin programmée des ressources non renouvelables, comme les métaux, les énergies ou le pétrole avant la fin du siècle. L’adoption massive de la simplicité volontaire comme style de vie, pourrait drastiquement changer la donne en quelques années puisque cela intègre des considérations pour l’environnement, l’économie, le social et pour soi-même. Penser que la simplicité volontaire est uniquement motivée par des motifs financiers, c’est passer à côté de toute l’essence de ce mouvement, qui est l’une des alternatives – écologie sociale, éco-socialisme etc. – pour réduire le consumérisme fou et destructif en cours.
[1] JOUSSAIN André, « LE PRINCIPE DE SIMPLICITÉ OPPOSÉ AU PRINCIPE D’IDENTITÉ on JSTOR », consulté le 29 juin 2021, https://www.jstor.org/stable/43032056.
En as-tu vraiment besoin ? - Pierre-Yves McSween
https://www.decitre.fr/livres/en-as-tu-vraiment-besoin-9782352047193.html
https://www.leslibraires.ca/livres/en-as-tu-vraiment-besoin-pierre-yves-mcsween-9782897585884.html
Simplicité volontaire, plus que jamais... Serge Mongeau
https://www.decitre.fr/livres/la-simplicite-volontaire-plus-que-jamais-9782921561396.html https://www.leslibraires.ca/livres/simplicite-volontaire-plus-que-jamais-serge-mongeau-9782921561396.html
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