« Oh, prenons le temps qu'il faut
Pour laisser passer les cours d'eau
Jusqu'au dernier bateau
On prendra celui qu'il nous faut
Prenons le temps qu'il faut
Pour laisser passer les cours d'eau
Jusqu'au dernier bateau
On trouvera la vie qu'il nous faut ».
Pomme, Les cours d'eau. Album : Les failles cachées (2020).
Image par jplenio de Pixabay
Tout est question de temps et de persévérance pour
trouver notre voie qui patiente pour nous. À quel moment on
le saura t'on si on y est déjà tout près ? On le saura, car nous
ressentirons que tout coule d'une autre manière comme si c'était
naturel, comme la pluie qui tombe et nous redonne l'occasion d'une
journée plus fraîche ou plus chaleureuse, qui sait jamais ce qu'elle
nous emmène, la pluie comme la vie. On a beau essayer de s'y préparer,
elle nous surprend toujours !
Mais dites est-ce
que l'on sait tout faire d'avance dans tous les domaines et demains qui
vont venir ? Pas vraiment. On apprend petit à petit à
gérer l'intensité de toutes les marées et de de cours d'eau qu'est la vie et de ses apprentissages. Pas la peine de s'impatienter. Tout prendra son dû
temps peu importe notre volonté et envies. Ah la patience mais aussi
notre insistance tenace à ne pas lâcher !
Aller voir
À grands
traits, bien insister sur ces notions de temps et de rythme qui
s'imposeront toujours malgré nous. Il y a vraiment comme un rythme tel
que les vagues de la mer. On a l'impression qu'elles sont les mêmes et
qu'elles ont une certaine intensité qui se répète mais en allant voir, on a de fortes chances de finir pas mal trempés malgré la certitude
que nous avions ressenti de ne pas se mouiller du tout en y allant tout
près.
Nous cherchons tous à notre manière des
réponses sur nos chemins et missions de vie respectifs. On aimerait
tous et toutes posséder des astuces pour y réussir le plus vite
possible. Il diffère pour chacun mais il est bien vrai qu'un
chemin de vie peut en inspirer d'autres. Alors oui, s'il y avait vraiment
un conseil à suivre, ce serait bien celui d'observer avec curiosité,
admiration et gratitude déjà la vie que nous avons, puis, celle des
autres qui nous est partagée et racontée et celle vers laquelle nous
nous sentons appelés par simple envie de connaître d'autres chemins
parcourus ou parce que nous sentons que cette nouvelle conception de vie
nous serait d'autant plus favorable.
Commencer quelque part
Les
grands changements commencent souvent par un tout petit changement.
C'est vraiment un jeu que j'ai toujours aimé faire et qui
est bien conseillé afin de casser les routines journalières, celui de
changer quelque habitude, le chemin pris pour aller quelque
part, que ce soit lors du petit-déjeuner du matin ou bien changer l'activité
sportive, la lecture du jour ou de musique ou tout simplement la tenue
du jour. Je le sens vraiment ainsi c'est à chaque fois que nous
renouvelons le contact avec un tout petit changement que nous nous
donnons le plus de chances que quelque rénovation en nous opère là où
elle est la plus attendue.
C'est comme si l'on
était remplis de poussière et ce petit quelque chose fait déjà un tout
petit changement. Si nous nous intéressons à qu'il se développe plus en
profondeur alors il faudra bien qu'on en fixe une durée suffisante pour que cela travaille encore plus en nous.
J'ai
parlé de faire un petit changement mais des fois c'est aussi un rêve,
une envie que l'on a toujours eu mais vers lequel nous ne nous sommes
jamais vraiment donné l'autorisation de le réaliser. Y penser tout
vaguement ne le rendra pas possible. Si nous voulons entreprendre de
nouvelles aventures comme j'aime bien les appeler, elles ne commenceront
que le jour où nous appellerons l'action, quelque pas qui active le déclenchement qui dépasse la seule pensée.
Il
faudra bien sûr prendre des risques, faire face à quelques écueils
comme ceux d'être pas compris, car altérant d'autres chemins plus
habituels. Toutefois, cela en vaut la peine. L'on se trompe à chaque fois
si les seuls chemins qui nous restent possibles sont ceux qui se
montrent en premier, il peut y en avoir
toujours de nouveaux qui s'adaptent plus à nous à ce que nous ressentons
et à nos valeurs.
Mon admiration va vers ceux qui
proposent déjà de nouveaux chemins parce qu'ils vont nous inspirer vers
ce que c'est la vie, un mouvement constant qui souhaite de nous aussi
que nous bougions pour de nouveaux avenirs.
Des projets et lectures inspirantes
- Vous partager donc la
fascination ressentie par le projet de la Fondation Sulubaaï qui a comme
projet éthique et éco-responsable de restaurer la faune et la flore de
la réserve de biosphère de l'île de Pangatalan aux Philippines. Cette
île est désormais une plateforme de recherche toute l'année dans le but
qu'elle devienne d'ici à moins de dix ans la première baie expérimentale
au monde dans la protection, avec de petites surfaces gérées par des
populations locales.
Souvent, tout changement
devient une voie possible lorsque nous nous perdons volontiers ou bien
douloureusement dans ce qui est établi. Parfois, cela forme partie des
étapes à franchir, du chaos ou de la maladie à la transformation vers la
nouvelle vie plus paisible et plus en accord.
- Anne-Estelle
Dal Pont a su trouver sa vocation d'écriture au moment le plus
inattendu lorsqu'elle s'est retrouvée avec les genoux bloqués de
douleur. Du conseil suggéré par l'ostéopathe de s'investir dans le
présent, de répondre à une envie et une raison de se lever le matin à
l'idée et la conception d'un roman au titre Les déboussolés anonymes.
Le
lieu et comment nous habitons est de grande importance. Anne-Estelle
Dal Pont l'a aussi compris, étant née en Afrique et en y ayant vécu
jusqu'à ses 16 ans, arriver en France et vivre dans un appartement; chacun chez soi ne la comblait pas et avec son mari et sa fille ont
choisi une vie itinérante et l'école à la maison.
- Maeva Mansard parle à son tour d'une Aurélie adepte de l’éco-lieu. Le système repose sur un mode de vie alternatif alliant écologie et vie en communauté. Toilettes sèches, récupération d’eau de pluie et projets agricoles sont au centre du terrain qu’occupe la jeune femme. La vie en communauté, Aurélie veut l’étendre à qui le souhaite.
" L’idée de base de l’éco-lieu c’est de ne pas garder les choses pour nous. Si quelqu’un veut faire du yoga, il peut louer l’espace pour une journée. Si un autre aime les retraites spirituelles, il peut très bien venir se recueillir ici. Contre du troc ou une petite monnaie, on partage notre terrain avec plaisir, toujours dans le respect de l’environnement". Pour les amateurs de farniente, carry au feu de bois, vue plongeante sur les bas de Saint-Paul et fond de musique sont au programme. Aurélie n’est pas la seule à être dans cet état d’esprit. »
- Le
tout dans la vie en société est d'en parler et de prendre de nouveaux accords pour mieux avancer ensemble. L'espace ouvert à la parole et aux partages offert par
le centre AVEC une association d’analyse sociale située à Bruxelles, en Belgique, me semble un modèle très réussi et complet
pour les voies alternatives. Comme dit sur son site web :
« Sa mission est de promouvoir la recherche du bien commun et l’engagement
citoyen. Il veut contribuer aux débats de société dans les domaines de
l’écologie, de la démocratie et de l’interculturalité : il faut oser dépasser les frontières et les barrières qui nous entourent – et nous habitent – afin de vivre dans une société fière de ses différences. »
Les propos de Claire Wiliquet résonnent si remplis de sens :
« De plus en plus de voix s’élèvent aujourd’hui pour dénoncer le fait que le fonctionnement de notre société actuelle nous conduit tout droit à la catastrophe écologique et que, loin de nous mener à une justice sociale, il aggrave les inégalités. La croyance en les vertus d’une société productiviste, fondée sur la croissance, se fissure et de plus en plus d’acteurs sociaux la remettent en question. Petit à petit, on voit alors émerger des initiatives sociales, théoriques et pratiques, alternatives qui tentent de penser et de mettre en place un fonctionnement social plus juste et plus écologique.
Si l’on regarde aujourd’hui l’ampleur des transformations nécessaires pour arriver à une société plus respectueuse des hommes et de l’environnement, le fossé semble immense, et chaque initiative, prise séparément, semble dérisoire. Par contre si ces initiatives sont multiples et éparses, elles s’inscrivent dans un récit commun d’une société plus juste.
Aucune organisation ne parviendra à elle seule à amener un changement du système social, mais si on les considère dans leur complémentarité, œuvrant chacune à des niveaux différents, sur des terrains différents, mais cependant dans la même direction, alors l’espoir est de nouveau permis. Nous sommes au temps de l’heuristique : de nouvelles façons de vivre et de penser la société apparaissent et s’inscrivent lentement mais sûrement dans la conscience collective, alors que l’organisation dominante est peu à peu délégitimée. Le changement se fait pas à pas, il faut pouvoir le déceler dans le foisonnement des innovations et des formes d’engagements actuels. »
Cela fait en effet réfléchir le dernier livre de Muriel Pénicaud, ancienne ministre du Travail au début du quinquennat d'Emmanuel Macron, il s'intitule bien Pousser les murs et interviewée sur le journal Les Echos elle dit ce que beaucoup constatent déjà :
« Une société qui reproduit massivement les destins sociaux de génération en génération peut sembler démocratique en droit, mais elle n'est pas perçue comme telle. Quand l'écart entre la promesse d'égalité des chances et la réalité devient trop grand, les peuples se détournent des valeurs démocratiques, ne voyant en elles au mieux que des incantations sans effet, au pire un discours permettant de masquer et de perpétuer des injustices. »
Image par Larisa Koshkina de Pixabay
Références
CHAMBON, C. « La nature a Juste besoin d’espace » (Frédéric Tardieu, Sulubaaï). Lepetitjournal.com. URL : https://lepetitjournal.com/manille/communaute/frederic-tardieu-sulubaai-nature-306385
GIRARDOT, S. La vie alternative - et toutes ses alternatives. Ma Vie Magique. URL: https://www.maviemagique.com/2016/08/04/vie-alternative-la-vie-et-toutes-ses-alternatives/
GOULLIOUD, C. « Me mettre a écrire a donne tout son sens a ma vie » (Anne-Estelle Dal Pont). Femme Actuelle. URL : https://www.femmeactuelle.fr/sante/psycho/me-mettre-a-ecrire-a-donne-tout-son-sens-a-ma-vie-2111161
MANSARD, M. L’éco-Lieu : La voie alternative pour un retour aux sources. . Clicanoo.re. https://www.clicanoo.re/Societe/Article/2021/01/13/Leco-lieu-la-voie-alternative-pour-un-retour-aux-sources_619378
PENICAUD, M. (2021). Pousser les murs. Éditions de l'Observatoire.
https://www.decitre.fr/livres/pousser-les-murs-9791032908914.html#ae85
https://www.leslibraires.ca/livres/pousser-les-murs-muriel-penicaud-9791032908914.html?u=429086
POMME. Les cours d'eau. Paroliers : Albin De La Simone / Claire Pommet. URL : https://www.youtube.com/watch?v=zH75VxVCOW8
WILIQUET, C. Les voies des alternatives. Centre Avec en Belgique. URL : https://www.centreavec.be/publication/les-voies-des-alternatives/
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