Le concept de la seconde moitié du 20ème siècle, faires de belles études pour avoir un bon diplôme et un bon travail, a-t-il vécu ? Le diplôme donne-t-il toujours un accès privilégié au marché du travail ?
L'évolution du taux de chômage
Ce concept s'est développé pendant une période faste de croissance
économique puisqu'il s'agit des 30 glorieuses. La forte croissance
économique est à l'origine des créations d'emploi.
La situation était aussi particulière car de nombreuses personnes de la génération précédente sont décédées lors de WWII. Cela a aussi rendu mécaniquement plus facile l'accès à des postes à responsabilité. Donc il y avait plus d'emploi et ces emplois étaient plus qualifiés !
C'est à partir du choc pétrolier du début des années 70 que la situation a basculé. En France, entre 1975 et l'époque actuelle, le taux de chômage a considérablement augmenté. Il est passé d'à peine plus de 3% à un pallier compris entre 8 et 10%.
Source : http://ses.ens-lyon.fr/articles/donnees-taux-de-chomage
Le taux de chômage des jeunes
Selon l'OCDE, "
le taux de chômage des jeunes correspond au nombre de chômeurs parmi les
15-24 ans rapporté à l’ensemble de cette tranche d’âge. Un chômeur est
une personne qui déclare ne pas occuper d’emploi, être disponible pour
travailler et avoir recherché activement un emploi au cours des quatre
dernières semaines."
Source
Le taux de chômage des jeunes qui était à des niveaux déjà hauts avant la crise sanitaire s'est aggravé pour apparaître à des pourcentages très élevés en décembre 2020 :
Selon les pays, le taux de chômage des jeunes est le double voire le triple du reste de la population.
Diplôme et chômage
Le constat semble sans appel, le diplôme réduit les risques de chômage. En France, en 2020, près d'un jeune sur deux non diplômé depuis moins de 4 ans après sa formation initiale était au chômage. Les jeunes ayant BAC+2 ou plus sans emploi ne sont qu'à peine plus de 10%.
Source : https://www.insee.fr/fr/statistiques/2429772
On remarque que l'influence du diplôme sur le taux d'emploi décroit avec le temps mais que les différences restent sensibles entre les diplômés et ceux qui sont sortis de l’enseignement sans.
La massification de l'enseignement supérieur
Partant du principe que le diplôme mène à l'emploi, l'UE a défini un objectif en pourcentage de la population devant être titulaire d'un diplôme de l'enseignement supérieur. Ce pourcentage a été fixé à 47%. En Belgique, le seuil a été franchi en 2018 pour la population des 30-34 ans :
Source : https://statbel.fgov.be/fr/themes/emploi-formation/formation-et-enseignement/niveau-dinstruction
Le paradoxe des chiffres
Au regard des différents graphiques, on voit que :
- le nombre de diplômés augmente
- avoir un diplôme réduit les risques de chômage
- que le chômage des jeunes a considérablement augmenté
Tout cela est paradoxal puisque si le diplôme aide à avoir un emploi et qu'il y a de plus en plus de diplômés, il devrait y avoir moins de chômage parmi les jeunes ! Voici quelques pistes d'explication !
Le niveau des diplômes
Nombreux sont ceux qui évoquant la baisse du niveau des enseignements dispensés aux apprenants. Le magazine sciences humaines reprend une étude réalisée par la Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (Depp) et intitulée « Lire, écrire, compter : les performances des élèves de CM2 à vingt ans d’intervalle 1987-2007 » dont voici des conclusions :
Ce travail conclut en effet qu’en lecture « deux fois plus d’élèves (21 %) se trouvent en 2007 au niveau de compétence des 10 % d’élèves les plus faibles de 1987 ».
En orthographe, les 10,7 fautes moyennes de 1987 sont devenues 14,7 en
2007 et les 26 % qui faisaient plus de 15 erreurs il y a vingt ans sont
aujourd’hui 46 %. Les compétences en mathématiques ne rééquilibrent rien
puisqu’entre 1987 et 1997 le score en calcul a connu « une baisse importante » suivie d’un tassement la décennie suivante. Source
Des diplômes "voies sans issue"
Les écoles et université ont fait preuve d'inventivité afin de proposer des parcours de formation délivrant des diplômes divers et variés. Si cela a pu attirer des inscriptions dans certaines filières, l'intérêt pour l’employabilité ne semble pas toujours avoir été pris en compte.
Dans le même ordre d'idée, des diplômes deviennent obsolètes dans le sens où ils préparent à des métiers voués à disparaître.
Il serait intéressant de ne pas considérer la diplomation comme quelque chose d'homogène et de voir quels types d'études permet de réduire le risque de chômage.
Pour éviter de s'engager dans des voies de formation "sans issue", il convient de réfléchir à son futur métier
S'il est important d'entamer des études pour lesquelles on a un attrait, il est aussi important que ces études permettent ensuite de s’épanouir.
Des métiers disparaissent, d'autres se créent et d'autres reviennent au goût du jour, souvent dans l'artisanat. Il est important que les études choisies concordent avec une perspective de métier ou de secteur dans lequel travailler plus tard. Par exemple, Gestionnaire de communauté en ligne (Community Manager) est un métier qui a beaucoup de succès auprès des jeunes actuellement. Des études aussi diverses que le journalisme, la communication ou le marketing peuvent permettre de prétendre à se faire recruter comme l'explique ce site dédié aux métiers.
Choisir la bonne orientation, savoir en changer
Si la diplomation reste souvent une aspiration que tout parent a pour ses enfants, ce n'est apparemment plus une condition suffisante pour s'assurer de ne pas connaître des épisodes de chômage. S'inscrire dans une filière particulière doit être murement réfléchi !
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