Fatma Mint Elkory, la "Madame Internet" de son pays, la Mauritanie, est la toute première femme à s’être servie de l’informatique dans son travail, notamment l’informatique bibliographique. Elle a attrapé le virus de l’Internet dans le cadre de la formation continue grâce à laquelle elle s’est initiée aux Ntic. Depuis, elle est devenue une figure incontournable de l’Internet mauritanien. Dans son pays, cette documentaliste se retrouve présidente de l’association
NTIC et citoyenneté
et secrétaire générale adjointe du réseau mauritanien "Femmes, Solidarité et Développement". Coordinatrice de la branche "Femmes" dans Cyberforum de la société civile, Fatma a créé, pour informer le reste du monde sur la femme mauritanienne, son site Internet
Mauri Femme.
La mission spécifiquement dévolue à Fatma est la formation à distance par l’auto-apprentissage. Pour Fatma, qui se confie à Afrik.com, apporter l’Internet dans les régions les plus reculées de Mauritanie n’est pas utopie. Car, pour les coopératives féminines, "les femmes peuvent se former tout en restant chez elles. On peut initier des jeunes filles à un métier dont les gens auront besoin sur place, sans pour autant quitter leur village. Comme dans la plupart des pays d’Afrique, la sédentarisation de la femme est essentielle. Souvent, en effet, les familles refusent que les femmes fassent des études si elles doivent quitter la famille.
Internet et la formation à distance constituent donc aux yeux de Fatma le plus court chemin pour la lutte contre la pauvreté. C’est pourquoi, insiste-t-elle, il faut sensibiliser les petites filles à l’utilisation du Net, leur montrer des femmes qui ont réussi, leur apprendre à se servir des sites pédagogiques. La formation à distance de Fatma n’est pas institutionnalisée. Elle est simple et fonctionnelle. Pratique et opératoire. Elle est empirique et efficace. Après tout, c’est l’objet de toute formation. L’organisation suit, les résultats aussi. Les résultats surtout.
Cependant en Mauritanie, comme partout en Afrique Noire, on manque de contenu pédagogique, notamment au niveau du secondaire et du bac. Il faut les rechercher, à défaut de les créer déjà soi-même. Aussi les filles téléchargent-elles les ouvrages et les programmes rencontrés sur la toile. "Le succès que remporte aujourd’hui l’Internet en Mauritanie lui donne raison." Internet a été rapidement adopté par les Mauritaniens.
De fait, révèle Olivia Marsaud, les bibliothèques traditionnelles de manuscrits veulent toutes avoir leur service informatique afin de constituer des bases de données et mettre celles-ci à disposition du monde entier par le biais d’Internet.
On est loin, en Mauritanie, d’avoir l’Internet dans chaque classe ou dans chaque lycée. Mais l’objectif de Fatma est de former le plus grand nombre de filles par la formation à distance grâce à l’outil Internet qui est maintenant vulgarisée dans ce pays arabe de l’Afrique. Le télé-enseignement, que cherche à instaurer et à généraliser cette pionnière à travers Internet par Mauri Femme est vraiment d’un type particulier, puisqu’il ne repose que sur le sentiment et la volonté de moderniser la femme, de l’éduquer et de la sortir du sous-développement sans faire d’elle une déracinée. On comprend dès lors le soutien que lui accorde, à Nouakchott, le Programme des Nations Unies pour le Développement (Pnud).
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