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Publié le 04 mai 2021 Mis à jour le 05 mai 2021

Les capacités auditives des plantes

Les capacités auditives des plantes

Dandelion sous la rosée

Des chercheurs démontrent que les plantes disposent de capacités sensorielles. En effet, celles-ci seraient capables, au même titre que n’importe quel être vivant, d’analyser leur environnement et de percevoir les odeurs et les sons.

C’est dans une telle perspective qu’une étude a été réalisée par des chercheurs israéliens de l’Université de Tel Aviv, puis publiée en 2018 dans la revue bioRxiv. Cette étude met en évidence les capacités auditives des plantes en émettant l’hypothèse que ces dernières puissent réagir au bourdonnement des abeilles.

L’ouïe des plantes

Le Desmodium gyrans ou Codariocalyx motorius est une plante tropicale sensitive célèbre sur la toile pour son aptitude à bouger au rythme de la musique. Cela lui a ainsi valu le surnom de « plante sémaphore » ou « plante qui danse ». Bien que ce phénomène ne soit toujours pas expliqué scientifiquement, il semble confirmer la capacité des plantes à capter des sons.

En outre, de récentes études laissent entendre que certaines espèces pourraient être sensibles aux signaux sonores. Une chercheuse de l’Université de Crawley, Monica Gagliano, a ainsi constaté en 2012 que les racines de maïs  se développent davantage autour d’une source sonore d’une fréquence d’environ 200Hz. Une équipe du laboratoire de S. Mancuso a également remarqué que certaines racines de plantes s’orientent en direction de l’eau en fonction du bruit de cette dernière. Néanmoins, l’étude réalisée par le Prof. Lilach Hadany et le Dr. Yuval Sapir de l'Université de Tel Aviv a véritablement confirmé certaines théories sur le sujet.

D’après cette étude, les plantes ont effectivement la capacité d’entendre, ce qui leur donnerait un avantage évolutif. Les chercheurs ont reporté leurs observations sur l’onagre bisannuelle (Oenothera drummondii). Il s’agit d’une plante sauvage qui pousse dans les parcs de Tel Aviv. Ils ont soumis 650 plantes de cette espèce à différents bruits. Cela leur a permis de découvrir qu’elles produisent temporairement un nectar plus sucré afin d’attirer les pollinisateurs.

Sensibles au bourdonnement des abeilles

En 2018, l’étude dirigée par le Prof. Lilach Hadany démontre que l’onagre bisannuelle réagit au bruissement d’ailes des abeilles et des papillons qui récoltent son pollen. En effet, la plante augmente la concentration en sucre du nectar de ses fleurs pendant trois minutes. Cela lui permettrait d’amener l’abeille à rester plus longtemps sur sa fleur, et donc d’accroître ses chances de pollinisation, mais également à attirer davantage d’insectes de la même espèce par la suite. Cependant la réaction de la plante dépend fortement de la fréquence des sons de bourdonnement, ainsi que l’a démontré l’équipe de Lilach Hadany en exposant celle-ci à différents sons. Il s’agit du silence, d’enregistrements d’abeilles mellifères à une distance de 10 cm et de sons générés par ordinateur à basse, moyenne et haute fréquences.

Les résultats ont été significatifs. Les plantes exposées au silence n’ont présenté aucune augmentation de la concentration en sucre de leur nectar. Il en a été de même pour celles exposées aux sons de moyenne (34 à 35 kH) et haute fréquence (158 à 160 kH). Quant à celles soumises aux bourdonnements (0,2 à 0,5 kH) et aux sons basses fréquences (0,05 à 1 kH), elles ont produit un nectar plus sucré. Il semble donc évident que l’onagre bisannuelle possède des capacités auditives.

L’équipe de Lilach Hadany a émis quelques hypothèses quant à cette aptitude des plantes à réagir au bourdonnement des insectes pollinisateurs. D’une part, la production de nectar est exigeante pour les plantes, aussi elles préfèrent concentrer celle-ci durant les périodes de pollinisation afin d’économiser cette énergie. D’autre part, la forme des fleurs n’est pas seulement fonction de son attraction visuelle, mais également de sa capacité à capter et absorber le son.

La fleur, « l’oreille » de la plante

Dans le cadre de leurs expériences sur l’onagre bisannuelle, les chercheurs de l’Université de Tel Aviv ont découvert que les capteurs sensoriels de la plante se trouvaient au niveau de sa fleur. Celle-ci est capable de percevoir les vibrations produites dans l’air par les ailes des insectes pollinisateurs et de réagir à des fréquences spécifiques. 

Les chercheurs de l’Université de Tel Aviv émettent d’ailleurs l’hypothèse que la forme des fleurs soit la conséquence d’une longue évolution pour capter plus aisément les signaux sonores. C’est pourquoi certaines fleurs ont des formes concaves ou des formes de bol, faisant ainsi penser à des antennes paraboliques. Cela leur permettrait notamment de recevoir et d’amplifier les ondes sonores afin de réagir en conséquence.

Afin de prouver leur théorie, les chercheurs de l’Université de Tel Aviv ont effectué les mêmes expériences sur des plantes amputées d’un ou plusieurs pétales. Ils ont ainsi constaté que les fleurs ont été moins réceptives au bourdonnement des abeilles, ce qui signifie que les pétales détectent les ondes sonores. Ils sont en quelque sorte les « oreilles » de la fleur. Cependant, cela n’est peut-être pas applicable à toutes les variétés de plantes puisque cette expérience n’a été testée que chez une seule famille. Ainsi, il faudrait renouveler l’expérience sur d’autres plantes.

D’après un article d’Hugo Struna, journaliste scientifique au sein de Vigie Nature, paru sur France Inter, il semblerait que les plantes disposent d’une multitude de détecteurs de vibration. Ceux-ci seraient répartis dans l’ensemble de leurs cellules. Ainsi, il serait possible pour les plantes de détecter les ondes sonores par le biais de leurs racines, ainsi que l’a laissé entendre l’étude de la chercheuse australienne Monica Gagliano en 2012.

Il est donc évident que les chercheurs doivent encore comprendre le mécanisme auditif des plantes, ainsi que son fonctionnement. C’est pourquoi la discipline de la phyto-acoustique est de plus en plus approchée par les scientifiques. 

Sources :

https://www.ami-universite-telaviv.com/index.php/2013-05-26-08-41-51/recherche/sciences/biologie/972-les-fleurs-peuvent-entendre-les-insectes,-d-apr%C3%A8s-une-%C3%A9tude-de-l-universit%C3%A9-de-tel-aviv

https://fr.wikipedia.org/wiki/Codariocalyx_motorius

https://www.arkopharma.com/fr-FR/la-sensorialite-des-plantes-0

https://www.franceinter.fr/environnement/les-plantes-ont-des-oreilles

https://fr.wikipedia.org/wiki/%C5%92noth%C3%A8re

https://www.nationalgeographic.fr/environnement/les-fleurs-peuvent-entendre-les-abeilles-leur-nectar-nen-est-que-plus-sucre

https://usbeketrica.com/fr/article/plantes-entendre-sans-oreilles-pollinisation-abeilles-climat

https://trustmyscience.com/plantes-audition-entendent-son-et-reagissent-en-consequence/



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