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Publié le 09 mars 2021 Mis à jour le 10 mars 2021

La part sensible du codéveloppement professionnel

L'arbre comme métaphore vivante du co-développement professionnel

Arbre majestueux

Au delà de la métaphore de «l'arbre de la connaissance», la puissante image d'un arbre, son calme et son emprise dans un sol organique plaide pour un sens des groupes de codéveloppement.

Se dépouiller de sa méfiance et s’ouvrir au groupe

« Être dans le vent, c’est une ambition de feuille morte ». Celui qui vient se frotter  au codéveloppement n’y vient pas pour briller de la force de ses conseils, s’il est l’un des participants, ou pour s’apitoyer sur son sort s’il est le client du processus, ni pour être à la mode d’une méthode managériale de plus, mais simplement pour apprendre ensemble avec ses pairs. La posture requise est simplement d’être attentionné, intentionné, et présent à soi et aux autres.

Le champ relationnel dans un groupe de codéveloppement

Les arbres que l’on croit solitaires seuls de leurs univers sont liés de façon invisible par leursracines mais aussi par les champignons et leurs réseaux micellaires qui laissent transiter une variété d'échanges. De la vie du plantule à peine germé jusqu’ à celle du robuste centenaire, l’arbre croit dans un écosystème auquel il contribue. Les liaisons les plus subtiles sont cachées, souterraines, secrètes, mais un flux de sève circule, dans une ensemble, bosquet ou forêt.

Il en est de même des groupes de codéveloppement unis par une architecture relationnelle et des liens invisibles. Une circulation émotionnelle, véritable énergie du codéveloppement passe. Elle est à peine visible dans un sourire, un geste une communication non verbale, mais elle aide celui qui porte une question problème à l’exprimer.

La dimension émotionnelle

Saviez-vous qu’en amplifiant le son de la sève qui circule sous l’écorce d’un arbre, on entendait une musique d’une incroyable beauté. Les plantes vibrent et le chant de leur vibration peut être capté. Voilà ce qu’en dit ce botaniste

"En fait, nous ne faisons qu’utiliser la structure vibratoire de la plante. Comme pour tout organisme vivant, la croissance engendre un courant électrique. Nous captons la différence de potentiel existant entre les racines et les feuilles, une boîte électrique les transforme en sons, ce qui crée une musique que tout le monde peut entendre." - Découvrez la musique des plantes. - Le chant des végétaux.

La facilitation d’un groupe de codéveloppement c’est aussi capter la vibration des émotions humaines qui se partagent. Une part de musique invisible se joue dans la capacité du facilitateur à accompagner la vibration du collectif tendu vers un même objectif, aider l’un des membres à avancer sur ses propres questions.

 Le déplacement des croyances

Quand on est expert de son sujet, il est difficile de se décaler de faire bouger ses propres croyances. Parfois on se prend à croire que l’on est enraciné et que l’on ne peut bouger. Saviez-vous que cet arbre que vous pensez immobile s’est déjà déplacé ? Les arbres se déplacent. Au gré des terrains, ils bougent leurs racines de quelques centimètres par an, ce qui fait des sauts en quelques décennies, d’autres comme les palmiers de la forêt amazonienne d’Équateur, peuvent se déplacer d’une vingtaine de mètres par an. Si le sol s’érode, si le soleil manque, etc., de nouvelles racines poussent du palmier et se fichent dans la terre quelques centimètres à peine plus loin. Le tronc s’incline puis les anciennes racines se relèvent et restent dressées, et hop un pas de fait ! - Les arbres peuvent-ils se déplacer ? -

Le groupe aide à chaque dirigeant à décaler son regard à se disposer autrement à voir d’autres perspectives. Cela se fait parfois lentement, parfois de façon aussi rapide que les palmiers amazoniens.

Les transformations personnelles et organisationnelles

Chacun sait le nombre des années d’existence d’un arbre en comptant les cernes de son tronc coupé. Mais faut-il attendre d’être tronçonné pour savoir ce que nous avons au cœur ? Accéder au cœur de ce qui porte notre expérience passe par un accès à la lumière. Nulle croissance n’est possible pour un arbre sans un minimum de lumière. L’arbre se lance dans sa croissance quand il dispose des nutriments nécessaires, du terreau favorable et surtout de la lumière. - Comment déterminer l'âge d'un arbre -

Pour un groupe qui cherche, la lumière est avant tout faite de questions. Tout le jeu est de passer de questions embarrassantes à des questions puissantes qui viennent toucher au plus profond. Quand ces questions font écho avec ce que nous sommes vraiment, alors ce n’est pas seulement un problème que peut résoudre le codéveloppement professionnel, c’est aussi une opportunité de croissance et de transformation, pour soi et pour son organisation. Tout arbre est limité dans sa croissance en hauteur ou en largueur, il en est de même d’un être humain qui pour évoluer doit se réagencer de l’intérieur.

Le cadre protecteur du groupe

Les participants à un groupe de codéveloppement professionnel peuvent ressentir la force des 3P :

  • la protection,
  • la permission et
  • la puissance.

La protection bienveillante du collectif qui accueille sans juger la question posée et son porteur. La permission qui se dessine progressivement pour s’autoriser à agir différemment avec de nouvelles pistes, de nouveaux repères et enfin la puissance de choisir la direction à prendre librement par soi-même sans la pesanteur d’un jugement ou d’un conseil mal posé.

Entrer dans la puissance d’un groupe évoque cette pratique du « bain de forêt » ou shirin yoku si prisé des japonais pour lutter contre le stress. Le contact d’un corps humain frôlé par une branche, l’intention de vivre une expérience en transforme la qualité et le bénéfice. Entrer dans le groupe avec l’intention sincère d’en tirer un profit produit d’emblée un bien être, celui d’être écouté, caressé par des questions, réceptif aux idées qui naissent et deviennent naturelles comme le vent dans les branches.

La puissance des mots

Les historiens sont capables d’identifier les migrations de populations dans l’Europe médiévale et antique en étudiant les lexiques des peuples migrateurs et en observant l’adoption ou le prêt de mots. Les mots les plus parlant sont ceux qui désignent les arbres et les végétaux présents dans des zones de peuplement d’origine.

Aussi surement que le carbone 14 permet une datation, les changements de lexique montrent comment les idées passent d’un peuple à l’autre. Il en va de même du nom des arbres que  des idées qui glissent dans le groupe de proche en proche. Ce qui est apporté comme une question problématique par le porteur de cas, peut devenir la solution à un problème non exprimé par un autre.

C’est le mécanisme des processus parallèles, en travaillant sur la question d’un autre participant chacun travaille en fait sur une question personnelle, pas forcément de façon consciente. La fin d’un codéveloppement est un partage d’Eureka, et d’apprentissage d’un mot, d’une idée d’une solution qui jaillit comme un oiseau qui fait plus confiance à la force de ses ailes qu’à la robustesse d’une branche. 



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